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Dans le dur

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Gil Roy

Après les « PGE », les « PSE ». L’industrie aéronautique entre dans le dur. Les entreprises françaises se sont jetées sur les Prêts garantis par l’Etat (PGE) pour assurer leur trésorerie à court terme. Le temps de laisser passager l’orage. Dans beaucoup de secteurs, la levée du confinement a donné le coup d’envoi de la reprise. L’effet escompté du PGE semble, en effet, avoir été obtenu. Restera, dans quelques mois, à penser à rembourser. D’ici là, la priorité est de retrouver son souffle.

Dans l’aéronautique, le problème est différent. L’arrêt total du transport aérien et son redémarrage laborieux, ne présagent rien de bon pour l’industrie. Le séjour en réanimation va se prolonger. La crise est devenue systémique. Les PGE qui se chiffrent en milliards d’euros ne vont pas permettre d’éviter l’hécatombe. Le temps des Plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) est venu.

A une semaine d’intervalle, Daher (10.000 salariés) s’est réjoui d’avoir obtenu un PGE de 170 M€ (18 juin 2020) mais a confirmé la suppression de près d’un tiers de ses effectifs (25 juin 2020). Plus tôt dans le mois (11 juin 2020), c’est Derichebourg Aeronautics Services (2.100 salariés), autre sous-traitant d’Airbus, qui est entré dans des négociations serrées avec ses syndicats. A la clé, le sauvetage de 700 emplois.

Les 1.300 entreprises de la filière française de l’aéronautique retiennent leur souffle. Ou ce qu’il en reste… Leur sort est lié à celui des quatre grands donneurs d’ordres qui vont donner la jauge. Au niveau de la supply chain, il n’est plus question de « sauvegarde de l’emploi », mais plus cruellement de licenciements ! Combien ?

Airbus doit annoncer fin juillet l’ampleur de son plan de restructuration ; les grandes lignes pourraient être connues, dès le 30 juin. Le constructeur qui tourne à 40% de ses capacités, envisage encore de réduire ses cadences. Il a commencé à récupérer une partie de la production sous-traitée. Sauve-qui-peut !

Alarmiste, le PDG du constructeur européen a déclaré que la survie de l’entreprise était en jeu. Effet de manche évidemment. Qui peut imaginer qu’Airbus disparaisse du marché ? En revanche, combien de PME à travers la France jouent en ce moment leur survie ? Pour de vrai !

Dans tout juste un an, se tiendra le salon aéronautique du Bourget. La réalité de la catastrophe industrielle s’y exposera alors au grand jour. Dans l’espace qui est leur attribué, les clusters régionaux seront moins pétillants que ces trois dernières éditions. Sur le Hall 4 pèsera le souvenir de toutes les PME qui ne sont plus… Comment pourrait-il en être autrement ?

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Financer de la trésorerie s'apparente (un peu) à financer des besoins en fonds de roulements BFR. Ce financement est rarement apporté par les banques sauf parfois si l'activité de croissance l'entreprise est stabilisée et que le carnet de commandes est plein et que son avenir est radieux. Ce qui ne me semble pas le cas des mois à venir pour beaucoup de domaines d'activités. Comment rattraper la perte de 2 mois et 1/2 de chiffre d'affaire ? En travaillant 35 heures pas semaines, avec les syndicats qui obtiennent une prolongation du chômage partiel jusqu'à fin septembre ??
    J'espère que votre titre "dans le dur" ne se transformera pas en "dans le mur...".
    Bon courage à tous et toutes néanmoins.

