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Transport Aérien

Air France va supprimer 6.560 emplois d’ici à 2022

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Gil Roy

Air France prévoit de réduire de 16% ses effectifs (41.000 salariés). Sur le secteur domestique (Hop !), la réduction est de 42%.

Dans le meilleur des cas, c’est-à-dire « sur la base d’hypothèses de reprise ambitieuses, Air France prévoit que le niveau d’activité de 2019 ne reviendra pas avant 2024. » En d’autres termes, les trois années à venir s’annoncent compliquées et les prêts de 7 milliards d’euros garantis par l’Etat français ne suffiront pas à faire face à cette crise sans précédent qu’affronte le transport aérien mondial.

La chute du trafic donne une idée de l’ampleur de la catastrophe industrielle à laquelle est confrontée la filière aéronautique dans son ensemble. « Pendant trois mois, l’activité et le chiffre d’affaires d’Air France ont chuté de 95 %, et au plus fort de la crise, la compagnie a perdu 15 millions d’euros par jour. », résume la compagnie nationale. Cette situation est d’autant plus complexe à gérer qu’elle est inédite et d’une ampleur sans précédent.

A ce stade, les compagnies n’ont aucune visibilité. Ce que confirme Air France : « La reprise s’annonce très lente en raison des nombreuses incertitudes qui persistent sur la situation sanitaire, la levée des restrictions de voyage et l’évolution de la demande commerciale. »

Les transporteurs ont redémarré leurs opérations depuis quelques semaines seulement et à petite vitesse surtout. Les communiqués de presse des uns et des autres font état d’une offre, en termes de destinations, de l’ordre de 50 à 75% de ce qu’elle était avant la crise. Sauf que la réalité est vécue différemment par les clients.

Les fréquences antérieures sont loin d’être rétablies et les annulations de vols semblent devenues la variable d’ajustement. Ce n’est évidemment pas le meilleur moyen de redonner confiance au marché. Peut-il en être autrement ?

En même temps qu’elles tentent de réanimer leurs réseaux, les compagnies aériennes entreprennent leur restructuration. Chez Air France, à ce stade, celle-ci va se traduire par 6.560 suppressions d’emploi sur un total de 41.000, et une réduction du secteur domestique. Sur les trois ans à venir, 1.020 emplois sur 2.420 vont être supprimés chez Hop !, sa filiale régionale. « En prenant en compte les départs naturels estimés, le sureffectif reste d’environ 820 à fin 2022. », précise Air France qui affirme vouloir privilégier « les mesures de volontariat, d’aménagement de fin de carrière et de mobilité professionnelle et géographique. »

De son côté, le groupe Lufthansa va supprimer 22.000 emplois. C’est également 16% de ses effectifs totaux. C’est dans les mois et les années qui viennent que se jouera la reprise. Seules les compagnies qui auront réussi à se restructurer dans ce laps de temps, seront armées. La réduction des effectifs n’est toutefois pas le seul levier.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Les "Old good days" sont derrière nous, les défis à relever pas l'humanité sont colossaux et il en va de sa survie. Ce qu'il faut critiquer, ce n'est pas untel, c'est bien l'économie neo libérale qui a laissé la porte ouverte aux moins disants, comme O'Leray en a été un des premiers promoteurs dans l'aérien, Pour ma part j'espère voir disparaitre tous ces low cost qui tirent tout le monde vers le bas. L'aéronautique doit se défendre contre ce genre de rapace quitte a y laisser quelques plumes.

  • Ce n'était pas la peine de créer la filiale Joon, pour la fermer dans la foulée et embaucher 400 PNC et maintenant chercher à se séparer de plusieurs milliers de salariés. Dire que le PDG autocariste voulait mettre des couchettes dans les soutes des avions pour les passagers en classe éco ! dire que les appareils destinés à Joon ont continué à être livrés sans aucun changement et que les passagers qui ont payé un billet pour une vraie classe éco se retrouveront dans une bétaillère ! Air France souffre des mêmes problèmes récurrents ; changement réguliers de stratégie, surcoûts liés aux pilotes et cadres supérieurs, produits de qualité inégale, accueil et service à bord aléatoire. Il faudrait essayer de copier Singapore Airlines en réduisant la taille de la compagnie et e montant en gamme. Comme ce ne sera surement pas le cas, la compagnie continuera de vivoter si elle ne disparaît pas...

