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Air France recrutera 700 pilotes pros et cadets sur deux ans

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Fabrice Morlon

Alors qu’Air France a ouvert la troisième session de sélection de cadets, les recrutements de professionnels avec expérience se poursuivent également au sein de la compagnie. Clarisse Menuey, chef pilote en charge de la sélection et du recrutement des pilotes chez Air France, dresse ici le bilan des recrutements depuis 2018 et livre quelques précieux conseils à ceux qui souhaiteraient postuler.

Le métier de pilote fait encore rêver. Surtout lorsqu’on imagine piloter les avions d’Air France ou de Transavia. Pas moins de 3.850 candidats ont espéré rejoindre la compagnie aérienne en 2018, lorsqu’ils ont postulé à la première session des cadets.

Après une mise en sommeil de dix années, la filière des cadets a connu un véritable raz de marrée de candidatures dès sa réouverture : des chirurgiens, des vétérinaires, des avocats… ont tenté leur chance. Certains d’entre eux dépassaient les 45 ans, la limite d’âge ayant cessé d’être une contrainte dans le recrutement des cadets, à l’instar du recrutement des pilotes professionnels.

Les cadets peuvent être aussi affectés chez Air France que Transavia. © Transavia

Sur les 3.850 candidatures toutefois, seulement 145 ont été sélectionnés au final, dont 10 à 13 % de femmes : même si les critères ont été largement assouplis depuis les derniers recrutements de 2008, la sélection des cadets n’en reste pas moins drastique et exigeante.

Clarisse Menuey, commandant de bord A320 et chef pilote responsable des sélections et des recrutements chez Air France, dresse le bilan des candidatures : « Le portrait robot type du candidat sélectionné pour rejoindre les cadets est un ingénieur en fin de cursus. Il a environ 25 ans. Mais les profils des postulants sont très divers : certains sortent de maths spé, et d’autres (seulement deux d’entre eux) ont été pris ayant un bac seul assorti d’un ATPL théorique. »

Une sélection exigeante

La sélection se déroule en trois phases.

  • Le « psy 0 » qui est une présélection par le biais d’exercices effectués à distance sur une application web dédiée
  • le « psy 1 » qui se déroule à l’ENAC, composé de 11 tests psychotechniques et psychomoteurs : il est d’un niveau ingénieur avec de fortes notes exigées (la seule note faible acceptée est celle du test « verbal ») et plus exigeant que le test « psy 1 » passé par les pilotes professionnels.
  • Le « psy 2 » se déroule chez Air France à Villepinte, qui se compose d’entretiens et d’épreuves en groupe et en individuel.

Parmi les tout premiers cadets sélectionnés en 2018, certains détenaient déjà un CPL (Commercial Pilot Licence, licence de pilote commercial) : leur formation s’est poursuivie à l’EPAG Ng, à Merville, pour l’obtention des qualifications IR (Instrument Rating, vol aux instruments) et ME (Multi-engine, opération d’avions multi-moteurs). Ayant terminé leur formation « généraliste » à l’EPAG Ng, ils sont entrés en formation chez Air France fin novembre 2019 : ils vont désormais passer leur qualification de type sur l’avion qui leur aura été attribué par Air France en fonction des besoins de la compagnie.

En 2019, ce sont 85 cadets qui ont été sélectionnés par Clarisse Menuey et son équipe. En 2020, 70 devraient être sélectionnés à nouveau, puis 70 en 2021. « Le dimensionnement des besoins d’Air France et de Transavia sont plutôt tardifs : le besoin en pilote est exprimé tous les six mois, à nous de sélectionner les profils les plus adaptés à nos objectifs. Sauf événement majeur et défavorable, le rythme des recrutements devraient durer encore quelques années. »

Recrutement sur dossier

En plus des cadets, et en complément des recrutements de professionnels avec de l’expérience, Air France met au point un nouveau système de veille, déjà en vigueur chez dans d’autres compagnie comme British Airways par exemple, de manière à développer encore ses filières de recrutement : le « whitetail ». « Nous mettons actuellement en place un système de veille dans des écoles partenaires, dont la formation est en adéquation avec les besoins d’Air France, et qui offrent une formation en intégré (formation ab initio, du PPL jusqu’au CPL IR ME : L3, qui forme déjà une partie des cadets, mais aussi d’autres écoles qui seront bientôt concernées » explique Clarisse Menuey.

L’objectif de cette filière est de suivre de près les élèves qui auront atteint un minimum de 85% de réussite à leurs 14 certificats composant l’ATPL théorique (la barrière pour l’obtention des certificats est de 75% de bonnes réponses), qui auront satisfait aux examens « psy 1 ». Environ 30 élèves par an seront ainsi sélectionnés pour rejoindre Air France.

Il est toutefois regrettable que les élèves en cursus de formation « modulaire » (qui ont passé progressivement leur PPL puis leur ATPL et leur CPL) ne soient pas concernés par cette filière de recrutement, du moins pour l’instant.

Même si l’A350, dernier arrivé dans la flotte d’Air France, fait rêver, la grande majorité des recrutements sont dirigés vers l’A320 d’Air France et le B737 de Transavia. © Airbus

Recrutement de professionnels

En 2019, Clarisse Menuey et ses équipes de PNT ont rencontré 1.155 personnes en vue des sélections, dont 268 pour les cadets et 887 pilotes professionnels déjà en poste en interne (Air France, anciennement HOP! et Transavia), en activité dans d’autres compagnies, ou encore des militaires.

