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Transport Aérien

La Cour des Comptes se paie les aéroports de Dijon et Dole

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Gil Roy

Dans son rapport 2015, la Cour des Comptes met en lumière la concurrence que se livrent les aéroports de Dijon-Longvic (Côte-d’Or) et de Dole-Tavaux distants de 50 km. Entre 2010 et 2013, 31,8 M€ ont été investis pour de développement des deux plates-formes dont le trafic cumulé n’atteint pas 150.000 passagers par an.

La chambre régionale des comptes Bourgogne, Franche-Comté, a fait l’addition. Entre 2010 et 2013, toutes aides confondues, elle affirme que 21,9 M€ ont été engagés pour le développement de l’aéroport de Dijon-Longvic et 9,9 M€ pour l’essor de la plate-forme de Dole-Tavaux, soit au total 31,8 M€. « Au terme de la délégation de service public (DSP) de l’aéroport de Dole, fin 2016, avec le financement d’une nouvelle aérogare et la poursuite des subventions versées à l’aéroport et aux compagnies aériennes, ce montant dépasserait 42 M€ », peut-on lire dans le rapport 2015 de la Cour des Comptes. Rapporté aux 150.000 passagers accueillis en 2014, sur les deux plates-formes, ce montant apparaît, évidemment, exorbitant.

« Faute de concertation entre les gestionnaires et les financeurs des deux aéroports distants de moins de cinquante kilomètres, s’est instaurée une concurrence due à des objectifs stratégiques très proches. Il en est résulté des aides à l’investissement et au fonctionnement, et des aides aux compagnies aériennes élevées au regard du trafic des aéroports. », résument les rapporteurs. Jusqu’à l’été 2014, l’aéroport de Dijon était financé par la région Bourgogne, le département de la Côte-d’Or, la communauté de l’agglomération dijonnaise (COMADI) et la CCI de la Côte-d’Or. Jusqu’à cette date, son gestionnaire était la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de la Côte-d’Or, remplacée depuis lors par la SNC-Lavalin pour une durée de seize mois. L’aéroport civil de Dijon est situé sur l’emprise de la base aérienne 102 à Longvic. Le ministère de la Défense a décidé, en octobre 2013, de se désengager, à compter de 2014, de l’entretien du site et de sa sécurité. Quant à l’aéroport de Dole, il est subventionné principalement par le département du Jura et la région Franche-Comté. Depuis 2007, il est propriété du département du Jura et son gestionnaire est une société commerciale constituée de la CCI du Jura et de la SA Keolis, dans le cadre d’une délégation de service public (DSP).

Aux investissements publics réalisés par les collectivités territoriales, viennent s’ajouter des aides au fonctionnement. A Dijon, entre 2010 et 2013, elles ont représenté en moyenne 0,9 M€ par an, et à Dole, 0,66 M€ par an. « Le fait que les équipements partageaient un même marché étroit et développaient depuis 2011 des stratégies concurrentes s’est traduit aussi par une dispersion des aides publiques au fonctionnement, alors que ces aides auraient gagné à être concentrées sur un site unique, afin de réaliser des économies d’échelle », affirme la Cour des Comptes. Les collectivités ont également subventionné les compagnies qu’elles ont attirées sur leur aéroport respectif. « Rapportées au trafic 2010-2014, les subventions pour l’aide aux lignes régulières à Dijon Les quatre financeurs de l’aéroport de Dijon ont versé 3,27 M€ à la compagnie Eastern Airways, dont 2,28 M€ au titre de l’aide aux lignes et 0,99 M€ au titre des contrats de marketing. La région Bourgogne a aussi accordé 0,50 M€ à la compagnie en investissement pour aider son implantation, ainsi qu’un prêt de 0,25 M€ en 2011, à un taux bonifié de 1,73 % sur sept ans avec différé d’amortissement de deux ans. se sont élevées à environ 45 € par passager transporté. À Dole, les subventions versées aux compagnies aériennes à bas coûts Dans le Jura, les aides aux compagnies aériennes se sont élevées à plus de 2,51 M€ entre 2011 et octobre 2013, dont 0,15 M€ en 2011, 1,10 M€ en 2012 et 1,26 M€ en 2013. se sont élevées à environ 23 € par passager ».

Au final, la Cour des Comptes estime que les objectifs étaient ambitieux et que les résultats sont décevants. Si le trafic cumulé des deux aéroports à augmenté, il reste néanmoins inférieur à 150.000 passagers et donc très loin du seuil permettant généralement de dégager un excédent brut d’exploitation.

