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Industrie

Les PME de l’aéronautique à rude épreuve

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Gil Roy

Malgré les efforts du GIFAS pour les aider à faire face aux montées en cadence et à relever le défi de l’industrie du futur, une partie des PME françaises peinent à suivre le rythme imposé par les donneurs d’ordre. La filière est mobilisée pour sa supply chain.

La filière aéronautique et spatiale française a encore réalisé une performance remarquable en 2018 avec un chiffre d’affaires de 65,4 Md€ en légère hausse de +1,2%. Avec 44 Md€ à l’export, elle dégage à nouveau le premier solde excédentaire, à 27 Md€, de la balance commerciale nationale en 2018. Si les commandes sont restées à un haut niveau en 2018, elles sont néanmoins en recul de 17% à 58,2 Md€ (-17%) ; le niveau de commandes dans le secteur civil en baisse par rapport aux années précédentes. Le GIFAS analyse cette situation avec sérénité : ce recul « intervient après plusieurs années à très haut niveau et représente une pause dans un contexte de hausse continue des cadences afin de répondre aux fortes attentes du marché compte tenu de la croissance du trafic aérien. »

Près d’une PME sur quatre en déficit

En revanche, le Groupement est préoccupé par la situation des PME. Leur taille les rend vulnérables. Dans un contexte de croissance, 23,3% d’entre elles ont enregistré des pertes en 2018. C’est 1,7 point de plus qu’en 2017. « Certaines entreprises ont enchainé plusieurs exercices déficitaires », souligne Christophe Cador, Président du Comité Aéro-PME du GIFAS. « Il s’agit là d’un problème significatif de la supply chain ».

Contrairement aux entreprises de taille intermédiaire qui peuvent répartir les risques sur plusieurs programmes, les PME sont souvent présentes sur un nombre restreint de programmes aéronautiques, parfois même sur un seul. Ne pouvant compenser les baisses d’un programme par la montée en cadence d’un autre, elles sont fragilisées par les programmes qui ne marchent pas ou qui s’arrêtent.

Fragilisées par des programmes en difficulté

On pense évidemment à l’arrêt de l’A380, même si la décision de mettre fin au programme a été précédée d’une longue baisse de cadence. On pense aussi aux problèmes du 737 MAX. La brutalité de la baisse de cadence décidée par Boeing impacte toutes les entreprises et pas seulement les PME. Toutefois ces dernières affichent du fait de leur taille moins de répondant et sont donc fragilisées.

A ces difficultés se conjuguent des difficultés de recrutement aigues et des problèmes de financement pour faire face aux investissements liés aux montées en cadence imposées. Elles doivent aussi entreprendre leur mutation vers l’industrie 4.0 du futur. Face à cette avalanche de défis, les PME membres du GIFAS peuvent trouver un soutien via un ensemble de programmes collaboratifs, notamment Ambition PME/ETI, qui sont aussi un moyen de rompre l’isolement des dirigeants de ces petites entreprises.

Du 17 au 23 juin 2019, au salon du Bourget, elles seront près de 850 venues de la France entière pour exposer leur savoir-faire et démontrer leur combativité.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • L'autre problème, c'est que à force de ne vouloir former et d'engager que des ingénieurs pour n'importe quel poste, et de dénigrer dès le plus jeune âge les métiers manuels qualifiés et de production directe, ben on ne trouve plus sur le marché des jeunes (et moins jeunes) qualifiés pour assembler des produits certifiés. Oui, monter des roulements, des vis, des écrous, poser des rivets, etc... Il en faut (beaucoup), et depuis tout petits, on leurs dit, aux gamins, que c'est des métiers de merde et que tu sera ingénieur ou médecin, mon fils... L'apprentissage ? C'est pour les loosers mon fils... Et d'oublier que tout le monde ne veut pas être ingénieur, ou n'a pas le niveau, tout en étant d'une admirable adresse manuelle.
    Et paf, on a des ingénieurs pleins les couloirs, qui ne coutent plus rien (loi offre et demande), mais plus de petits métiers. Les polonais et les chinois, eux, n'ont pas cette fierté mal placée. Et ils ont toutes les usines.
    Or, il n'y a rien de plus précieux que le compagnon qui assemble, règle, et entretien ces magnifiques mécanismes de précision que sont nos avions, nos moteurs, nos centrales inertielles, etc...
    Pour un ingénieur, combien de compagnons sur nos chaines d'assemblage ? Regardez autour de vous. Et ce n'est pas la mine, la chaine de montage d'un moteur Leap ! C'est même parfois plus propre qu'a la cantine... (humour !)
    Pareil pour trouver des chaudronniers, des tourneur fraiseurs, des gars qui font du traitement de surface ou thermique...
    C'est tout ces petits métiers (Ô combien précieux) que nos entreprises ont du mal à recruter. Heureusement, l'apprentissage, le compagnonnage, reprend des forces.

  • Lorsque les entreprises accepterons de recruter les plus de 50 ans pourtant excessivement bien formé, souvent Issus de l'armée ou de grandes entreprises du secteur civil elles seront alors audibles.
    Combien de profils aéro hantent les couloirs des agences d'intérim en vain !
    De plus les salaires ne sont souvent pas en rapport avec les compétences, horaires, et responsabilités exigées.
    Des diplômes officiels, des formations de pointes, des compétences avérées, pour rien.
    Osez dire : "on ne trouve personne!"
    ...

    • Le français coûte bcp trop chère, mais ont est pas prêt à l'entendre .. le chinois, le polonais et bientôt l'Anglais eux sont plus dans l'esprit et le prix ...
      "on ne trouve personne "..(bon là c'es pour taquiner) à mon prix !! :))

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