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Air France de retour à Téhéran

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Martin R.

Air France annonce la réouverture de la ligne Paris-Téhéran, dès avril 2016. Elle sera assurée en A320 à raison de trois vols par semaine. En 2008, au moment de son arrêt, la liaison était opérée quatre fois par semaine en Airbus A340. Avant de retrouver le rythme de croisière d’avant les sanctions, Air France va devoir s’armer de patience…

Dans le sillage de la nouvelle « diplomatie économique » conceptualisée par Laurent Fabius, le gouvernement a demandé aux entreprises françaises de lui emboiter le pas en mettant leur stratégie de développement à l’international en phase avec les efforts diplomatiques déployés. A la suite de l’accord de Genève, signé au mois de juillet dernier, entre le « groupe de contact » et l’Iran, sur la démilitarisation de son programme nucléaire, la France a décidé de revenir en Iran, et en force. L’objectif est de capter une part du boom économique annoncé à la suite de la levée progressive des sanctions économiques imposées au pays depuis 2006.

Pour le secteur aéronautique, les responsables iraniens ont annoncé, lors du dernier salon du Bourget, un besoin de plus de 400 appareils neufs. Afin d’aider les entreprises française qui se pressent depuis à Téhéran, l’ambassade de France a inauguré, en septembre dernier une antenne locale de Business France, à l’occasion d’une mission organisée par le MEDEF qui a attiré plus de 140 entreprises.

Air France a décidé d’accompagner ce mouvement en annonçant cette semaine l’ouverture d’une ligne Paris-Téhéran, dès avril 2016. Anticipation d’un futur business ou injonction de faire de la part de l’actionnaire étatique? Dans un passé pas si lointain, la compagnie nationale était considérée comme l’un des bras armés de la diplomatie française. Ces temps semblent révolus.

Selon Amel Hammouda, directrice du réseau chez Air France, « L’ouverture d’une nouvelle ligne est une décision qui résulte avant tout d’une analyse fine du marché, de son potentiel de croissance et de sa rentabilité. Le contexte géopolitique n’est qu’une donnée parmi d’autres. Si celui-ci est favorable, tant mieux ». Clairement, aujourd’hui, le réchauffement diplomatique entre les deux pays plaide pour une ouverture rapide de la ligne. Plus précisément, d’une réouverture car, quand Air France décida de fermer la ligne Paris – Téhéran en 2008, elle effectuait la liaison 4 fois par semaine en Airbus A340. A l’époque, la valeur des échanges commerciaux entre les deux pays s’élevait à 3 milliard d’euros par an. Avec l’effet des sanctions, elle est tombée l’année dernière à moins de 700 millions.

Si elle est pionnière sur cette ligne, Air France avance néanmoins avec prudence puisque le module retenu, un A320, n’effectuera la rotation que 3 fois par semaine, dans un premier temps, pour tester la solidité du marché. Après avoir consulté les grandes entreprises françaises intéressées par l’Iran, Air France anticipe que le niveau des échanges commerciaux devrait retrouver progressivement son niveau antérieur d’avant les sanctions. Prudence donc pour la clientèle business.

Les horaires ont été conçus spécialement pour adresser ses besoins spécifiques, avec des vols opérés exclusivement dans la journée. En revanche, le remplissage de la cabine économique semble assuré par le segment VFR (Visitors, Friends & Relatives). Ce dernier s’appuie sur des tendances de fond, que les années de sanctions n’ont fait que mettre en sommeil.

En délivrant plus de 20.000 visas par an à des ressortissants iraniens, l’ambassade de France à Téhéran est un poste consulaire très actif. La France est demeurée toujours très attractive pour les iraniens, fruit de relations académiques et culturelles anciennes et jamais interrompues malgré l’embargo. A ces liens historiques, s’ajoute la forte diaspora qui a fui le pays et dont un nombre important a choisi la France, après la révolution de 1979. Enfin, la richesse du patrimoine historique de l’ancienne Perse a toujours fasciné et attiré des touristes français dans le pays.

Enfin, à la faveur du réchauffement diplomatique, la réouverture de la liaison entre Paris et Téhéran est une conséquence de la renégociation, toujours en en cours selon la DGAC, des accords aériens bilatéraux entre les deux pays.

Avant de retrouver le rythme de croisière d’avant les sanctions, Air France devra s’armer de patience car, la levée des sanctions étant progressive, de sérieux obstacles demeurent, au premier rang desquels, les transferts internationaux. Rendu à l’état de « paria bancaire », durant la période des sanctions, l’Iran a les plus grandes difficultés à payer ses fournisseurs étrangers. A titre d’illustration, le voyageur ne peut pas utiliser sa carte de crédit dans le pays et toutes ses dépenses doivent être réglées en cash. Pour Amel Hammouda, « Air France a l’expérience de la desserte de pays à spécificité, avec la mise en œuvre de mécanismes particuliers de compensation ».

« Avec cette démarche pionnière, nous regarderons à la loupe la vitesse de progression des échanges afin soit d’étoffer les fréquences soit de positionner un avion de plus grande capacité ». En pariant sur l’Iran, Air France adopte une démarche proactive et spéculative, à l’image des entreprises françaises, petites ou grandes qui voient dans l’ouverture prochaine du pays un relai de croissance à leurs activités.

Olivier J.

Après des mois de conflit, Air France est entré dans une nouvelle ère de dialogue social. © Air France
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Martin R.

Martin R. est le développeur et webmaster d’Aerobuzz depuis sa création en 2009. Développeur de formation, il a fait ses classes chez France Telecom. Il lui arrive d’oublier ses codes le temps de rédiger un article sur un nouveau produit multimedia ou sur un jeu.

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  • Air France de retour à Téhéran
    Il y a fort à parier que les Iraniens soient friands d'une échappée belle vers les grandes capitales européennes après avoir été si longtemps privés du plaisir de voyager. L'A320 risque de se révéler rapidement un peu petit...

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