Pour leur défense, les collectivités locales de Bourgogne et de Franche-Comté rappellent le rôle joué par l’Etat. En ce qui concerne Dijon-Longvic, le Président du conseil régional de Bourgogne insiste sur le fait que, sur la période 2003-2014, « l’Etat est resté le propriétaire et l’affectataire (principal et secondaire) de l’aéroport. A ce titre, il a largement orienté les décisions des collectivités (région Bourgogne, département de la Côte-d’Or et Grand Dijon) en en définissant lui-même les paramètres aussi bien sur la pérennité de la base aérienne 102 (en tant que propriétaire) que sur la concurrence avec l’aéroport de Dole-Jura (en tant qu’autorité de régulation et pourvoyeur de services réglementés, dont la navigation aérienne) ». Quant à Dole-Tavaux, la présidente du conseil régional de Franche-Comté rappelle qu’en 2006, les élus se sont prononcés contre le transfert de l’aéroport à la Région : « la Région considérait alors un niveau d’activité trop faible lié à sa zone de chalandise, ne laissant pas d’espoir sur un hypothétique équilibre financier et un très faible intérêt stratégique régional en termes d’accessibilité au transport aérien ». L’Etat lui a forcé la main, comme la loi de décentralisation du 13 août 2004, lui en donnait la possibilité.

La fusion des régions Bourgogne et Franche-Comté pourra peut-être apporter un début de solution au problème mis en lumière par la Cour des Comptes. Il sera alors évident, pour la future grande région, qu’elle n’a pas les moyens d’entretenir deux aéroports commerciaux à cinquante kilomètres de distance.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • La Cour des Comptes se paie les a
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  • La Cour des Comptes se paie les aéroports de Dijon et Dole
    La cour des comptes serait bien inspirée de s’intéresser au terrain d' annecy où comme par hasard on retrouve un exploitant bien connu des milieux aéroportuaires qui fait des promesses de développement de trafic mais la seule chose qui décolle ce sont les subventions !!!

    • La Cour des Comptes se paie les aéroports de Dijon et Dole
      Meme si le ridicule ne tue pas, quand on écrit de telles imbécilités on a bien raison de le faire sous un pseudo. Basé a LFLP depuis plus de 20 ans, j'en connais des clowns -- au Conseil Géneral, a la CCI de Haute Savoie, dans les mairies avoisinantes du terrain et parmis certains braves dirigeants de l'Aéro-club, mais ce commentaire gagne le gros lot.

  • La Cour des Comptes se paie les aéroports de Dijon et Dole
    il faut savoir faire un choix
    nous avaons dèjà loupé le grand canal !!!il y a quelques années nos grands hommes de l'èpoque Duhamel Jacques ,Faure edgar et bien d'autres avaient établi que la région doloise serait le centre de l'Europe grace à ses infatsructures (rail ;routiers;air ;voies navigables !!!dommage les suivants ont tout brader
    alors laisser nous notre aeroport

  • La Cour des Comptes se paie les aéroports de Dijon et Dole
    Et des Rafales à 123 millions d'Euros l'unité c'est rentable? Et des missiles à 1 million € l'unité c'est rentable? Et un porte-avion ou un sous-marin nucléaire à 4-5 milliards € c'est rentable? Et la cour des comptes avec ses centaines de guignols inutiles à 10-15.000€/mois, vu que ses remarques ne sont qu'informatives, sans aucune obligation ni amende à la clé, c'est rentable?... Alors qu'elle s'occupe des méga gaspillages inutiles et qu'elle laisse la Province tranquille, nous aussi on a le droit d'avoir des lignes, évidemment à haute densité et low cost, la mayonnaise va prendre toute seule et rapidement, à condition de faire de la pub à tout va, et de partager les frais avec 1 ou 2 escales dans d'autres régions voisines et isolées, comme le font les autocars de tourisme!... Je rappelle que 150h de Boeing 737 (de quoi amener des Anglais/Hollandais/Nordiques une fois par semaine en été et retour, et nos seniors au soleil espagnol en Hiver... ) à 150 pax, ne coutent que 1 million €!...

    • La Cour des Comptes se paie les aéroports de Dijon et Dole
      Votre commentaire est soit une blague (et alors on peut rire), soit une confusion totale des genres. En effet, vous assimilez des équipements utilisés pour la défense nationale et la préservation de nos intérêts vitaux à des infrastructures aéroportuaires commerciales. La notion de rentabilité que vous évoquez n'a pas lieu d'être pour des missiles, des avions de combat ou autres équipements. Par contre, l'argent public (vos et mes impôts) n'ont pas lieu de subventionner des compagnies aériennes, d’origine étrangère et qui favorisent des contrats de travail dopés et des sociétés d’exploitation privées d'aéroport, surtout à 50 km de distance l'une de l'autre . Il y a là un vrai problème et la cour des comptes a grande raison de s'y pencher ,surtout depuis que la Franche Comté et la Bourgogne ont décidées de faire un bout de chemin ensemble.

