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Dépose minute

L’étincelle BIA

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Gil Roy
© Vincent / Aerobuzz.fr

C’était mardi dernier, sur le plateau de JumpSeat. L’équipe d’Aerobuzz.fr accueillait Valentin Chomel, l’un des trois cofondateurs de Beyond Aero. A 26 ans, il est le responsable de la stratégie industrielle de la start up toulousaine.  Beyond Aero vient de faire voler le démonstrateur de son avion hybride électrique-hydrogène. L’événement a eu lieu sur l’aérodrome de Gap-Tallard, fin février. Une série de sauts de puce qui valide trois ans de recherche, de développement et d’essais au sol. Trois ans aussi de négociations impitoyables avec d’hypothétiques investisseurs. Cette émission de mardi dernier a surtout été l’occasion pour les « viewers » de JumpSeat, de visiter l’envers du décor d’une start up… et au passage d’approfondir leur compréhension de la propulsion à hydrogène.

Je ne vais pas vous refaire l’émission. Le replay est à votre disposition. Je veux juste partager une conviction. Celle que nous avons la chance de compter, en France, des talents incroyables. Un atout au moment où il faut inventer l’aviation de demain. Une chance, certes, mais surement pas un hasard.

D’abord parce la France compte de grandes écoles d’ingénieurs et des universités en pleine évolution. Des établissements qui, non seulement forment bien leurs élèves, mais leur donnent aussi le gout d’entreprendre. A la sortie de l’école, ou dans les années qui suivent, ces jeunes ingénieurs et chercheurs sont ainsi armés pour choisir entre une carrière haut de gamme toute tracée dans un grand groupe et la vie aventureuse du créateur d’entreprise.

Ensuite, parce que l’état soutient la filière aéronautique. Et depuis bien avant le providentiel plan France 2030, ce booster de la transition énergétique. Cela n’empêche pas les startuppers de devoir aller chercher ailleurs, et notamment outre-Atlantique des fonds privés. C’est peut-être le point faible. Et c’est ce qui a conduit Beyond Aero, en même temps qu’il faisait décoller son démonstrateur à Gap-Tallard, à ouvrir un bureau à Los Angeles. C’est une autre histoire…

On en arrive au troisième atout qui explique la place qu’occupe la France dans l’aéronautique, au niveau mondial. Troisième atout, mais sans doute le plus déterminant. Deux des trois cofondateurs de Beyond Aero ont choisi SupAero par passion de l’aviation. Une passion que partage la plupart de leurs congénères, à commencer par Jérémy Caussade qui avant de quitter Airbus pour créer Aura Aero, avait lancé Réplicair pour commémorer avec brio le 100ème anniversaire de la première traversée de la Méditerranée par Roland Garros. Ce n’est pas par hasard, ni par opportunisme, mais par filiation, que le démonstrateur de Beyond Aero a été baptisé Blériot. Ils sont jeunes, mais ils savent d’où ils viennent. Ils inscrivent leurs pas dans ceux de leurs ainés. Et cela fait la différence…

Beyond Aero, Aura Aero, Elixir Aircraft, Turbotech, Ascendance Flight Technologies et toutes les autres start up de l’aéronautique et du spatial, sont portées par des garçons et des filles animés d’une détermination à toute épreuve. Il suffit de les écouter parler de l’aventure qu’ils vivent pour savoir qu’il n’a sans doute pas fallu beaucoup les pousser pour qu’ils trouvent leur voie. Pour d’autres c’est peut-être moins évident. Une étincelle peut susciter une vocation ou plus prosaïquement, les amener à s’intéresser à l’aéronautique.

Imaginez un instant, une Eloa Guillotin, un Jérémy Caussade, un Arthur Léopold-Léger, un Damien Fauvet ou en encore un Jean-Christophe Lambert devant une classe de BIA (Brevet d’initiation aéronautique) de n’importe quel collège ou lycée de France… C’est ici que sont potentiellement les futurs ingénieurs, mais aussi les futurs techniciens, les futurs mécaniciens. Garçons et filles. Le BIA est un vivier insoupçonné, un moyen simple et économique pour l’industrie de cultiver ses racines. Du BIA au plateau de JumpSeat, il suffit d’une étincelle. A l’industrie d’allumer le feu !

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Oui, complètement d'accord. L'heure des Jump'seats ne me convient pas et je n'y assiste jamais, je le regrette. J'ai également la crainte de perdre du temps car j'écris, encore et toujours, et il me reste de moins en moins de temps avant la grande faux. Je connais bien Jérémy Caussade qui n'est pas un cossard, mais je voulais parler de Sup'Aéro. J'y avais été invité pour faire une conférence sur Mermoz le 12 février dernier. La raison en était la suivante : les élèves ont un projet de drone à hydrogène baptisé 'Mermoz' parce que l'objectif est de lui faire traverser l'Atlantique Sud. Et ils y croient, c'est formidable ! J'avais vu leurs maquettes et longuement discuté avec eux et leur prof d'aérodynamique, le dynamique Jean-Marc Moschetta. J'ai été séduit par ces jeunes aux têtes bien faites et dont on aimerait que les media nous en parlent plus que des loubards qui pourrissent notre vie en société. Il y avait même des jeunes étrangers élèves de Sup'Aéro : en particulier un Polonais et une Espagnole de Madrid, pas du tout le genre de jeune fille à boutons et lunettes de potache ! Ce fut un moment de partage où nous avions mélangé le français, l'anglais et l'espagnol. Oui des jeunes qui rendent heureux de se dire que tous les autres - hélas, trop nombreux - qui ne respectent pas les anciens dans les espaces publics, qui ne savent pas lire les logos des places réservées dans le métro, ne sont pas représentatifs de notre jeunesse.

    • Il ne faut pas s'attendre à ce que tous les jeunes fassent Supaéro ou des écoles de ce niveau et heureusement car pour mettre en oeuvre les conceptions de ces futures ingénieurs il faudra des "petites mains" très habiles qui apprennent leur art de fabriquer dans d'autres écoles.
      Toujours "la tête et les jambes" la théorie et la pratique
      Il y a très longtemps à une époque où ce sujet faisait débat dans la construction amateur d'avions on discutait à propos de savoir s'il valait mieux être ingénieur ou seulement technicien pour concevoir sur la planche à dessin (c'est une indication sur l’époque en question) SON AVION et ensuite le construire évidemment. Si on ne veut pas concevoir et construire un avion de voltige il est clair que le technicien acquérera le manque de compétence en calcul alors qu'il dominera beaucoup mieux que l'ingénieur la construction
      J'ai travaillé pas mal d'années avec des ingénieurs Polytechniciens

    • Tu peux regarder les émissions en replay sur la chaine Youtube d'Aerobuzz. A toi de choisir ton heure !

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