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Lettre ouverte au jury du Brevet d’Initiation Aéronautique (BIA)

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J.Guyot, N.Pinton, N.Vincent, E.Weber

En 2018, les résultats à l’examen du BIA, sont en baisse d’environ 15 à 20% suivant les académies. Quatre professionnels de l’aéronautique, impliqués bénévolement dans la formation, Jacques Guyot, Norbert Pinton, Noélie Vincent et Eric Weber, dénoncent des anomalies dans l’élaboration de l’examen. Depuis deux ans maintenant que l’Education nationale le gère, le BIA est dévoyé selon eux. Les signataires de cette lettre ouverte craignent que ces dysfonctionnements et cette évolution découragent des candidats « motivés et volontaires ».

Nous sommes des professionnels de l’aéronautique, qui avons participé bénévolement depuis deux ans à la formation d’élèves du BIA et de professeurs du CAEA. Nous totalisons tous, entre 30 et 40 années d’activités, entre 10.000 et 20.000 heures de vol, une expérience dans le domaine aéronautique couvrant l’instruction à tous les niveaux, Ie travail aérien, l’aviation d’affaire et l’aviation de ligne.

Les professeurs et élèves, candidats au BIA, sont volontaires, passionnés, à la recherche d’une vocation ou d’un nouveau projet de vie. Ils ont effectué environ 50 heures de formation pour passer l’examen que votre jury a créé.

Nous avons donc étudié attentivement ce questionnaire 2018, et nos conclusions sont malheureusement réalistes :

  • 25 questions ne sont pas du programme du BIA
  • 35 questions ne sont pas du programme du CAEA
  • 10 questions sont incohérentes ou incomplètes
  • 11 réponses sont incomplètes ou fausses
  • 31 questions ne présentent pas d’intérêt aéronautique pour le niveau des candidats et les objectifs de l’examen

Ceci représente 55 questions sur un total de 145 questions qui présentent un vice, au propre comme au figuré.

En effet, quelles sont les connaissances que l’on peut exiger d’un candidat au BIA ? Ou au CAEA ?

Pour le BIA, le programme est assez vaste mais le terme « Initiation » impose des questions simples. Il faut valider ce qui doit être connu, ainsi que ce qui doit être comPris. Pour le CAEA, les professeurs ont le droit de ne pas être des mathématiciens ou des physiciens, il faut donc vérifier simplement l’aptitude à enseigner une initiation aéronautique à des élèves volontaires et motivés.

Nous devons donc rester impérativement dans le domaine du « Need to know » et proscrire le « Nice to know » qui pourra être évoqué pendant la formation ultérieure si elle a lieu, mais en aucun cas être exigé dans un questionnaire d’examen. Les résultats 2018 sont en diminution d’environ 20%. Doit on en conclure que les candidats de cette année sont moins motivés, moins compétents ?

Non, bien sûr, et c’est bien dans l’élaboration de l’examen que réside l’anomalie constatée.

En effet, nous observons que 10 questions et 11 réponses sont incomplètes, incohérentes ou fausses, ce qui démontre un manque de compétence et de rigueur chez les concepteurs. Faire une relecture attentive auprès de personnels compétents aurait été un gage de respect des procédures. Poser des questions simples et claires balayant le vaste domaine du programme et rien que le programme aurait été une preuve d’honnêteté intellectuelle.

Toutes ces compétences sont à Ia base du savoir faire aéronautique, sans lesquelles aucun retour d’expérience ne saurait exister, au détriment de la sécurité. Le domaine aéronautique est si vaste que point n’est besoin de proposer 31 questions ne présentant pas d’intérêt aéronautique pour un tel niveau d’initiation.

Nous voulons donc dire collectivement combien le malaise est grand parmi nous d’avoir partagé un discours rigoureux, positif, et optimiste, pour finalement voir nos élèves confrontés à un examen totalement décalé par rapport aux objectifs, et aux valeurs fondamentales du monde aéronautique.

Notre initiative s’apparente à un retour d’expérience, cher au monde aéronautique, et nous espérons que cette démarche facilitera une réflexion en vue de faire évoluer le jury, pour plus de compétence, de rigueur, de respect des dizaines de milliers de candidats qui s’investissent avec passion, et dont nous n’acceptons pas que puissent être détruites ainsi leur espérance, voire leur vocation.

