Quand l’aéro se rebiffe

L’industrie aéronautique a décidé de rendre les coups. Pour preuve, l’audition du DG de Safran devant une commission d’enquête de l’Assemblée Nationale. Peut-être parce qu’il avait juré de « dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité », peut-être aussi parce qu’il a senti que le vent est en train de tourner, Olivier Andriés s’est lâché. Plus que sa métaphore sur les jets de tomates, c’est sa communication paraverbale qui ne laisse aucun doute sur son état d’esprit. « Les écolos » : ça ne trompe pas !

Jamais par le passé un grand patron de l’aéronautique se serait autorisé un tel écart de langage. Comme ses homologues, il nous avait habitués à le voir encaisser les coups sans broncher. Encore moins, à les rendre. Y compris les coups sous la ceinture. Le mot d’ordre était profil bas en attendant que l’orage passe.

Quand, au début de cette année, le patron d’Airbus a fait fuiter que les objectifs de décarbonation ne pourraient pas être atteints dans les temps et, quelques jours plus tard, devant la presse il en appelait à la patience, il n’y a pas eu de montée au créneau des défenseurs de l’environnement. Il est apparu que le ciel de l’aéro s’éclaircissait. L’industrie entrait dans une nouvelle dialectique.

Les détracteurs du transport aérien sont devenus moins audibles. Les médias n’y trouvent plus leur compte. En d’autres temps, ils auraient mis en scène le duel à distance entre le DG de Safran et Sandrine Roussot. Ceux qui s’y ont essayé ont constaté que la polémique ne prenait pas. Le public a d’autres préoccupations et l’industrie l’a compris.

Le balancier repart dans l’autre sens, à la recherche d’un équilibre. Il ne le trouve jamais du premier coup. Question d’énergie cinétique. Ce n’est pas le moment, pour autant, de jouer les revanchards. Ce serait dommage de tout gâcher en basculant du greenwashing dans le greenhushing. Surtout au moment où le salon du Bourget offre l’opportunité de mettre en lumière les progrès accomplis et les projets en cours. Regardons devant et savourons le moment présent.