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Industrie

Richard Branson lance la course au tourisme spatial

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Jean-François Bourgain

En prenant part personnellement à un vol à bord du SpaceShipTwo (11 juillet 2021), Richard Branson valide l’offre commerciale de Virgin Galactic et grille la politesse à son concurrent Jeff Bezos (Blue Origin) qui doit s’envoler d’ici quelques jours. L’offre des deux opérateurs se différencie l’une de l’autre, sur le moyen d’atteindre les hautes altitudes, mais aussi sur la frontière visée.

Le 11 juillet 2021 à 16h41 (heure de Paris, 08h41 heure locale ), Richard Branson, fondateur de Virgin Galactic, s’est donc envolé à bord de sa navette suborbitale depuis le Spaceport America (Nouveau-Mexique). Ce vol a constitué le vingt-deuxième test en vol de la VSS Unity, l’exemplaire de l’avion-porteur SpaceShipTwo utilisé ce jour, et le quatrième vol spatial avec équipage de la compagnie. Il a également été le premier à transporter un équipage complet, composé de deux pilotes (Dave Mackay et Michael Masucci), de trois spécialistes de missionBeth Moses, instructrice en chef des astronautes chez Virgin Galactic. Colin Bennett, ingénieur en chef des opérations chez Virgin Galactic. Sirisha Bandla, vice-présidente des affaires gouvernementales et des opérations de recherche chez Virgin Galactic et du milliardaire Richard Branson. Dans le rôle du premier client, il a pu tester l’expérience que pourront vivre les futurs touristes spatiaux.

Un vol nominal de 50 minutes

Avec un report d’1h30 pour cause météorologique, l’avion porteur White Knight Two a décollé à 16h41 (heure Française). Une fois arrivé en altitude, à 14 Km (46 100 ft), la navette VSS Unity a alors été larguée. Il était 17h25. Les deux pilotes ont allumé le moteur-fusée lithergol pour entamer une ascension supersonique de 62 Km(vitesse max enregistrée Mach 3.2), jusqu’à dépasser les 76 km d’altitude (249.343ft). A l’apogée de VSS Unity, l’altitude enregistrée était de 86 Km (282.280 ft). Il était 17h27. La navette a ainsi dépassé de 6Km la frontière spatiale définie par l’US Air Force, mais pas la frontière réelle de l’espace quant à elle définie à 100Km d’altitude par la Fédération Aéronautique Internationale (FAI).

Là haut, l’équipage a pu ressentir la sensation d’apesanteur durant quelques courtes minutes, dès l’extinction du moteur, lors de la phase balistique. De son côté, le rôle du fondateur du groupe Virgin a consisté alors à tester et évaluer l’expérience que vivront les futurs clients astronautes, a priori dès 2022. A ce jour, 600 billets auraient déjà été vendus en pré-vente. On compte des billets aux noms de Leonardo Dicaprio et Tom Hanks. Des billets achetés entre 200.000 et 250.000 dollars. A 17h31, lors de la phase de descente, les ailettes de la VSS Unity se sont déployées. La navette s’est alors posée, sans encombre, sur la piste du Space Port America au Nouveau-Mexique. Il était 17h40.

Virgin Galactic, Blue Origin, Space X :  la compétition est lancée

Symptomatique de la compétition commerciale que se livrent les milliardaires opérateurs du tourisme spatial, les vols de Richard Branson (Virgin Galactic) et de Jeff Bezos (Blue Origin) sont séparés de quelques jours seulement. Le 20 juillet 2021, la fusée New Shepard emportant Jeff Bezos, son frère Mark Bezos, Wally Funk et un passager mystère doit effectivement décoller du Texas pour son premier vol habité. A la différence de la SpaceShipTwo, qui constitue une navette spatiale à elle seule, la capsule du fondateur d’Amazon se veut plus traditionnelle. Elle est placée au sommet d’une fusée propulsée par un moteur BE-3. Elle suivra une trajectoire balistique, jusqu’à retomber sur terre freinée par des parachutes. Les clients de Blue Origin dépasseront, quant à eux, la ligne de Karman des 100 Km d’altitude. En matière de tourisme spatial, à chacun son offre !

Dans cette course au tourisme spatial, le troisième compétiteur Elon Musk avec Space X est distancé. Les déconvenues de développement liés à la capsule Crew Dragon Demo-1 en sont la cause principale.Problème technique grave après le retour sur Terre en avril 2019, explosion de la capsule également en avril 2019 lors d’un test statique des moteurs.

Au total, Richard Branson et son équipe ne seront restés que 5 min en apesanteur. Jeff Bezos avec Blue Origin promet quant à lui un temps de 10min. ©Virgin Galactic

Branson n’est évidemment pas le premier touriste spatial. Rappelons-nous les premiers passagers privés qui ont séjourné à bord de la station spatiale internationale, au début des années 2000. Le ticket à l’époque était compris entre 20 et 55 millions de dollars. A 250.000 dollars, c’est presque une affaire, même si le voyage ne dure que quelques heures, le temps passé en apesanteur quelques minutes et que l’altitude atteinte ne dépasse pas 90 km. Mais de là à affirmer que Branson, Bezos et Musk démocratisent le tourisme spatial…

Jean-François Bourgain

  • Les sept premiers touristes spatiaux :

Noms

Informations

Dennis Tito

Né en 1940, cet Américain a inauguré le tourisme spatial. Ayant travaillé à la NASA au calcul des trajectoires, il rejoint l’ISS à bord du Soyouz TM-32 à l’âge de 60 ans. Son vol a duré 1 semaine.