Que ce soit pour Air France ou pour Transavia, les recruteurs cherchent des pilotes détenant une qualification de type qui les intéresse et qui ont accumulé des heures sur le type. « En 2020, 280 pilotes professionnels seront recrutés (dont 10% de femmes environ) : entre 70 et 80 ont une expérience sur Boeing 737 (ils iront chez Transavia) et environ 130 sur A320 » précise Clarisse Menuey. Toutefois les exigences d’expérience ne sont pas les mêmes entre Transavia et Air France.

Air France, Transavia : exigences différentes

Transavia demande des pilotes déjà qualifiés sur B737 avec 500 heures minimum et affectés sur ce type d’avion lors de leur candidature : ces exigences permettent de réduire de manière importante le temps de formation et de rendre les pilotes rapidement opérationnels. La compagnie low-cost recrute ainsi chez ASL, Norwegian et même Ryanair.

De son côté, Air France est moins exigeante au niveau des critères de qualification avion : pour les 130 pilotes recrutés sur A320 : la compagnie embauchera 50 débutants sans expérience sur le type. Pour l’A320, sur les 130 personnes recrutées, entre 40 et 50 viennent d’easyJet, qui exploite le même type d’avions et sélectionne ses pilotes d’une manière assez similaire à celle de la compagnie française.

Conseils du recruteur

De manière générale, les pilotes professionnels qui sortent d’école sans expérience sont moins appelés en sélection pour le moment mais ils ont autant de chances que les autres une fois présélectionnés. « Les profils intéressants pour nous sont ceux qui viennent d’autres compagnies, qui ont de l’expérience sur CS25 (avion de plus de 5.670 kg), et même en aviation d’affaires, ou qui sont instructeurs. Le profil idéal est un candidat avec moins de 1.500 heures et une expérience sur CS25. En revanche, pour le candidat qui sort de MCC (Multi Crew Coordination Licence, licence de travail en équipage) sans avoir accumulé un peu d’expérience, son appel en sélection sera peut-être un peu plus tardif mais le profil nous intéresse également. » explique Clarisse Menuey qui complète : « de manière générale, et pas que chez Air France, il va devenir intéressant de détenir une qualification A220… mais je n’encourage pas les candidats à payer eux-mêmes leur qualification de type, même si c’est mieux qu’aucune qualification. »

Clarisse Menuey termine par avertir les candidats quant aux préparations aux sélections proposées par des organismes tiers : « c’est à double tranchant : d’un côté le candidat est plus décontracté lors de la sélection car il sait plus ou moins à quoi s’attendre. Mais le côté négatif est que le jury en face de lui voit d’emblée que l’argumentaire que le candidat expose parfois, sur sa motivation, sur ses ambitions, a été construit de toutes pièces par quelqu’un d’autre et là c’est rédhibitoire ! Il faut préparer son argumentaire longtemps à l’avance, bien se préparer et surtout ne pas bachoter, ne pas vous inventer une histoire : pourquoi voulez-vous devenir pilote, pourquoi voulez-vous faire votre carrière chez Air France ou Transavia… il faut que vous soyez en accord avec vous-même : ça fait partie du savoir-être que l’on recherche désormais de plus en plus dans l’aviation, au-delà des compétences techniques. »

Fabrice Morlon

  • La troisième session de recrutement de la filière cadets est ouverte jusqu’au 15 décembre 2019 : postulez!
  • Pour les pros, ça se passe ici.
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Fabrice Morlon

Pilote professionnel, Fabrice Morlon a rejoint la rédaction d’Aerobuzz, début 2013. Passionné d'aviation sous toutes ses formes, il a collaboré à plusieurs médias aéronautiques et publié une dizaine d'ouvrages, notamment sur l'aviation militaire.

View Comments

  • Bonjour
    Je lis avec interet votre article, merci. Est-il confirme qu'Air France va prolonger son recrutement cadet en 2021? (savez-vous si les conditions seront similaires)
    Merci !

    • Bonjour Nicolas,
      En effet, Air France poursuivra ses recrutements de cadets en 2021, et sans doutes au-delà sauf événement majeur, dans les conditions et avec les prérequis actuels.

  • Au delà de l'intérêt de diversifier les sources de recrutement ( même si on constate, une fois de plus, le peu de femmes appelées), je me demande pourquoi Air France a soudain autant de besoins?
    Est-ce que les pilotes d'Air France et de ses filiales volent autant que ceux du groupe LH ou d'IAG?
    Depuis des lustres, on recrute à tout va. Puis on ferme tous les robinets .
    C'est totalement contre productif !

  • Je ne comprends pas la non gratuité de cet article rapportant des propos certainement très intéressant pour tous nos jeunes (et moins jeunes) souhaitant embrasser cette carrière . Je pense qu’ils payent tous déjà assez...

    • Je suis d’accord avec ce commentaire. La rédaction fait tous les jours le choix de rendre gratuit ou non un article, les articles gratuits ayant aussi une valeur. Les publicités nombreuses sont une source de revenus, peut-être insuffisante, mais il y a bien un choix de la rédaction qui peut être interprété par les lecteurs.
      Pour le coup, ce choix ci me met mal à l’aise.

      • Messieurs "qui êtes près de vos sous". Etes-vous surs de ne pas gaspiller 6 euros chaque mois par des fadaises achetées ?
        "On dit que c'est gratuit quand on ne sait pas qui paye" !

    • Pour quelle raison cet article devrait-il être gratuit ? Qui va prendre en charge les frais de déplacement du journaliste, son temps passé à recueillir les infos les compléter par une interview téléphonique, le temps consacré à la rédaction ? C'est un minimum de deux jours de travail. Et effectivement, ce long article contient des informations utiles et pratiques qui ont une valeur.

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