Jacques Guyot, commandant de bord retraité (14.500 h de vol)

Norbert Pinton, commandant de bord (16.000 h de vol)

Noélie Vincent, ingénieur du contrôle et de la navigation aérienne 

Eric Weber, commandant de bord (18.000 h de vol)

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J.Guyot, N.Pinton, N.Vincent, E.Weber

View Comments

  • Bonjour, prof EN depuis 1994 (26 ans), j'ai passé le CAEA en 2019.
    Ecrit: 18.6/20
    Oral: disqualifié; raison: mauvaise connaissance du milieu scolaire ;)
    Je n'aurais pas du passer cet oral car un prof EN en est dispensé, mais victime d'un loupé administratif, qu'importe, cela devait donc bien se passer...
    Le jury m'a posé des questions comme 'pour vous que veut dire le I de BIA ?" j'ai argumenté Initiation mais vu la difficulté ils auraient pu dire 'Initial'.
    J'ai déploré aussi les 30% de recalé parmi des élèves très motivés.
    J'ai parlé des erreurs d'énoncé, impardonnable selon moi, on devrait pouvoir annuler toutes épreuves EN au delà de 2 erreurs d'énoncé par exemple, mais rien n'est prévu...
    Le BIA est donc plus difficile que le permis de conduire ou le BAC.
    Ils m'ont demandé comment ouvrir une section BIA dans mon établissement: "j'ai le CAEA, je demande au directeur, il me trouve des élèves, une salle , puis il me 'réserve' 40h ..." j'ai argumenté aussi que ces 40h devrait être une dotation qui vienne des instances Aéronautiques car cela revient à démunir mes collègues de langues (par exemple) qui auraient besoin d'heures pour dédoubler des groupes. Un lycée possède en septembre une dotation horaire qu'il répartit pour tous, le BIA est donc un malus de 40h pour les autres disciplines de ce lycée.
    J'ai aussi fait remarqué que les vols d'initiations seraient plus opportun en décembre qu'après ou pendant l'examen. J'ai vu que cela les emmerdaient gravement mais qu'ils ne pouvaient pas me répondre, en même temps un jury n'est pas là pour être emmerdé.

    Le problème de l'EN est aussi la composition des jurys.
    L'Inspecteur chargé du bébé doit trouver 4 ou 5 fidèles disponibles.
    Il n'y a pas de 'qualification' de jury et le jury devient souverain, donnez un petit pouvoir à des petits et ils en abusent.
    Combien de fois j'ai pu assister à un massacre des élèves à cause d'un méchant jury !

    Je pense qu'ils m'ont viré car je ne rentre pas dans le moule 'corps et âme pour le BIA', trop vieux ! (ils m'ont d’ailleurs demandé mon age).
    Ils ont eu peur du loup dans la bergerie.
    Quoi qu'il en soit, se faire recaler sans raison objective est toujours très vexant et injuste. Je comprends ceux qui donne un avis Odieux sur le CAEA.

    L'EN n'est pas seule responsable de cette dérive BIA.
    Le programme trop compliqué était déjà là en 2018 !
    Qui veut bien écrire les sujets actuellement (les fidèles de l'Inspecteur Pédagogique Général ?) ?
    Qui pait les profs et l'examen ?

    Bref, Sachez qu'un prof EN avec 18.6/20 n'est pas apte au CAEA ...

    Si vous me lisez , dites moi si je suis dans l'erreur, à 50 ans je suis encore très ouvert ;)

    cdt B

  • Je suis à la retraite, j'ai réalisé 5 à 6000 h de vol sur hélico en RHC (Régiment d'Hélicoptères de combat) et en centre d'essais en vol ou j'ai terminé ma carrière.
    Je me demande si je peux donner le goût de aéronautique et des cours appropriés à des jeunes.

  • Bonjour à tous
    à priori , le BIA 2019 s'est bien passé, si j'en crois les réactions ?
    pour ma part je m'étonne qu' une question sur l'aéromodélisme figure ds le module 3
    (étude des aéronefs question n°16 ) alors que cette discipline n'est plus au programme depuis 2014
    ils ne sont pas à "ça" pres me direz vous!
    cordialement

  • bonjour à tous
    nous voila à quelques encablures de l'examen BIA 2019;
    je ne peux m'empecher de penser : par quoi vont ils remplacer "le vrillage de la pale de l'hélico"? (question ds le progeramme bien sur ????)
    et quoi demander à la place du "tigre" (histoire, hélico europeen ???)
    et vous ???????????????????
    à bientot

  • Bonjour,
    Sans rentrer dans les détails de l’EN dont je ne connais rien, j’apporte ma contribution a cet article et aux commentaires.
    TItulaire du CAEA (2009), nous avons pris décision il y a 3 ans de proposer aux personnels de mon institution de les former au BIA, pour qu’ils aient un bon vernis aéronautique.
    Nos candidats ont 40 ans de moyenne d'âge.
    Cette année, sur 97 présentés, 4 échecs seulement.
    Cela veut dire qu’il y a eu du travail de fond de leur part pour réviser. Je précise que certains n’avaient AUCUNE notion de trigo ni de vecteurs.
    Pour les cours, nous avons pris la décision de simplifier au maximum, en appuyant surtout sur les principes et non sur les formules mathématiques.
    Une visite du musee du Bourget, presque privée puisque chaque accompagnant avait 2/3 candidats pour que les 4 h passees là bas soient profitable.
    Alors bien sur, moi le premier, j’ai vraiment été surpris des quelques questions ( pale d’helico vrilllée??, masse de la montgolfière, questions sur l’ espace nombreuse et quelques imprécisions en navigation)

    OUI, il faut que les questionnaires soient bétons... c’est un minimum de respect pour les candidats, et cela évite de décrédibiliser ceux qui les conçoivent.
    Mais, je suis aussi pour que l’on propose des choses simples, que Bernouilli, Toricceli ne soient pas que des calculs mathematiques abstraits.

