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Hélicoptère

Safran Helicopter Engines stoppe l’hémorragie

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Frédéric Lert

Après deux années difficiles placées sous le signe d’un marché en crise, le motoriste français prévoit une année 2017 étale. Le bout du tunnel est espéré pour 2018… De nouveaux services et de nouveaux moteurs sont en cours de développement, à Bordes notamment.

Les années 2015 et 2016 se sont traduites par une baisse de 30% du marché et tous les acteurs du monde de l’hélicoptère ont bordé les voiles. Safran Helicopter Engines (ex Turbomeca) n’a pas échappé au phénomène. Pour Bruno Even, Président de la société installée à Bordes, au pied des Pyrénées, le bout du tunnel pourrait se profiler à l’horizon 2018. « Mais cela reste à confirmer » précise-t-il, prudent. D’ici là, le motoriste de Pau anticipe pour 2017 une année sans relief.

Le motoriste français mise sur le support client

Précisément 708 moteurs ont été livrés en 2016 et le chiffre sera sans doute quasiment identique cette année. En cause, l’interminable crise du secteur pétrolier et aussi une surcapacité sur le marché de l’EMS aux Etats-Unis qui limite les ventes d’hélicoptères neufs. La baisse des heures de vol se traduit mécaniquement par une baisse des activités de « support et services » sur lesquelles tablent les motoristes pour étoffer leur activité.

Safran Helicopter Engines est leader sur la motorisation du H135 avec une part de marché de 74% pour les appareils vendus en 2016. Le motoriste était à 30% en 2013… © Frédéric Lert / Aerobuzz

Bruno Even explique faire face aux vents contraires en mettant l’accent sur de nouveaux services. Les contrats à l’heure de vol représentent par exemple aujourd’hui la moitié des revenus des activités de soutien à Bordes. Safran ne relâche pas non plus ses efforts en matière de recherche et développement, avec l’idée de cueillir les fruits de la croissance lorsque celle-ci voudra bien se manifester.

Cinq premiers vols en 2016

L’année 2016 avait été exceptionnelle en matière de développements nouveaux, avec pas moins de cinq premiers vols. Pour 2017, le motoriste attend la certification EASA de l’Ardiden 3. Il poursuit également son travail sur l’Arrano, moteur du H160, avec une certification attendue pour la fin 2018. A temps donc pour honorer l’entrée en service commercial du nouveau bimoteur d’Airbus Helicopters.

L’Arrano, qui propulse le H160 d’Airbus Helicopters. Le moteur sera certifié fin 2018, à temps pour la livraison des premiers appareils de série. © Frédéric Lert / Aerobuzz

On met également l’accent à Bordes sur la coopération avec les pays émergents, avec en première ligne la Chine et l’Inde. Motorisation d’hélicoptères de conception locale, mais également poursuite des investissements dans les activités de maintenance de manière à renforcer la stature d’acteur local dans ces pays. Safran joue le long terme et ne part pas de zéro en la matière, avec déjà plusieurs décennies de présence active aussi bien en Chine qu’en Inde.

Safran Helicopter Engines étend sa gamme de puissance jusqu’à 3000 cv

Autre gros dossier suivi de près à Bordes, le développement et la certification d’un nouveau modèle de moteur civil, issu de l’architecture du RTM322 (le moteur des NH90, EH101 et des Apache britanniques). En avril 2013, Turbomeca rachetait les parts de Rolls Royce dans ce programme qui était jusque là un co-développement à parts égales. Depuis quatre ans, Safran a donc progressivement rapatrié dans son giron la totalité des activités de production et de maintenance.

Safran Helicopter Engines USA emploie 380 personnes, avec un site industriel proche de Dallas où sont assemblées et entretenues les turbines Arriel et Arrius. © Frédéric Lert / Aerobuzz

Le motoriste se donne encore trois ans pour parvenir à la certification de ce nouveau moteur dans une gamme de puissance 2500-2800 cv. Le processus est long et complexe, notamment parce qu’il passe par l’acquisition de nouveaux savoir-faire industriels. Sur le long terme, c’est une première étape vers une extension de la gamme des moteurs Safran vers les fortes puissances. Le portfolio de la société s’arrête aujourd’hui au Makila 2 (2100 cv) qui motorise la famille H225. La deuxième étape viendra à l’horizon 2025, avec la mise en service un moteur de 3000 cv issu du démonstrateur technologique Tech 3000.

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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