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Dépose minute

Merci Richard !

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Gil Roy

Les pistes d’envol des grands aéroports fermées pour stocker les avions qui ne volent plus. Des compagnies aériennes qui cherchent leur salut dans la nationalisation. Des élèves pilotes de ligne abandonnés au milieu du gué par dizaines de milliers. Les salons aéronautiques annulés les uns après les autres. Airbus qui pourrait réduire de moitié ses livraisons dans les années à venir. Le nombre de victimes qui augmente. La pénurie de masques. Le confinement. STOP ! C’est le moment de se souvenir du message que Gene Kranz, alors directeur des vols de la NASA, envoya à l’équipage d’Apollo 13 : « Attendez, messieurs, attendez ! Je n’en ai rien à faire de ce qui va de travers. J’ai besoin de savoir ce qui marche encore dans ce vaisseau spatial. »

C’est en inversant de cette manière la logique que Richard de Crespigny ramena au sol son A380 en lambeaux et ses 469 passagers sains et saufs. Souvenez-vous : l’explosion du réacteur Rolls-Royce N°2 avait déchiré l’aile gauche du super jumbo de Qantas, éventrant les réservoirs de carburant, arrachant les circuits hydrauliques et pneumatiques. Sur les quatre moteurs, un seul fonctionnait à peu près normalement et les pompes à carburant étaient en panne. Des 22 systèmes que compte un A380, plus qu’un seul était intact : l’oxygène.

Dans un premier temps, comme il l’avait appris en qualification et comme la procédure l’imposait, l’équipage se soumit à l’ECAM, le système électronique centralisé de bord qui annonce le problème et affiche la check list pour y remédier. Sauf que l’ampleur du problème du vol QF32 défiait la logique de l’ECAM. En une heure, le système avait affiché une centaine de longues checklists toutes plus vitales les unes que les autres, ciblant un problème sans tenir compte des autres. Impossible non plus d’éteindre les alarmes sonores et lumineuses qui avaient transformé le cockpit en enfer. C’est à ce moment-là que le commandant de bord décida de reprendre son destin en main. Ce n’était pas gagné pour autant…

En explosant telle une bombe à fragmentation, le moteur avait sectionné les câbles. Richard de Crespigny avait perdu la moitié de ses spoilers et les becs de bord d’attaque de l’aile gauche. La bonne nouvelle écrit-il, est que « nous volions toujours ». L’équipage s’est alors focalisé sur le carburant qui lui restait et les surfaces de commandes qui étaient encore manœuvrables. Et il a ramené l’avion sur la piste de Changi.

Dans le récit qu’il a fait par la suite de cet événement, il y a cette phrase qui aujourd’hui doit nous inspirer : « Je me fatiguais de plus en plus à réagir à l’ECAM et je voulais me concentrer sur quelque chose de positif ». A notre tour d’éteindre BFM TV et de reprendre notre vie en main.

Gil Roy

 

Le livre de Richard de Crespigny Vol QF32 – A380 en détresse est paru aux éditions JPO.

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Merci Gil pour votre message positif. Merci aussi a celles et ceux qui par leurs experiences vecues , leurs anecdotes, leurs savoirs enrichissent nos connaissances.

  • Merci pour votre article Gil, plein d'humour et de bon sens. Je pense néanmoins qu'une certaine lucidité, tout comme une certaine transparence, ne nuit jamais à l'action et qu'elle permet d'agir en toute connaissance de cause.
    Quel pilote responsable partirait en vol avec un moteur, ou des circuits déffectueux ? Je n'en connais aucun, ou alors il est suicidaire...
    Mais effectivement, maintenant qu'on est en vol, il faut tenir fermement le manche et tenter de garder le cap, pour arriver à destination sans se crasher. Tous ensemble.
    Je vous souhaite à tous un excellente journée confinée. Prenez soin de vous.

  • IL faut continuer à vivre ! Respectons les consignes de confinement. c'est le seul moyen d'arriver entier à bon port dans cette troisième guerre mondiale contre cet ennemi commun invisible mais terriblement efficace sans arme, avions, tank, missile. Le personnel soignant est un peu comme cette poignée de pilote de la RAF qui ont défendu l'Angleterre et dont Winston Churchill a dit : ''Jamais tant de gens n'ont dû autant à si peu''. Il a aussi dit : ''Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté. Le succès n'est pas final l'Échec n'est pas fatal, c'est le courage de continuer qui compte''. Courage, il faut tenir bon dans cette tempête, la piste d'atterrissage sera en vue à condition d'y croire et de se préserver au maximum.

  • Merci Monsieur pour ces rappels ; j adhère totalement .
    Respectons strictement les consignes et faisons confiance a ceux qui pilotent.

