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Transport Aérien

Les compagnies aériennes revoient leurs prévisions à la baisse

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Gil Roy

A quelques jours de l’ouverture du salon du Bourget (17-23 juin 2019) où les avionneurs vont se livrer, comme à l’accoutumée, à une surenchère d’annonces de contrats, l’Association du transport aérien international révise à la baisse ses prévisions sur les profits de l’industrie aérienne mondiale en 2019. IATA table désormais sur 28 milliards $ de profits au lieu des 35,5 Md$ annoncés en décembre 2018. En cause l’augmentation des coûts, la guerre des prix que se livrent les compagnies et les menaces de Trump.

En 2019, les compagnies aériennes devraient prendre livraison de plus de 1.770 nouveaux aéronefs, dont plusieurs remplaceront des appareils plus vieux et moins efficaces sur le plan énergétique. La flotte commerciale mondiale augmentera ainsi de 3,67 %, pour atteindre plus de 30.697 aéronefs. Cela permettra d’améliorer de 1,7 % l’efficacité énergétique, qui sera de 22,4 litres pour 100 tonnes-kilomètres offertes. Néanmoins, IATA prévoit que les coûts dans l’ensemble devraient augmenter de 7,4 %, dépassant l’augmentation de 6,5 % des recettes.

Les marges en baisse

« L’environnement d’affaires des compagnies aériennes s’est détérioré avec la hausse des prix du carburant et l’affaiblissement considérable du commerce international. », explique l’Association du transport aérien international. Par conséquent, les marges nettes devraient se réduire à 3,2 % (plutôt que les 3,7 % de 2018). « Le bénéfice par passager déclinera de façon semblable pour s’établir à 6,12 $ (plutôt que 6,85 $ en 2018). »

Les marges s’amenuisent en raison de l’augmentation des coûts à tous les postes, y compris la main-d’œuvre, le carburant et les infrastructures. La concurrence féroce à laquelle se livrent les compagnies aériennes empêche l’augmentation des rendements. IATA craint aussi que « l’affaiblissement du commerce mondial va probablement s’accentuer avec l’intensification de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Cela touche en premier lieu l’industrie du fret aérien, mais le trafic de passagers pourrait aussi être affecté par l’augmentation des tensions. »

Forte hausse du prix de baril de pétrole en 2 ans

En 2018, le carburant a atteint 71,6 $ par baril de Brent. IATA estime qu’il va se maintenir à ce niveau élevé en 2019, la moyenne prévue étant de 70,0 $ par baril de Brent. Ce prix est de 27,5 % supérieur à celui de 2017, qui était de 54,9 $ par baril de Brent. Le carburant représente 25 % des frais d’exploitation (contre 23,5 % en 2018). Les coûts unitaires non liés au carburant devraient augmenter, passant de 39,2 cents à 39,5 cents par tonne-kilomètre offerte. Cela est attribuable à l’augmentation des coûts de main-d’œuvre, d’infrastructures et d’autres postes. L’ensemble des dépenses devrait augmenter de 7,4 % pour atteindre 822 milliards $.

Les recettes dans l’ensemble ne suivent pas la hausse des coûts. Pour 2019, IATA prévoit des recettes totales de 865 milliards $ (6,5 % de plus qu’en 2018).

Le fret aérien au point mort

Côté fret aérien, après des résultats exceptionnels en 2017 (croissance de 9,7 %), la croissance de la demande dans le secteur a ralenti à 3,4 % en 2018. IATA s’attend à ce qu’elle soit nulle en 2019, avec des volumes de fret de 63,1 millions de tonnes (contre 63,3 millions de tonnes en 2018), en raison de l’impact des tarifs commerciaux plus élevés. Les rendements du fret aérien devraient être stables en 2019, après une amélioration de 12,3 % en 2018, alors que les coefficients de charge vont encore décliner et que les conditions d’offre et de demande s’affaiblissent.

Baisse estimée à 2,4 points de la croissance du transport de passagers

Côté passagers, IATA prévoit que la croissance de la demande devrait être plus forte que celle du fret aérien. Cela est dû au fait que la croissance du PIB mondial devrait demeurer relativement forte, à 2,7 %, quoiqu’inférieure à celle de 2018 (3,1 %). Les gouvernements et les banques centrales ont réagi au ralentissement de la croissance économique par des politiques de soutien, qui compensent la faiblesse du commerce.

Mais la croissance économique et les revenus des ménages vont tout de même croître plus lentement, de sorte que la demande de transport de voyageurs, mesurée en kilomètres-passagers payants, devrait augmenter de 5,0 % (contre 7,4 % en 2018). Les compagnies aériennes ont réagi à l’affaiblissement de l’environnement de croissance en réduisant l’expansion de leur capacité à 4,7 % (ASK). Le nombre total de passagers devrait atteindre 4,6 milliards (contre 4,4 milliards en 2018).

Les conséquences de la guerre économique sino-américaine

IATA estime que les risques de détérioration sont importants. « L’instabilité politique et les conflits potentiels ne sont jamais de bons présages pour l’industrie aérienne. La multiplication des mesures protectionnistes et l’escalade des guerres commerciales sont encore plus critiques. Alors que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s’intensifie, les risques qui pèsent sur l’industrie du fret aérien déjà assiégée augmentent. Et bien que le trafic de passagers se maintienne, les conséquences de l’aggravation des relations commerciales pourraient être contagieuses et nuire à la demande. »

Dans ce contexte, IATA prévoit que toutes les régions verront leur rentabilité diminuer, à l’exception de l’Amérique du Nord et de l’Amérique latine. Les différences entre régions demeurent importantes. « Les transporteurs d’Europe doivent s’attendre à des bénéfices nets de 8,1 milliards $ (contre 9,4 milliards $ en 2018). Cela correspond à un bénéfice net par passager de 6,75 $ et à une marge nette de 3,7 %. »

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • La mise à pied des B737 max n'est pas comptabilisée dans cette prospective par souci de neutralité?
    Ces centaines d'avions parqués dans l'attente de leur re-certification doivent tout de même impacter le business?

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