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Transport Aérien

Airbus opte pour les boîtes noires éjectables

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Gil Roy

A partir de 2019, tous les longs courriers (A330, A350XWB, A380 et A321LR) qui sortiront des chaînes d’assemblage d’Airbus seront équipés d’un enregistreur de vol qui s’éjectera automatiquement en cas de situation d’urgence. Le constructeur européen a choisi d’anticiper la réglementation et même d’aller au-delà des futures règles européennes qui découlent directement du crash du Rio-Paris (AF447) et de la disparition du 777 de Malaysia Airline (MH370).

Même si ces deux événements se sont produits à cinq ans d’intervalle, il y aura un avant et un après les disparitions en mer de l’A330 d’Air France (AF447, 1er Juin 2009) et du 777 de Malaysia Airlines (MH370, 8 mars 2014). Dans le cas du Rio-Paris, l’alerte « Search & Rescue » a été donnée, par Air France, plusieurs heures après la disparition de son vol AF447. Les premiers débris ont été découverts six jours plus tard et les enregistreurs ont été remontés à la surface, deux ans plus tard.

Déclencher l’alerte le plus rapidement

Les « boîtes noires » du MH370 n’ont jamais été repêchées. L’épave n’a pas pu être localisée. L’alerte a été donnée plusieurs heures après la disparition et les quelques débris ont été découverts 18 mois plus tard. Le vol AF447 reportait automatiquement sa position toutes les 10 minutes via le système ACARS. Il n’existe aucun rapport de la position du vol MH370. Des signaux captés par un satellite (Immarsat), à intervalle d’une heure environ, ont permis de circonscrire une zone de recherches de plusieurs millions de kilomètres carrés.

Ces deux accidents qui ont fait prendre conscience à la communauté aéronautique de la limite des moyens actuels. Le suivi en vol repose sur les émissions des transpondeurs (ADS-B) et les radiocommunications (VHF, HF, Satcom). Les émissions des transpondeurs comme celles des radiocommunications VHF sont inopérantes en zones désertiques, polaires et au milieu des océans. Les communications HF sont affectées par conditions de propagations ionosphériques. Il n’y a pas de couverture Satcom en zone polaire pour certaines constellations.

La détection de la situation de détresse dépend des balises de détresse (ELT, Emergency Locator Tranmitter) conçues pour se déclencher à l’impact. Au vu des événements antérieurs, il apparaît que dans la plupart des accidents, le signal de l’ELT ne fonctionne.
 De plus, ils ne transmettent pas sous l’eau.

Enfin, la récupération des enregistreurs de vol est dépendante du bon fonctionnement des balises fixées aux enregistreurs. Jusqu’à récemment, la durée d’émission était limitée à 30 jours ce qui apparaît court pour des opérations de recherches loin des côtes.

Une réglementation en pleine évolution

En attendant de mettre au point un nouveau système de localisation et de déclenchement de l’alerte, l’OACI a décidé d’optimiser l’existant. L’Union européenne a inclus ses recommandations dans sa réglementation. En résumé, avant fin 2018, les avions devront être en mesure de reporter leur position toutes les 15 minutes (moins sur les zones océaniques). L’OACI, comme l’Union européenne, recommandent la mise en œuvre d’un système de détection d’opérations anormales.

Dès janvier 2021, en cas de détection d’une situation anormale, un rapport de position devra être émis toutes les minutes pour localiser l’avion à moins de 6NM du lieu d’impact. Les moyens mis en œuvre font appel à la deuxième génération de balise ELT en cours de développement qui intègre la position GPS. L’envoi du message de détresse se fait automatiquement dans les 5 secondes qui suivent la détection de la situation d’urgence via la constellation Cospas Sarsat qui couvre 100% du globe.

Airbus assure

Airbus a donc décidé d’anticiper cette échéance de janvier 2021 et affirme qu’il sera en mesure d’équiper tous ses futurs longs courriers, dès 2019, d’un enregistreur de vol éjectable en cas de situation de détresse. Cette boîte noire développée en partenariat avec L3 Com est baptisée ADFR pour Automatic Deployable Flight Recorder. Elle combine l’enregistreur de voix et celui des paramètres. Sa capacité est de 25 heures. Elle est équipée d’une balise de détresse couplée à un GPS.

L’ADFR sera installé dans la dérive, à environ mi-hauteur, et raccordé à un double circuit de détection de déformation de la structure et de détection hydrostatique. La complexité de l’installation interdit quasiment le montage sur des avions déjà en service. Le retrofit est économiquement non viable.