    • Bonjour Gil
      Une fois de plus je partage votre analyse. Messieurs les annonceurs coupez les vivres à ces soit disant journaleux de l'information en con...... tInue. Ce ne sont que de minables perroquets. Ils gavent la société des idiots et analphabètes.
      Alors messieurs les industriels et fabricants de produits de consommation acceptez humblement que la planète tournait dans un mauvais sens. Ouf ce virus est un bien qui arrive au bon moment. Tout reste à inventer pour faire table rase du passé. Comme après une guerre.
      Cordialement
      Michel BOUR

  • Bonjour, Je réagis à chaud à cet excellent Article, comme toujours d'ailleurs !!
    Je fais appel à ma mémoire mais sur les Années 70; donc il y aura surement des imprécisions, je n'ai pas révisé !!.
    Je vais m’intéresser à l’aspect plutôt mécanique et balistique de l’incident et vais essayer de faire court !.
    Je suis Spécialiste des Matériaux Composites Aérospatiaux et des Blindages légers.
    Je travaillais à l'Epoque, dans le Service Matériaux d’un Centre de Recherche d’une Société Nationale spécialisée dans la Chimie et en 73, j’ai été dans les premiers à recevoir les premiers Kilos de Kevlar arrivés en France.
    J’ai d’abord eu des Contrats de Recherche, contre les Munitions d’Arme de Poing, puis d’Epaule et la 12,7.
    Ensuite un Contrat, pour participer à la Recherche de Gain de Poids sur Concorde, car on cherchait à ce qu’il puisse faire Francfort – New York et donc entrainer l’Allemagne dans ce combat pour le faire accepter aux USA.
    Une Tonne était affectée au Cas d’Eclatement Réacteur, renfort de la Structure et Blindage Titane entre Moteur et Réservoir de carburant dans les Ailes.
    Les Réacteurs étant simple flux, j’ai donc reçu un éventail d’Aubes représentatives et les Essais ont eu lieu au CEAT avec son Canon à air comprimé. Les Aubes était lancées, soit aubes en avant ou talon en avant.
    Les Aubes en avant, représentent une Energie surfacique considérable et donc le Kevlar qui arrête très bien les « éclats » doit être équipé en l’occurrence d’une surface qui transforme le projectile perforant en « éclats ».
    Nous avons trouvé une solution, mais le Titane ayant une densité de 4 et le Composite Kevlar de l’ordre de 1,35, il n’y avait pas assez de place pour le « Blindage Kevlar » dans l’espace réservé.
    Ensuite, un autre Contrat pour le Falcon 20 G qui se voyait doté là, pour la première fois, d’un réacteur Double Flux et dans le cadre de ce qu’un « Avionneur doit mettre en œuvre, tous les moyens pour contenir un évènement « dramatique » ( le terme utilisé en Aéronautique) » il se devait pour un Moteur tout Nouveau, d’envisager toutes les solutions préventives.
    Et ce qui a été jugé « dramatique » pour la Certification, c’était l’éclatement d’un Disque de Fan. Certainement par ce que , des éléments vitaux se trouvaient dans le Cône d’Eclats !!.
    Là, j’avais de la place dans le Cône de Bord d’Attaque du Moteur, après une Première campagne d’Essais au CEAT, j’ai trouvé une solution validée lors de la deuxième campagne d’Essais. Hélas pour moi et ma Société, mais Bénéfique pour Dassault et Garret, le moteur s’est montré très fiable et le Blindage n’a pas été retenu pour la série.
    Alors s’agissant, si je me souviens bien sur les Moteur Rolls Royce de l’A380 de Quantas, d’une destruction dû à une rupture de canalisation d’huile , il me semble, qu’elle n’avait certainement pas été envisagé par les Organismes de Certification ! Mais l’on voit l’extraordinaire capacité de destruction du départ d’aubes ou de corps de réacteur.
    Rassurez-vous !!!! , Heureusement !! Ouf !!, Il y a eu bien sûr des Applications de ces Recherches, dont une, dont je peux parler, c’est le Blindage de Protection des Pilotes des Gazelles Hot, lors de la Première Guerre du Golf. Et d’autres …………et en ce moment.

  • Merci Mr GIL, il y a 10 ans j'ai perdu mon rotor arriére et suis toujours la, a 82 ans confiant et optimiste dans nos capacités a réagir . merci je vais maintenant perdre BFM TV et quelques autres. Bon vol en confinement. Verticales salutations . JEEP

  • Tant qu'un morceau fonctionne , il peut nous aider a faire redémarrer autre chose et ainsi de suite. Arrêtons de regarder toutes ces informations, l'essentiel a été dit au début de la semaine. Serrons les dents, maintenons nous en forme pour repartir à fond dans les semaines a venir qui vont être de très grandes consommatrice en énergie.

  • Merci Gil de ce massage !
    Tu remets "l'église au milieu du village" et nous allons au fondamental, à l'essentiel.
    Et donc à l'espoir qui a conduit toutes les aventures humaines ....
    Et oui OK pour boycotter tous ces médias qui tournent en boucle et n'ont aucune analyse ni synthèse et qui ne cherchent que audience.
    Cela dit j'ai le sentiment qu'ils sont en train de préciîter eux même leur mort médiatique .... et ce sera sain !

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