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Les PME et les ETI aéronautiques à la croisée des programmes

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Gil Roy

Alors que les avionneurs, Airbus et Boeing en tête, engrangent les commandes, les PME et les équipementiers français anticipent une année 2016 difficile. La baisse de certains programmes et la fin d’autres conjuguées à la nécessité d’investir pour faire face aux augmentations de cadences placent les sous-traitants en position délicate.

Derrière les succès commerciaux des géants de l’industrie aéronautique mondiale, il y a la réalité complexe que vivent actuellement les PME et les équipementiers de la filière. « Les équipementiers sont en décalage de cycle par rapport aux avionneurs. Leur situation est moins florissante du fait de la baisse de certains programmes, alors que la montée en puissance des nouveaux programmes, notamment sur les monocouloirs, ne produit pas encore ses effets. Nous sommes dans le creux », résume Emmanuel Viellard, président du Groupe des Equipements Aéronautiques et de Défense du GIFAS.

Les programmes des biréacteurs long courrier d’Airbus illustrent parfaitement cette situation. Les cadences de production de l’A330 baissent de 9 à 5 unités par mois, alors que le programmeA330neo n’est encore qu’en phase de développement. Quant à l’A350XWB, la montée en cadence se poursuit, mais elle ne concerne pas forcément les mêmes sous-traitants. Les avionneurs n’hésitent pas à changer de fournisseurs, ni à fractionner les marchés.

Les grands donneurs d’ordres ne craignent pas non plus d’affaiblir leurs sous-traitants en leur imposant des baisses de tarifs récurrentes et des contraintes toujours plus importantes. « Avant, il fallait livrer dans la semaine, aujourd’hui dans la journée. D’ici peu nous devrons livrer dans des créneaux horaires. Et il n’est évidemment pas question que nous constituions des stocks tampons pour faire face à ces exigences », explique Bertrand Lucereau, président du Comité Aero-PME du GIFAS. « Il faut être extrêmement productif pour demeurer compétitif », affirme Emmanuel Viellard.

La réponse passe en partie par l’investissement. Toutefois, les PME françaises sont handicapées par leur taille. Elles comptent en moyenne entre 100 et 120 salariés, réalisent 15 M€ de chiffre d’affaires et sont généralement détenues par leurs dirigeants. « Elles sont freinées dans leur développement par plus d’une centaine de seuils fiscaux et sociaux », résume Bertrand Lucereau. Le GIFAS a attiré l’attention du ministre de l’économie sur ce contexte qui fait que la taille des PME françaises est le tiers de celles de leurs homologues allemands.

2016 se présente donc comme une année délicate pour les PME et les équipementiers de l’aéronautique. Adoptant une vision à plus long terme, Marwan Lahoud, le président du GIFAS estime néanmoins que l’année s’annonce sous des auspices plutôt favorables. « La dynamique n’a pas de raison de s’interrompre », d’autant que « la parité euro-dollar commence à avoir des effets et qu’avec 12 mois de recul, la baisse du pétrole est plutôt favorable ».

Les recrutements de l’industrie aéronautique devraient se situer cette année au même niveau qu’en 2015, soit environ 10.000 personnes. Un autre challenge à relever pour les PME et les équipementiers qui malgré les efforts du GIFAS pour promouvoir les métiers de l’aéronautique, rencontrent toujours autant de difficultés dans ce domaine. « Pour monter en cadence, il faut des capacités de production, chez les donneurs d’ordres et surtout dans la supply chain », avertit Marwan Lahoud.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Les PME et les ETI aéronautiques à la croisée des programmes
    Le problème n'est pas nouveau . Mais qui se comporte en prédateur risque de voir la cible disparaître ... Il en est de même avec la pêche !
    La systémique devrait être (mieux ) enseignée dans les entreprises !

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