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Le premier banc d’essai pour le moteur de l’A400M inauguré à Bordeaux

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Gosia Petaux

Le premier banc d’essai en Europe dédié à la maintenance du TP 400, moteur équipant l’avion de transport militaire A400M Atlas, a été inauguré ce lundi 16 juin à l’AIA (Atelier industriel de l’aéronautique) de Bordeaux sur le site de Croix Hins. Une nouvelle compétence.


Tout aviateur qui transite par ou près de Bordeaux connaît le nom de Croix d’Hins. Premièrement parce que l’antenne de Croix d’Hins est le point de report SW « Sierra Whiskey » de la CTR de Bordeaux et deuxièmement parce que c’est ici, en 1910, que s’envole dans le ciel bordelais le premier aéroplane piloté par Léon Delagrange. Raison pour laquelle il est d’autant plus émouvant de voir ici ce bijou technologique qui d’ici trois mois accueillera le premier turbopropulseur TP400.

Situé sur la rive droite de la Garonne sur les communes de Bordeaux et de Floirac, l’Atelier industriel de l’aéronautique (AIA) de Bordeaux a pour mission de garantir le niveau industriel des moteurs aéronautiques militaires. Les moteurs de tous les avions de combat des forces aériennes ont été, ainsi, maintenus à l’AIA. Depuis les années 80, les moteurs d’avions et d’hélicoptères se sont ajoutés à ce « tableau de chasse » de l’Atelier de Bordeaux. Trop bruyants pour être utilisé sur le site principal très urbain, c’est sur ce site isolé, au lieu-dit Croix d’Hins sur la commune de Cestas (33), en bordure de l’autoroute d’Arcachon, à 25 kilomètres au sud-ouest de Bordeaux, que se trouvent une dizaine de bancs d’essai réacteurs sur lesquels, depuis 60 ans tous les moteurs des aéronefs militaires sont testés.

Fruit d’un partenariat développé au sein du consortium européen EuroProp International (EPI) qui regroupe l’entreprise allemande MTU Aero Engines, la société espagnole ITP (Industria de Turbo Propulsores), la Rolls-Royce britannique et enfin le motoriste français Snecma, le TP400, avec ses 2 tonnes et 11.000 CV, est le turbopropulseur le plus puissant jamais conçu dans le monde occidental.

Le projet de construction d’un banc d’essai, capable de recevoir ce « bébé », a démarré il y a 3 ans. Réalisé dans un temps record de 16 mois par l’entreprise espagnole ITP, le banc d’essai a effectué le premier démarrage du TP 400 en fin décembre 2013. Pour ce faire, l’investissement de 15 millions d’euros a été entièrement financé par les fonds propres de l’AIA. Après avoir obtenu la certification EASA Part 145 et après l’essai de calibration de mai 2014, le banc est en mesure d’accueillir 90 moteurs tous les ans et recevra le premier turbopropulseur dans trois mois. Aujourd’hui, une vingtaine de personnes travaillent sur le projet. Patrick Dufour, directeur du SIAé, a souligné, lors du discours inaugural, qu’à terme 40 personnes de l’AIA travailleront pour ce programme dont la durée de vie est prévue pour au moins 50 ans.

Dans la vie d’un aéronef, la part liée à la maintenance des moteurs est cruciale et financièrement importante. Le développement du TP400 a connu plusieurs types de problèmes depuis son lancement en 2010 que, désormais, les industriels ont réussi à maitriser. Quasiment en pointe pour leur construction, les moteurs de l’A400M nécessiteront cependant des révisions régulières et une maintenance du plus haut niveau, tout cela avec des prix maitrisés.

Avec 174 exemplaires d’A400 M commandés à ce jour dont 3 livrés (deux à la France et un à la Turquie) l’activité de maintenance développée par l’Atelier de Bordeaux a une longue vie devant elle. Si le potentiel des commandes étrangères estimé à 400 appareils est atteint, l’AIA, grâce à sa nouvelle compétence, est aujourd’hui seul à pouvoir soigner les moteurs de l’avion européen de transport militaire.

Et un nouveau défi attend déjà l’AIA de Bordeaux. Turbomeca a choisi l’atelier de Bordeaux pour assurer la maintenance de la nouvelle version du moteur du Tigre. Démarrage, l’année prochaine.

Gosia Petaux

TP 400

Le turbopropulseur TP400, qui équipe l’Airbus A400M, est le fruit d’un partenariat formé au sein du consortium européen EuroProp International (EPI), regroupant Industria de Turbo Propulsores (ITP – Espagne), MTU Aero Engines (Allemagne), Rolls-Royce (Grande-Bretagne) et Snecma (France).

