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Industrie

Dassault Aviation investit dans la pyrotechnie

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Frédéric Lert

Dassault vient d’inaugurer sur son site de Martignas-sur-Jalle un nouveau bâtiment de 2.500m2 où seront regroupées toutes ses activités liées à la pyrotechnie. L’occasion de découvrir une autre facette insoupçonnée du savoir-faire du constructeur du Rafale qui se projette vers les avions spatiaux.

La pyrotechnie, la science de explosifs, est très présente dans le monde aérospatial car elle allie fiabilité, puissance, compacité et quasi instantanéité. La maitrise de Dassault Aviation s’exprime sur les avions de combat dans la transmission des ordres vers les sièges éjectables, la fragilisation des verrières, mais aussi sur les dispositifs d’éjection des charges externes. C’est moins connu, l’avionneur fournit également des dispositifs d’allumage de moteurs spatiaux, de séparations d’étages et de coiffes de fusées et même d’éjection de satellites ou de déploiements d’antennes et de panneaux solaires…

Spécialisation des sites

Tous ces savoir-faire étaient jusqu’à présent répartis sur deux sites : Argenteuil et Poitiers. Le premier concevait et industrialisait les équipements pour le spatial. Poitiers était responsable des dispositifs de fragilisation des verrières et des équipements destinés aux sièges éjectables. Ces deux activités sont maintenant rassemblées dans un nouveau bâtiment de 2.500m2 érigé sur le site de Martignas-sur-Jalle, à proximité de Bordeaux.

C’est une conséquence du plan de transformation « piloter notre avenir » lancé fin 2016 par l’avionneur, et qui se traduit par un regroupement des activités et une spécialisation des sites. Le nouveau bâtiment regroupera les activités de conception, d’essais et d’industrialisation, avec une cinquantaine de salariés à la manœuvre. Une soute complète les installations, mais il est à noter que les quantités d’explosifs en jeu sont si faibles que le site de Martignas échappe à une classification Seveso.

L’esprit du missile MD620

Le regroupement de l’activité pyrotechnique à Martignas est d’une certaine manière un retour aux sources pour le site. L’usine avait été créée dans les années 1960 pour le développement, à la demande de l’état français mais au bénéfice d’Israël, d’un missile balistique à poudre de deux étages, le MD620. Le programme avait pris fin brutalement en 1969 à la suite de l’embargo total des ventes d’armes à destination de l’état hébreu.

Martignas était, par la suite, devenue le haut lieu de la fabrication des voilures des avions Dassault, civils et militaires. L’esprit du MD620, la maitrise des phénomènes aérodynamiques aux vitesses hypersoniques et du guidage inertiel apportée par ce programme, souffle encore chez Dassault qui regarde toujours assidument vers le spatial et le vol hypersonique.

L’avionneur était le maitre d’œuvre délégué du programme Hermès dans les années 1980. Il a ensuite participé au programme X-38 de la Nasa et, plus près de nous, à l’IXV de l’ESA. Il se positionne à présent sur le projet « Space rider ». « Nous pensons que les besoins vont croitre pour des avions spatiaux » soulignait Eric Trappier dans son discours.

Discours pyrotechnique

Plus prosaïquement, le PDG de Dassault Aviation a également loué à Martignas la rapidité du chantier et d’une manière générale le soutien à l’industrie dont fait preuve la Région. Si bien que sur les 1.000 embauches enregistrées chez Dassault cette année, un tiers concerne les établissements de Nouvelle Aquitaine, depuis Poitiers jusqu’à Biarritz.

Comme à chaque inauguration sur un site de Dassault Aviation, tous les responsables politiques locaux ont fait le déplacement pour entourer Eric Trappier (au centre de l’image)… © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

Et les investissements de l’avionneur sont à l’avenant : l’usine de Biarritz est en cours de modernisation, Mérignac accueille non seulement les laboratoires techniques et industriels en provenance d’Argenteuil, mais aussi des équipes du support après-vente de Saint-Cloud et du Bourget. Et la première pierre d’un bâtiment destiné à recevoir des équipes d’études et de développement vient d’être posée.

Mais Eric Trappier ne s’est pas non plus privé de glisser quelques effets pyrotechniques dans son allocution, rappelant par exemple que « le coût du travail dans une usine comme Little Rock aux Etats-Unis (…) est de 40% inférieur à celui de Mérignac ». Et tout en reconnaissant les efforts de la Région en terme de formation, il s’est également étonné des « difficultés rencontrées par notre filière (…) pour trouver une main d’œuvre qualifié alors que la France compte encore 9% de chômeurs ». Fermez le bang !

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Le salaire de Mr Trappier est il egalement inferieur de 40 pour cent a celui de son homologue americain ? Le systeme de cotisations sociales US n a rien de comparable au systeme de cotisation social francais .

    • Et le mode redistribution non plus. On prend beaucoup et on redonne beaucoup à ceux qui crient avant d'avoir mal.
      Les "solidarités contributives" devraient être mieux réparties, à l'heure ou l'on regarde de plus près l'équilibre des centaines de régimes de retraite.

      Comme il est question d'automatismes dans un autre fil de discussion, je m'aventure à faire le lien.
      A moins d'ouvrir les fusibles des armoires, les automatismes eux, tournent en continu et on ne mégotte pas pour les réactualiser, au fil de l'arrivée de nouveaux savoirs faire.
      Cela crée du travail de R&D et aux BE. (Cf. le personnel qualifié recherché par les entrerprises)
      Je m'interroge : comment apprendre le mots "grève" à un algoritme ?
      Quelqu'un y a pensé ?

      • On prend beaucoup et on redonne beaucoup à ceux qui crient avant d’avoir mal.
        Les « solidarités contributives » devraient être mieux réparties, à l’heure ou l’on regarde de plus près l’équilibre des centaines de régimes de retraite.

        Le modèle de société imaginée, adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 par le "Conseil National de la Résistance", réunissant aussi bien des communistes que des gens de droite, et instaurée en 1945, est basé sur la notion :
        "Cotiser en fonction de ses moyens, recevoir en fonction de ses besoins", ce qui a permis à beaucoup, qui tapent maintenant dessus une fois qu'ils sont "arrivés", d'être là où ils sont.
        Aussi, il est épuisant de voir des critiques sans fondement, sauf sur celle idéologique basée sur un manque d'information pertinente !!! BFM n'est pas une référence fiable.
        Il n'existe pas "une centaine de régimes de retraites", encore qu'ils sont souvent justifiés.

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