Un Sikorsky S-52 revole aux Etats-Unis.

Au cours du dernier salon Heli Expo, Sikorsky présentait sur son stand un S-52 magnifiquement restauré. Un appareil méconnu, qui sort de l’ombre grâce à son nouveau propriétaire, Alejandro Anduze.

Pendant Heli Expo, Sikorsky présentait en fait trois appareils sur son stand : un S-76D, cheval de bataille de l’hélicoptériste américain sur le marché du transport corporate et des liaisons off-shore tenait le haut du pavé. Les deux autres appareils présents étaient bien plus inattendus, a fortiori sur un salon consacré à l’hélicoptère civil : on trouvait d’un côté une maquette grandeur nature du S-97, suppositoire camouflé équipé d’un rotor contrarotatif et d’une hélice propulsive. Et de l’autre un S-52 aux couleurs des Marines, magnifiquement restauré par Alejandro Anduze, pilote d’essai de Sikorsky.

« Je voulais absolument participer à la préservation du patrimoine de Sikorsky » expliquait notre homme pendant le salon. Avec son S-52, la réussite est totale. Car en plus de briller comme un sou neuf sous les spots, l’appareil est en parfait état de vol. Il compte même une quarantaine d’heures d’utilisation depuis sa renaissance, en mai 2013.

Ce S-52, numéro de série 130122, a été livré neuf aux Marines de la VM0-6 (un escadron d’observation) le 26 décembre 1952. Les Marines sont alors pleinement engagés dans la guerre de Corée et le S-52 se retrouve immédiatement utilisé sur le théâtre d’opération où il participe à de nombreuses missions de transport et d’évacuation de blessés. Il est ensuite démobilisé en décembre 1964 et gagne une immatriculation civile, avant d’échouer dans le hangar d’une entreprise de maintenance aéronautique sur l’aéroport de Stockton (Californie).

« C’est là que je l’ai retrouvé en 2002, après l’avoir pisté grâce aux registres de la FAA » explique Alejandro Anduze. « L’appareil était plein de poussière mais assez bien conservé. Les pales avaient encore leur carnet d’entretien montrant qu’il leur restait 50% de potentiel. Seul le moteur Franklin O4-425 a du être refait ». Après quelques années d’effort, le premier vol a eu lieu le 26 mai 2013, avec son propriétaire aux commandes.

Le S-52 est un appareil étonnant : à une époque où le Bell 47 emporte deux blessés sur des civières posées sur les patins, avec les risques inhérents d’hypothermie, le S-52 peut les recevoir à l’intérieur de la cabine. L’entrée des civières se fait en ouvrant en grand un demi parebrise ! Comble du raffinement, l’appareil est même équipé d’une prise électrique pour le branchement d’une couverture chauffante.

Sur le plan technique, le S-52 est le premier hélicoptère américain équipé de pales entièrement métalliques et sans doute aussi le premier hélicoptère à passer une boucle aux mains du pilote d’essais Harold Tommy Thompson. On est alors en 1949 et Thompson tente le coup avec un mécanicien à bord, alors qu’il revient d’un vol d’essais avec le premier prototype de l’appareil. O tempora o mores… La petite histoire raconte qu’Igor Sikorsky le voit depuis la fenêtre de son bureau et convoque le pilote dès son atterrissage. Harold Thompson réalise alors que sa carrière est sans doute terminée… Mais non : Igor Sikorsky lui demande simplement de recommencer plus près de son bureau pour qu’il puisse le filmer. La suite est visible sur youtube, en tappant dans le moteur de recherche « S-52, looping, Thompson ». Incroyables images…

Frédéric Lert