Mark Shuttleworth

Fondateur d’une société spécialisée dans la sécurité Internet, ce Sud-Africain a atteint l’espace le 27 avril 2002 à 28 ans. Il a passé 8 jours à bord de l’ISS et participe à des recherches sur le génome après un entraînement de 1 an.

Gregory Olsen-Anoush

Né le 20 avril 1945, cet Américain est propriétaire d’une société développant des caméras infrarouges. Il part dans l’ISS à bord de la mission Soyouz TMA-7 le 1 octobre 2005. Il demeure 10 jours en orbite et participe à des expériences de télédétection.

Anousheh Ansari

Cette femme d’affaires irano-américaine, née le 12 septembre 1966 est fondatrice d’une société de télécommunication. Partie le 18 septembre 2006 avec la mission Soyouz TMA-9, elle reste 11 jours dans l’ISS et participe à des expériences sur les réactions du corps en impesanteur et le mal de l’espace.

Charles Simonyi

Hongrois né en 1948, il est le seul touriste spatial à avoir effectué 2 voyages, soit 26 jours cumulés. Son premier vol date du 7 avril 2007 (mission Soyouz TMA-10) et le second date du 26 mars 2009 (mission Soyouz TMA-14). Il prend part à des expériences médicales

Richard Garriott

Directeur d’une compagnie de production de jeux vidéo, il part le 12 octobre 2008 dans le cadre de la mission Soyouz TMA-13 à bord de l’ISS. Il y reste 12 jours.

Guy Laliberté

Né en 1959, ce Canadien est le directeur du Cirque du Soleil. Sa mission a débuté le 30 septembre 2009 et a duré 11 jours. Son objectif était de sensibiliser l’humanité aux questions liées à l’eau.

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Jean-François Bourgain

Détenteur du BIA/CAEA, Pilote Privé avion/ULM et technicien aéronautique de formation, c’est par passion du vol et du monde spatial que Jean-François Bourgain est devenu Journaliste aéronautique / espace. Il est à ce titre membre de l’AJPAE et collabore régulièrement à AéroBuzz.fr depuis 2016. Il troque parfois sa plume contre un micro pour commenter des meetings aériens ou JPO. Plusieurs collaborations de com' également dans le secteur aéronautique. CONTACT : bourgainjeanfrancois.jr@gmail.com

View Comments

  • L'agglomération de Poitiers compte 130.000 habitants, si chacun mettait 2$ on pourrait offrir un rêve à Mme Moncond'huy !
    Et puis avec ce qu'il reste on plante des arbres !

  • Il est (était ?) possible de compenser son empreinte carbone lorsqu'on voyage en avion de ligne. Ne pourrait-on pas imaginer une compensation volontaire au programme alimentaire mondial des super-riches qui s'offrent un tel "baptême de l'espace" (ou une Ferrari, ou un Yacht, d'ailleurs).
    Le jour même de cette petite balade sortait un rapport alarmant sur la reprise de l'expansion de la faim dans le monde.

  • Je serai le rabat-joie de service, en posant la question de savoir à quoi rime tout ce cirque, à l'aune d'une période qui va devenir excessivement compliquée en matière économique, humaine, sociologique, géo-politique et j'en oublie.
    Les médias en ont fait les choux gras, sans se poser aucune question.
    Il est bien entendu de bon ton d'envoyer des signaux de "tout va bien dans le meilleur des mondes" à la populasse, mais à un moment donné, il faudra bien s'enlever les peaux de saucisson que beaucoup ont devant les yeux. A commencer par les journalistes, à la fois dans le choix de leurs éditoriaux, mais aussi dans le contenu qui ne doit en aucun cas tromper le lecteur en oubliant des pans de réflexion.
    Par exemple, on peut rappeler que l'avenir d'un commerce pareil (que j'estime complètement débile mais il faut de tout pour faire un monde), tient à la baguette des technos futures permettant d'assurer les engagements mondiaux en matière de protection de notre lieu de résidence interstellaire (une baguette dont on n'a pas encore aujourd'hui trouvé la formule magique de fonctionnement).

  • L'article est bien écrit, mais pourquoi comparer les vols suborbitaux de VG et BO et la cour des grands avec SpaceX ? Rien à voir... (énergies, techniques, finances, etc.). Et son "retard" indiqué n'est en fait qu'une formidable avance en réalité. Non seulement dans les vols privés Crew-Dragon qui viennent, mais par rapport à Boeing, et les futurs concurrents des vols orbitaux. Bon, on va oublier l'environnement et l'atmosphère, ce n'est pas le sujet de l'article je crois.

  • Oublié Mike Melvill, premier Astronaute civile qui lui a dépassé les100 Kilomètres à 100,124 Kilomètres le 21 juin 2004 puis 102,91 le29 Septembre 2004, oublié le prix XPRIZE Anzani remporté par la société Scaled Composites de Burt Rutan pour ces vols.Oublié que le dispositif d'empennage repliable a été inventé par Burt Rutan qui à l'époque indiquait que l'idée lui était venue en se rappelant les dispositifs qu'il utilisait pour récupérer les planeurs qu'adolescents ils ne voulait pas perdre (voir Canard Pusher et CSA News Letter de l'époque ) .

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