Bombardier suspend le programme Learjet 85 et licencie 1.000 salariés

Bombardier a annoncé qu’il arrêtait (provisoirement ou définitivement ?) le programme Learjet 85 de son avion d’affaires de la catégorie intermédiaire. Cette décision entraîne le licenciement d’un millier de salariés au Mexique et aux USA.

Officiellement, il s’agit d’une « pause ». Autrement dit, le programme Learjet 85 est arrêté, mais il devrait aussi pouvoir redémarrer si le contexte économique s’améliore et si le segment de marché des avions d’affaires intermédiaires se redresse. Dans son communiqué de presse daté du 15 janvier 2015, Bombardier explique, en effet, que « la pause résulte de la faible demande pour l’avion Learjet 85 et fait suite à une révision à la baisse des prévisions de Bombardier pour le marché des avions d’affaires. Cela reflète la faiblesse persistante de la catégorie des avions légers depuis le ralentissement économique. Par conséquent, l’entreprise comptabilisera au quatrième trimestre 2014 une charge spéciale avant impôts d’environ 1,4 milliard $, liée principalement à la dépréciation des coûts de développement du Learjet 85. En outre, Bombardier réduira ses effectifs d’environ 1.000 employés à ses sites de Querétaro, au Mexique, et de Wichita, aux Etats-Unis Le site de Wichita est polyvalent. Il s’y effectue l’assemblage final des avions Learjet 70 et Learjet 75, il abrite le Centre d’essais en vol Bombardier ainsi qu’un centre de service. En plus de contribuer à de nombreux programmes d’avions Bombardier, le site de Querétaro a récemment achevé la construction du bâtiment où sera fabriqué le fuselage arrière de ses avionsGlobal 7000/8000.. Une provision pour indemnités de départ d’environ 25 millions $ sera comptabilisée à titre d’élément spécial au premier trimestre 2015 ».

En dépit des précautions prises par Bombardier pour justifier sa décision et laisser entrouverte la porte, le programme Learjet 85, est un programme maudit. Lancé en octobre 2007, au cœur de la crise des subprimes, il va dès le début connaître des difficultés de taille. Bombardier qui voulait faire de ce nouvel avion d’affaires, baptisé alors Learjet NXT, le premier entièrement construit en matériaux composites, s’était tourné vers un partenaire expérimenté, en l’occurrence, l’allemand Grob. Confronté à de graves difficultés financières, celui qui faisait figure de pionnier des composites aéronautiques, va se montrer incapable d’honorer ses engagements. En septembre 2008, la coopération est interrompue et Bombardier se voit contraint de reprendre à son compte le développement de la structure composite. Moins d’un an après le lancement du programme, le canadien enregistre son premier retard. Le Learjet qui aurait initialement du effectuer son entrée en service en 2012, ne réalisera finalement son premier vol que le 9 avril 2014.

Suspendre ainsi un programme aux stade des essais en vol est une décision qui n’a surement pas du être facile à prendre. Pierre Beaudouin, le président de Bombardier ne le cache pas : « Compte tenu de la faiblesse du marché, nous avons pris la difficile décision de faire une pause dans le programme Learjet 85 pour le moment. Nous allons axer nos ressources sur nos deux autres programmes d’avion de conception entièrement nouvelle en développement, CSeries et Global 7000/8000, pour lesquels nous prévoyons un considérable marché potentiel. » Il s’agit là de deux programmes engagés à des stades différents et dont celui de l’avion de transport CSeries connaît aussi de graves difficultés qui laissent peser des doutes sur son avenir.

Le Learjet 85 n’est évidemment pas le premier programme aéronautique à connaître un tel revers. En avril 2009, Cessna a décidé de suspendre également le programme Citation Columbus, son premier biréacteur d’affaires à capacité intercontinental, dont les livraisons auraient du débuter en 2013. Depuis, Cessna ne parle plus du Columbus.

Gil Roy