Avec ses 11.000 le turbopropulseur le plus puissant jamais développé dans le monde occidental. Son taux de dilution remarquable est un paramètre clé qui conditionne son efficacité énergétique, et donc sa consommation. Pour un avion de transport militaire tel que l’A400M, moins de consommation permet d’allonger le rayon d’action et d’optimiser la charge utile. Autre particularité du TP400, le calculateur du moteur pilote à la fois le moteur et l’hélice pour en optimiser la performance. Enfin, le TP400 est le premier turbopropulseur à bénéficier d’une double certification, civile et militaire, élevant le niveau d’exigence en termes de sécurité des vols au standard mondial civil et ouvrant la voie à d’éventuels débouchés civils.

DESCRIPTIF

  • Architecture triple corps
  • Boîte de transmission de l’hélice : 2 moteurs sens horaire – 2 moteurs sens anti-horaire
  • Compresseur HP à 6 étages
  • Compresseur intermédiaire à 5 étages
  • Turbine HP refroidie mono étage
  • Turbine BP à 3 étages

CARACTERISTIQUES

  • Puissance (CV) 11.600
  • Taux de compression 25
  • Longueur (mm) 3.500
  • Masse (kg) 1.900

++++Croix d’Hins

Situé à 25 kilomètres au sud-ouest de Bordeaux, Croix d’Hins aurait pu devenir l’aérodrome de Bordeaux. Son inauguration prévue le 1er décembre 1909 a été, hélas, compromise par la mauvaise météo. Blériot, Delagrange, Leblanc : les plus grands aviateurs de l’époque venus pour l’occasion, ont du repartir sans pouvoir voler. Un mois plus tard, Léon Delagrange est de retour sur le terrain de Croix d’Hins. Malgré une nouvelle météo défavorable, il s’envole le 3 janvier 1910 dans le ciel bordelais. Ce vol est le premier effectué dans la région. Le lendemain, en profitant d’un temps plus clément, Delagrange effectue quelques circuits fermés. Malheureusement au quatrième virage, son aile se rompt. L’aviateur devient, ainsi, la première victime de l’aviation en Gironde et la cinquième au monde. Lors du premier semestre 1910 plusieurs vols seront réalisés sur ce terrain qui est pressenti pour recevoir la Grande semaine de l’aviation de Bordeaux. Celle-ci se tiendra finalement à Mérignac mais deux aviateurs, Lesire et Wallon, y organiseront en août le premier meeting aérien organisé en Gironde.

Pour en savoir plus : « 100 ans de l’aviation en Gironde. 1910-2010 » sous la direction de René Lemaire, Editons Confluences et La Mémoire de Bordeaux (2010).

++++AIA de Bordeaux

L’Atelier Industriel de l’Aéronautique (AIA) de Bordeaux est, avec 1.000 personnes, l’un des cinq établissements qui constituent le SIAé (Service Industriel de l’Aéronautique), première entreprise française de maintenance aéronautique militaire. L’AIA de Bordeaux est chargé, à l’échelon industriel, du maintien en condition opérationnelle (MCO) des moteurs des aéronefs de la Défense française. Le MCO assuré par l’AIA est une activité de services comprenant des prestations de management de flotte, de révision de moteurs et sous-ensembles, de réparation de pièces, d’évolution de programmes de maintenance et de logistique (approvisionnement et gestion de rechanges, supply chain). L’AIA assure ainsi la maintenance industrielle des turboréacteurs, turbomoteurs et turbopropulseurs équipant les Mirage F1 et 2000, Rafale, Super Etendard, Alphajet, Lynx, Tigre, C130 Hercules, Hawkeye et A400M. Depuis sa création en 1937, l’AIA de Bordeaux a entretenu plus de 20.000 turbomachines.
En 2013, l’AIA a livré aux forces 346 moteurs, 725 modules et 417 équipements moteurs, représentants plus de 900.000 heures productives pour un chiffre d’affaires d’environ 205 M €.
82% de l’activité s’exerce au profit de l’Armée de l’Air, 13 % pour la marine et 4% pour l’Armée de terre (moteur Tigre)

Moteur TP400, Europrop, équipant l'avion A400M d'Airbus Defence & Space
Avant d’être transformé pour accueillir le banc du TP400, le bâtiment était dédié au moteur Atar.
Banc d’essai intérieur du TP400
Sur le banc d'essai, le frein à eau simule le fonctionnement de l’hélice en double sens de rotation.
Salle de contrôle du banc d’essai du TP 400
Discours du directeur du SIAé, l'ingénieur général hors classe Patrick Dufour
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Gosia Petaux

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