    • @Etienne
      Il y avait Longtemps que personne ne s’était épanché sur le coût des pilotes....
      Votre commentaire aurait eu une chance d’être d’une plus haute portée que celle des innombrables jaloux, revanchards et autres médiocres qui ne vont pas tarder à profiter de cette aubaine que leur offre les difficultés d’AirFrance pour jubiler si il n’avait pas été si populistement commun.
      Juste pour votre info :
      -Seule la peinture de la coque et l’uniforme des hôtesses (et aussi leur salaire, effectivement comparable à ceux des hôtesses Singapouriennes, mais dans un pays au coût de la vie trois fois moindre, ça devrait vous réjouir...) étaient différents pour les passagers embarquant dans les avions de Joon. (Ceci dit, l’idée de cette marque n’etait effectivement pas bien lumineuse....)
      -Si le « coût » des pilotes, justement, est plus élevé que celui de ceux de Singapour Airlines.
      Bizarrement, leur niveau de vie est inférieur....peut-être un peu à cause des charges, taxes et autres impôts, ainsi que le prix des services en France. (Vous devez bien avoir vous même une source de revenus issue d’un de ces services et j’ose espérer que ce n’est pas comme agent de l’état, parce que sinon votre remarque serait en plus la preuve d’une grande ingratitude.....)
      -Je n’ai pas d’info. prouvant que Singapour Airlines surmonte plus facilement que les autres la crise actuelle qui touche les transports
      -J’ai une profonde aversion pour tous ceux qui se réjouissent des conséquences sociales de cette calamité sanitaire. Qu’il s’agisse des salariés d’Air France, de Hop, d’Airbus, de Corsair, et même de Ryanair ; le fait que le patron de cette dernière compagnie soit un voyou a déjà coûté beaucoup à ses employés.
      -Depuis qu’un « vrai » patron (Ben Smith) a pris les rênes d’Air France, remplaçant la longue liste des parachutés de l’état, peu compétents, je vous l’accorde (alors que la société est privée depuis trente ans, tout le monde semblait trouver ça normal...) elle se porte bien.
      Une catastrophe sanitaire dont l’origine accidentelle (recherche d’un vaccin contre le Sida mal sécurisé (cf. Professeur Montagné, prix Nobel)) et la gestion par les autorités lamentable (et pas qu’en France) a modifié le cours des choses.
      Ça devrait nous faire réfléchir à la capacité qu’ont les dirigeants actuels de gérer les affaires. Ce sont leurs décisions qui ont conduit à la crise économique qu’on vit ; parcequ’ils ont failli à anticiper sur les capacités de soin nécessaires à une épidémie ou une contamination, quelle qu’elle soit. Par les décisions dramatiques pour l’économie que ce manque d’anticipation les a poussés à prendre, et dont les conséquences ne sont en aucun cas imputables aux acteurs des industries sinistrées.
      -Les « milliards » en garantie de prêts ( ce ne sont pas des cadeaux) débloqués par l’état sont un minimum pour limiter les conséquences de cette incompétence.
      -Les mêmes milliards, débloqués par la BCE, ne sont pas non plus des cadeaux ; il s’agit d’une petite partie du trésor Européen (2500 milliards d’€) accumulé en ponctionnant fiscalement les Français, les Allemands et les Anglais...c’est notre argent !

      Alors inutile de profiter des déboires actuels d’Air France, uniquement dus à ce que je viens de développer, pour rabâcher qu’ailleurs c’est mieux ; personnellement si je trouve qu’un restaurant est meilleur qu’un autre, je m’y attable et délaisse le second. Et je me fous pas mal que le chef cuisinier de l’un soit mieux payé que l’autre.... c’est plus sain.

      • Juste une petite info tirée d’une visioconférence :
        L’Etat de Singapour a donné 12 milliards de dollars à sa compagnie nationale ( pour un chiffre d’affaires annuel d’environ 10 milliards,c’est à dire environ les 2/3 d’AF).
        Ça va leur faciliter les choses non , pendant qu’AF ,entre autres devra rembourser !

    • Merci Étienne, mais à l'exception de quelques illuminés sortis de l'ENA la mise en place de JOON n'a jamais intéressé personne. Quant aux recrutements des PNC, facile de critiquer aujourd'hui après l'arrivée de la crise, mais perdre des vols car ils ne sont pas gréée par suffisamment de PNC c'est dommage surtout dans le contexte d'il y a moins de 5 mois ou tout allait très fort. La piramide des âges ne contredit pas non plus ces recrutements.

  • Ca mérite un tour de France avec une machine qui va disparaître chez HOP afin de rendre hommage à ceux qui vont perdre leur emploi...
    Les biens pensants vont l'ouvrir bien grande !

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