Ce qui apparaît comme une avancée capitale pour le transport aérien, est en fait depuis longtemps une réalité dans le secteur militaire. On notera que Boeing, sans doute pour éviter de se lancer dans des développements coûteux, se contente de répondre à l’évolution de la réglementation, sans surenchérir.

La prochaine échéance est imminente. A partir de 2018, l’autonomie de la batterie des balises montées sur les enregistreurs de vol devra être portée à 90 jours, contre 30 actuellement. Cela pour augmenter les chances de localiser l’épave. Dans le même but, Dès janvier 2019, les avions devront être équipés d’une balise basse fréquence LF- ULB attachée à l’avion, émettant sur 8,8 kHz, d’une portée de 12 NM, soit 22 km.

L’étape suivante sera la transmission des données par satellite dès la détection d’une situation de détresse. Elle n’est pas envisagée avant 2025. D’ici là, il faudra avoir résolu une foule de problèmes d’ordre technique et légal, comme la disponibilité des satellites, la capacité des bandes passantes, le cryptage des données, leur réception ou encore leur sécurisation.

Sur les 20 dernières années (1996-2016), le BEA (Bureau d’enquêtes et d’analyses) a recensé 42 accidents en mer dont 26 impliquant des gros-porteurs. Deux d’entre eux ont causé un traumatisme qui a contribue aux progrès actuels.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • 76 ans apres des gouttes d huile continuent leur remontee incessante d un des batiments coules a Pearl Harbor en 1941 a l endroit meme du memorial erige a fleur d eau.
    Si par exemple un liquide special fluo etait ajoute aux teintures et a la decoration interieures des fauteuils, rideaux et tissus de l appareil? En cas d immersion, ce liquide en contact avec de l eau salee remonterait inlassablement a la surface. Une proposition qui peut paraitre candide mais l exposer n engage a rien.

    • Bonjour
      L'idée n'est pas candide, ce principe peut être associé à une boite noire (orange) éjectable, une jeune garçon, aux Etat Unis je crois, avait émis l'idée d'un boite largable, et flottante.

      Le liquide flottant aurait l'avantage de faciliter la recherche à partir du point de crash, surtout s'il y a des survivants, la boite éjectable eut dérivée et être éloignée de l'épave, le repérage par un fluide aura son point de départ sur la zone de crash.

      La balise émettrice peut aussi être altérée pendant le crash.

      Pour ce qui est des idées, certains intellectuels peuvent l'occulter par d'une part le mépris, de ce ceux, qui n'ont poursuivis des longues études, mais, qui peuvent avoir de bonnes idées.
      Et d'autre part pour un problème de propriétés intellectuelles, ou de brevet.
      Voler les idées et les inventions des autres, c'est très fréquent, même dans le monde aéronautique;
      Les idées, et les prolongements étant publiées sur ce forum, il ne sera plus possible de les utiliser comme une idée originale, et revendiquer des droit à la propriété intellectuelle, ou à un brevet d'invention.

      Je suis aussi dans une association et un syndicat d'inventeurs, à ce titre, je suis sensibilisé à ces problématiques.
      Pour ce qui est l'aéronautique, il me semble probable, que des solution concernant la sécurité, et la recherche de victimes aient été volontairement occultées pour justement spolier des inventeurs, ou auteurs d'idées, afin de contourner des droits éventuels, le plus souvent pour les brevet d'invention, c'est de différer, les applications le temps, qu'un brevet tombe dans le domaine public.
      L’Histoire des inventions, et de l’aéronautique est pleine d’exemples de spoliations.
      http://inventeur-retraite.blog4ever.com/

      Cordialement
      P COUTANT

  • Juste une question : a quel moment exact les balises vont elles être éjectées ?
    Bah oui, trop tôt et il manquera des données cruciales pour comprendre le crash, trop tard et elles resterons coincées dans les débris de l'appareil ou le système ne fonctionnera pas suite a la destruction totale des ordinateurs de bord.

    • Bonjour

      Techniquement, il assez facilement concevable de recopier en temps réel les données des enregistreurs de vol, et des enregistrements du cockpit.
      Cette balise aura déjà les éléments si les deux enregistreurs sont détruits, ou inaccessibles.
      Cordialement
      P COUTANT

  • Je pense que ce sera très efficace ce système à condition d'avoir une balise émettant des signaux via par satellite pour le repérage sera t'elle dans l'environnement de l'avion ,le temps entre l'éjection des boîtes noire et le lieu du crash entre 5 à 10kms aux alentours ? avec un système de parachutage pour réceptionner les boîtes en bonne état une fois au sol

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