  • Faut-il en passer par là pour changer de façon de voir les choses ? Certainement risqué humainement et économiquement, mais peut-être qu'on y sera obligé. En tout cas, ce n'est pas le Corac qui nous apportera la solution. (je ne veux pas parler de la volonté des écologistes de nous faire rouler en char à boeuf et de ramasser notre crotin derrière)

  • Dans le dur....
    Le titre est on ne peut plus adapté.
    Je suis surpris qu’à ce jour aucun des habitués de cette tribune n’ait encore fait de commentaire.
    Peut-être certains ont-ils attendu le résultat des municipales, donnant sans équivoque les listes écologistes grandes gagnantes....
    Je ne peux pas dire que ça me ravisse autant que certains...mais le fait est là.
    Pour les interprétations, chacun ira de son sentiment, pour ma part, et sans minimiser le résultat, encore une fois indiscutable, je pense que le taux d’abstention, le rejet de Macron (encore plus accentué par le succès personnel d’Edouard Philippe....) et la totale mollesse des listes d’opposition (qu’on peut ressentir, même sur ce blog, en comparaison des thèses écolos beaucoup plus âprement et agressivement défendues, et ils ont raison, c’est à leurs adversaires de ne pas s’incliner...) ont grandement contribué à ce succès .
    Un peu comme (et je l’aurais fait) le vote pour Coluche à son époque. (Sauf qu’avec Coluche, au moins, on aurait rigolé, parcequ’avec jadot......enfin..)
    Le résultat pour en revenir au sujet abordé, est que le Covid + toutes les mesures anti-avions qui ne vont pas manquer de bourgeonner après ce basculement politique vont avoir un effet catastrophique pour notre pays.
    Sauf que si l’épidémie,ayant touché le monde entier, ne nous avait pas trop affaibli sur le plan international, la politique suicidaire des extrémistes écolos (j’arrête de dire Kmehr verts, j’ai vu que certains pourraient devenir aussi violents que les originaux....) elle, est bien nationale.
    Devant l’incapacité (ou le manque de courage) d’aller prôner leurs thèses en Chine, en Inde, en Afrique ou même aux USA, nos brillants tireurs de balles dans nos propres orteils auront au moins réussi à faciliter la totale annexion de la France aux pays industriels encore dans la course (sur le plan aéronautique, pour le reste c’est sûrement pareil, mais ce n’est pas l’objet du blog).
    Donc, au Bourget (si le salon n’est pas interdit par le comité central) on ne verra effectivement que des avions, des équipements et des démonstrations étrangères !
    Et comme j’en ai un peu marre, moi aussi, de supporter les pleurnicheries non argumentées de ceux qui se réjouissent de cette situation, j’ajouterai ceci :
    Notre pays, la France, donc, est celui qui, au monde, est le plus en avance sur les recherches en matière de progrès contre la pollution, notamment en aviation, et particulièrement les motoristes.
    C’est aussi celui où les taxes au profit de la recherche dans ce domaine sont déjà les plus élevées du monde (avant la vague verte....) et c’est donc le pays qui avait le plus de chances d’entraîner les autres dans un cercle vertueux où la vie confortable des citoyens ne serait pas systématiquement associée à une catastrophe écologique. Je rappelle aux grincheux que la démographie, chez nous, nous mettait à l’abri de cette issue, du moins avant que certains en profitent pour modifier les moeurs et nous imposent, pour des raisons douteuses, de copier le modèle qui affame leurs propres nations (et là, que ce soit clair, les écolos ne sont pas accusés...)
    Je trouve donc vraiment dommage qu’au lieu de conserver notre rôle de leader là où tout le monde patine à trouver des solutions scientifiques, on en soit réduits, sans pouvoir se défendre, à subir la loi démographique des pays qui, eux, n’ont aucun scrupule à nous écrabouiller industriellement et sans la moindre volonté de modifier leur production pour que son impact écologique soit moindre.
    J’espère que l’état, constatant l’augmentation monstrueuse du nombre de chômeurs issus de l’industrie aéronautique, aura quand-même à cœur de ne pas laisser ces derniers crever de faim, quitte à reporter à plus tard le financement du pourrissement de notre paysage par des éoliennes bruyantes, inesthétiques et au rendement énergétique ridicule....
    Si Bruno Guimbal lit ce post, je serais assez intéressé de savoir son avis sur la question.

    Bonne soirée,
    Jean-Baptiste

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