  • La Cour des Comptes se paie les aéroports de Dijon et Dole
    et bien la boucle et bouclée, depuis le temps, il y a eu
    l'intervention de la cour des comptes pour enfin avoir la transparence sur le sujet. ayant assisté au projet renaissance il c'est avéré que beaucoup d'érreurs se sont
    produite, suite a une mauvaise gestion, et les personnes
    politiques n'ont pas été a la hauteur, le déficit c'est accentué aux détriments des citoyens que nous sommes
    sous la forme de nos impôts bien entendu.

    donc maintenant il faut fermer définitivement ces deux
    aéroports qui ne sont plus rentable.

    • La Cour des Comptes se paie les aéroports de Dijon et Dole
      bonjour eh oui DIJON ça marche pas ,j ai jamais compris que dans une agglomeration comme ça 250000 habitants il n y ai pas 2 ou 3 pelerins pour prendre un avion,ni que, avec le tourisme on n arrive pas avoir soit une ligne réguliere avec londres bruxelle ou amsterdam,dijon pourrait servir d etape et embarquer ou recevoir des personnes sur une destination vers la sud nice ,ou l epsagne ou le maroc, chaque fois qu on supprime la subvention ,les lignes ont fermé direct,la ville et les compagnie n ont qu à faire leur promos !Dole à 40 km fonctionne à grand coups de subventions aussi ! et orly n est pas trés loin , lyon non plus, pas de quoi etre optimiste restera des avions taxis en attendant de livrer le terrain aux promoteurs ,ça fera rentrer des impots fonciers et des taxe d habitations au moins !!!!!!!!

  • La Cour des Comptes se paie les aéroports de Dijon et Dole
    Une analyse qui laisse un gout amer. On suppose que la Compagnie Eastern Airways aura su tirer profit de ce jeu avec au total 3,57M.eur et un pret.
    Une situation effectivement comparable a celle du grand-Ouest au niveau du manque d etudes et d analyses serieuses de rentabilite encadrant un projet. Par ailleurs dans le grand-Ouest les plateformes concernees sont rentables et tres au-dela des 150.000 passagers/an. Les supposes enjeux economiques montes par le gouvernement ont ete demontes par des experts serieux.
    Ah,si seulement les services de la Cour des Comptes pouvaient etre sollicites avant afin d anticiper virtuellement les pertes!

    • La Cour des Comptes se paie les aéroports de Dijon et Dole
      Bonjour,

      Dans le Grand Ouest l'optimisme n'est pas partagé par tous sur l'avenir des plateformes comme évoqué par la presse régionale (cf. articles Le Télégramme et Ouest-France):

      "Actualité France Toute la rubrique Economie Entreprise Bretagne Aéroports bretons. Nuages noirs à l'horizon 8 décembre 2014 Y a-t-il trop d'aéroports en Bretagne ? Sont-ils devenus un luxe que certaines collectivités ne pourront plus se payer ? Sur les onze existants, plusieurs semblent menacés à courte échéance"

      © Le Télégramme

      Article Ouest-France en pièce jointe.

      Cordialement.

  • La Cour des Comptes se paie les aéroports de Dijon et Dole
    Bonjour,
    L'avenir des petites plateformes aéroportuaires françaises est compromis et la situation évoquée pour Dijon et Dole n'est pas unique. Le député Bruno Leroux, dans son rapport sur la compétitivité du transport aérien a mis l'accent sur la dispersion des efforts. Le rapport souligne que "la France compte un aéroport pour 358 000 habitants, à comparer à 4,3 millions d'habitants en Allemagne". La France ne pourra pas faire l'économie d'une réorganisation de son réseau aéroportuaire en privilégiant les grandes plateformes régionales s'appuyant sur des zones à potentiel avérées.
    Cordialement

  • La Cour des Comptes se paie les aéroports de Dijon et Dole
    Ce rapport sort alors que la messe est dite...!
    Départ de militaires de la BA 102 (fermeture définitive en juillet)et arrêt de la ligne Easthern airways.
    A Dijon la coquille est vide maintenant.
    Dole sort vainqueur.
    Dijon était quand même bien enclavé dans la ville.

    Espérons que la fusion des régions nous apportera un service aérien intéressant et que des actions dynamiques seront mise en place (avec le secteur privé) pour utiliser cette plateforme bien équipée.

  • La Cour des Comptes se paie les aéroports de Dijon et Dole
    Cette analyse d'une concurrence coûteuse est intéressante à observer... en déplaçant le regard plus à l'Ouest.

    Comme pour certains tout est bon quand il est question de dénigrer le futur aéroport "pharaonique" du grand ouest, il est de bon ton d'énoncer doctement qu'il conviendrait plutôt de développer Rennes, Angers etc...

    On voit là ce que coûte réellement cette dispersion – sans parler de l'effet d'aubaine que ça représente pour une lowcost bien connue, habituée à vivre des subventions publiques–...

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