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Le transport aérien américain se porte presque très bien

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Pierre Sparaco

Après une longue phase de convalescence, le trafic reprend lentement des couleurs aux Amériques. Le marché étant arrivé à maturité, ses évolutions sont scrutées avec beaucoup d’intérêts ailleurs dans le monde.


Les économistes et autres analystes financiers ne quittent pas le transport aérien américain des yeux. En effet, pour des raisons historiques, il permet de déceler toute nouvelle tendance avant qu’elle ne se concrétise ailleurs dans le monde, et cela malgré les écarts entre les différents marchés de la planète. D’autant plus que l’Amérique du nord constitue désormais une zone arrivée à maturité, dont le taux de croissance, même en période de hausse conjoncture, reste modéré.

ID Aéro, dans ses statistiques les plus récentes, fait ainsi apparaître une progression de trafic de 1,9 % pour les Amériques, une augmentation identique de la capacité offerte et, de ce fait, un coefficient moyen d’occupation des sièges stable de 81,7 %, au demeurant de très bon niveau. Mais cette évolution est très en-deçà de celle d’autres marchés, notamment, de la zone Afrique/Moyen-Orient (9,7 %) et de l’Asie-Pacifique (8,7 %). Aussi en arrive-t-on à se demander si les Amériques, et plus particulièrement les Etats-Unis, sont à présent stabilisés, après l‘interminable et lente remontée qui a suivi le cataclysme de septembre 2001 puis les violents chocs financiers plus récents. Il conviendrait d’ailleurs d’élargir l’analyse à une période plus vaste en la faisant commencer à l’Airline Deregulation Act de 1978.

Curieusement, en cette matière, les éléments d’appréciation sont encore incomplets, encore que des tendances fortes se matérialisent imperceptiblement. Ainsi, l’IATA souligne que les regroupements (la « consolidation ») ont dominé ces dernières années avec, on le sait, des résultats contrastés qui n’ont pas nécessairement ceux qui étaient attendus. A tout moment, des voix se sont élevées, en effet, pour exprimer de sérieuses craintes quant au maintien d’un niveau de concurrence adéquat, du point de vue des consommateurs, tout au moins. On a pu le vérifier il y a peu quand le département de la Justice s’est violemment opposé (mais sans succès) à la fusion d’American Airlines et US Airways.

Un point de repère, et un seul, explique pourquoi les associations de consommateurs ne donnent pas plus souvent de la voix : en valeur constante, les tarifs intérieurs américains tendent à diminuer. Interrogé par l’IATA, John Heimlich, chef économiste du groupement professionnel Airlines for America (« A4A »), estime qu’en 13 ans, c’est-à-dire depuis 2000, les tarifs moyens ont diminué de 15 %. Et, depuis 1990, ils ont reculé de 30 % environ. A partir de ce constat, tout le reste n’est que littérature.

Très diplomates, les experts d’A4A ne s’attardent guère à l’évolution du rapport des forces entre compagnies traditionnelles (« legacy carriers ») et le groupe low cost mené, pour l’essentiel, par Southwest Airlines et JetBlue Airways. On le comprend d’autant plus facilement que Southwest (100 millions de passagers par an) peine à maintenir des prix inférieurs à ceux de ses concurrents, lesquels ont réalisé des prodiges en matière de productivité. Et cela malgré la lenteur de leurs investissements, le renouvellement de leurs flottes ayant été retardé à maintes reprises, faute de marges bénéficiaires suffisantes. Actuellement, dit John Heimlich, les principales compagnies investissent en moyenne un milliard de dollars par mois, preuve d’une bonne santé retrouvée.

Encore faut-il s’entendre sur les mots, la rentabilité du secteur tout entier restant très médiocre. Et l’A4A se plait à l’exprimer en langage imagé : les bénéfices correspondent à 2,1 cents par dollar de recette ! Pour le reste, la complainte des directeurs financiers ressemble étrangement aux propos tenus en Europe, qu’il s’agisse du prix du carburant et, plus étonnant, du niveau des taxes, environ 20 % du prix d’un billet moyen de 300 dollars environ. Soit 19 milliards de dollars versés en 2012 à l’Etat fédéral. Les alcools ne sont taxés qu’à 11 %, les armes à feu à 10 %, la bière à 5 % et le transport ferroviaire (réduit à la portion congrue, il est vrai) bénéficie d’un traitement de faveur, clame le lobby aérien.

Reste à savoir si cette situation préfigure celle qui va peu à peu s’installer ailleurs dans le monde. Et, là, les avis restent partagés.

Pierre Sparaco

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Pierre Sparaco

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