On n’y croyait plus mais voilà, c’est finalement arrivé ! 79 années après la victoire aérienne obtenue par le sous-lieutenant Henri Suisse à bord de son Spitfire Mk IX, la France a obtenu une nouvelle victoire en combat aérien. Un Mirage 2000-5 a donc abattu un drone lancé contre une frégate de la Marine nationale. Un drone ce n’est pas un vrai avion, les Houthis ce n’est pas une vraie armée et le Yemen sécessionniste, ce n’est pas un vrai pays. Mais on ne va pas chipoter, c’est une vraie victoire aérienne ! Quel bonheur pour la France qui courait après elle depuis bientôt 80 ans, après surtout tant d’occasions manquées… Jugez plutôt :
Le 24 janvier 1991, en pleine guerre du Golfe, deux Mirage 2000C rentrent vers Al Ahsa après avoir escorté un raid de Jaguar. Chaque avion emporte deux canons armés, deux missiles Magic et deux Super 530D et les pilotes chauds bouillants écoutent la fréquence de l’AWACS, au cas où… Et voilà que l’avion radar américain contacte dans leur secteur une patrouille de F-15C saoudiens pour aller intercepter des Irakiens qui se rapprochent. Les Saoudiens sont tenus par la main tout au long de l’interception et le « kill », qui échappe aux Français, est longuement célébré au nom de l’amitié américano-saoudienne.
C’est vraiment trop injuste !
C’est aussi ce que l’on pense à l’Élysée où l’on aimerait bien afficher aussi une victoire aérienne. Le désir du président se transforme en suggestion qui parvient aux pilotes français d’Al Ahsa. Et si vous preniez deux avions, et si vous remplaciez les missiles Super 530 par des bidons de carburant, et si vous partiez vers Bagdad trouver un MiG, avec comme seul armement vos canons et deux Magic ? « Tollé général dans nos rangs contre la mission suicide. Et on n’a plus jamais entendu parler de cette idée… » se souvient un témoin de l’époque.
Deux ans plus tard, nous voilà dans le ciel de l’ex-Yougoslavie. L’OTAN est agacée par l’audace des Serbes qui utilisent leurs hélicoptères de nuit dans les vallées. La chasse aux Mi8 est donc ouverte et les Français veulent bien y participer. Alors on expérimente à l’arrache l’emploi de jumelles de vision nocturne sur les Mirage 2000C. Les performances des JVN ne sont pas extraordinaires, la cabine du Mirage n’est pas compatible avec leur emploi, mais qu’importe, qui ose gagne ! Il faut donc imaginer un Mirage 2000C à 300 noeuds de nuit au-dessus d’une vallée. Le pilote a 30° de vision vers l’avant dans les JVN, il regarde par dessous pour travailler au radar et par-dessus pour lire sa VTH. Étonnamment, l’idée est vite abandonnée et aucun appareil serbe ne sera abattu.
Et voilà enfin l’inoxydable Ramon Josa, ancien présentateur en meeting du Corsair aux couleurs de la Marine. En 1976, le jeune Ramon est aux commandes de son Crusader, au-dessus de la mer Rouge alors que la France protège l’accession à l’indépendance de Djibouti face à des voisins gourmands. Depuis quelques temps les Breguet Atlantic de la marine qui patrouillent dans la zone se font harceler par les MiG yéménites. Déjà eux ! C’est culturel, il y a des pays qui ont du mal avec la notion d’espace aérien international. On vous la fait courte : après un croisement « au casque » et face à des MiG très agressifs, Ramon Josa se retrouve en bonne position de tir sur un MiG21. L’armement est sur ON, l’autodirecteur du Magic 1 couine gaiement dans son casque. Il appelle le porte-avions et demande l’autorisation de tir. C’est niet. On lui demande de faire demi-tour et de rentrer à bord… Caramba, encore raté !
Voilà. 48 ans après Ramon, nous voilà revenus au même endroit, avec les mêmes protagonistes, français et yéménites. Les Crusader de la marine ont été remplacés par des Mirage 2000-5 de l’armée de l’Air et de l’Espace, le Magic 1 poussif a cédé la place au MICA ultra performant et les drones ont succédé aux MiG21. La vengeance est un plat qui se mange froid et dans un contexte interarmées… Et le plus incroyable de l’histoire, c’est que 79 ans après Henri Suisse, c’est encore un pilote du 3/11 Corse qui gagne !
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Bonjour...
Oui je me souviens très bien de cette anecdote, j'étais a bord avec la 17F et Ramon à la Douze ou la Quatorze et accompagné par le Lv Manaud....Je les revois après leur appontage restituer avec force gesticulations larges sourires et une pointe de déception une "aventure" peu banale et inattendue qui aurait pu en faire des "héros".
Cordialement....JLM