    Le BIA est une entrée en matière fabuleuse pour les jeunes. Et c’est pour cela que l’ensemble du système ( enseignants, intervenants, jury) prennent bien en compte qu’il faille se « centrer sur le candidat »

  • bonjour à tous
    avant de s'interroger sur le contenu des épreuves BIA 2018 il aurait fallu déjà commenté
    ce document :http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=122881
    ou l'éducation nationale fixe les règles des examens (BIA et CAEA)
    comment comprendre que SEULE la calculatrice est autorisée à l'exclusion donc d'une règle graduée et/ou compas alors que ds l'épreuve de navigation , a la 1° question il faut mesurer une distance entres 2 aéroports sur une carte au 1/500 000 ?

    merci

  • Quel est l'objectif du B.I.A. ? sélectionner les meilleurs ou offrir au plus grand nombre une ouverture sur les métiers de l'aérien ? permettre à quelques caciques d'étaler leur conception ou encourager tous les passionnés qui oeuvrent bénévolement pour donner un espoir de vie passionnante à la jeunesse ?
    Il est temps de remettre la bille au milieu !

  • Cette lettre ouverte, dont je suis l’un des signataires aura contribué, nous l’espérons, à une prise de conscience du jury des examens du BIA, en vue de proposer, à l’avenir, un questionnaire respectueux du travail fournit par les 15 000 candidats.
    Ayant également alerté le ministre des transports, partenaire incontournable, j’ai eu l’honneur d’obtenir une réponse d’un adjoint au chef de mission de l’Aviation légère, qui reconnait la légitimité de la lettre ouverte, je cite : 
    « Madame le Ministre m’a transmis votre courrier pour réponse. Vos inqiétudes exprimées par ce courrier et par la lettre ouverte sont légitimes et je partage avec vous l’idée qu’il y a matière à améliorer le questionnaire du BIA. Toutefois je ne partage pas vos inquiétudes sur l’avenir du BIA »
    Voici donc un partenaire qui ne semble pas totalement satisfait de la réponse de Monsieur Charron, expliquant que les fédérations avaient bien fait leur travail.
    Peut être ne serait il pas totalement infondé de demander la démission de madame l’Inspectrice Générale en charge de la présidence du jury des examens du BIA.
    Comment envisager une évolution positive, souhaitée par tous, en refondant avec une équipe qui démontrent, au fil des ans, peu d’empathie pour la rigueur, qualité fondamentale du monde aéronautique.
    Bien évidemment, ce débat me tient à coeur dans l’unique but de ne plus détruire les motivations et vocations qui animent les jeunes, et les professeurs qui s’investissent pour leur ouvrir la voie d’un monde passionnant.

    • J'ai été professeur, formateur BIA et CAEA, pilote privé et coordinateur de ces activités dans l'académie de grenoble pendant plus de dix années. Ma petite expérience me semble infime par rapport à celles des personnes signataires de la lettre ouverte. Je me permets toutefois d'exprimer une opinion qui n'engage que moi: L'éducation nationale a toujours été très circonspecte envers cette formation, qui ne vient pas de l'intérieur, et lui a été un peu imposée par les fédérations. Des textes précis ont régi sa mise en place, et il était donc difficile d'aller contre, , mais il y a toujours eu une certaine retenue, voire une réticence , par rapport à tout ce qui touchait aux enseignements BIA et CAEA. Heureusement il y des profs, des chefs d'établissements et même des recteurs qui s'impliquent remarquablement. Mais à partir du moment où la responsabilité de l'organisation a été transférée directement à l'EN, il était prévisible que les modalités s'inspirent des examens habituels , ( bac , etc, ) et prennent une forme sélective , avec un net caractère de sanction. Cela est bien dommage, car le BIa est une grande idée, et tous les bénévoles qui le portent depuis si longtemps, n'avaient pas besoin de cette nouvelle difficulté pour continuer à transmettre ces connaissances qui nous rapprochent, toutes professions confondues. Quand à demander la démission d'une inspectrice générale, cela me semble aussi irréaliste que de demander celle du président Macron.... Longue vie au BIA et respect à tous les formateurs. H. Gouinguenet.

  • Bonjour,
    De mon point de vue, l'invention des examens à coups de Questions à Choix Multiples, est une ineptie car soit les trois fausses réponses sont tellement éloignées du sujet que cela revient à donner la bonne réponse en même temps que l'on pose la question et l'examen est totalement dévalorisé, soit les trois fausses réponses sont ambiguës au point que même si on connait bien le sujet cela met le doute et intervient alors un paramètre personnel touchant à la façon que nous avons de comprendre et interpréter une question.

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