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Les parkings de Châteauroux-Déols se remplissent

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Martin R.

Misant sur sa situation géographique et ses hectares de parkings aéronautiques, la plate-forme de Châteauroux-Déols ambitionne de devenir le premier centre européen de stockage, de reconditionnement et de démantèlement d’avions d’occasion. La crise que traverse le transport aérien pourrait accélérer la réalisation de cet objectif.


Martin Fraissignes se défend de jouer la carte de la crise : “ le marché existe et nous avons choisi de nous positionner dessus depuis six à sept ans déjà. Aujourd’hui, il ne fait que prendre une importance accrue de manière tout à fait conjoncturelle et nous sommes en mesure de faire face à la poussée de la demande ”. A fin novembre, une douzaine de gros porteurs étaient stockés sur les parkings de l’aéroport de Châteauroux-Déols dont il est le directeur. “ D’ici à un ou deux mois, il devrait y en avoir une trentaine : de l’ancien, du sonore et du non utilisé. Nous avons fait une information auprès des propriétaires, qu’il s’agisse de banques, de sociétés de leasing ou de compagnies aériennes, en mettant en avant non seulement nos capacités de stockage mais également la présence sur le site d’un atelier de maintenance aéronautique JAR145. Exception faite des appareils les plus anciens et des non remotorisables qui devront être démantelés, la plupart des autres vont revoler à plus ou moins brève échéance ”.

“ Indépendamment de la crise à laquelle est confrontée le transport aérien, le besoin de stockage est une constante. Les machines changent souvent de mains ce qui entraîne à chaque fois une immobilisation allant d’un à six mois ”. Par ailleurs, malgré le retournement actuel de conjoncture, les deux grands constructeurs aéronautiques tablent toujours sur un triplement de la flotte mondiale dans les vingt ans à venir et le retrait progressif de plus de 4000 appareils.

Compte tenu du poids relatif des Etats-Unis dans l’économie du transport aérien, jusqu’à présent, le marché était logiquement détenu par des sociétés américaines. Le développement du transport aérien en Europe et la position occupée désormais par Airbus, légitiment d’un point de vue économique l’émergence d’une industrie similaire en Europe. Très tôt, dès le milieu des années quatre-vingt-dix, Châteauroux a affiché ses ambitions. “ Nous sommes idéalement situés, ce qui nous permet, compte tenu de nos infrastructures, de viser la première place sur le marché européen, moyen-oriental et africain, qui constitue la deuxième zone, par son importance, après les Etats-Unis ”, précise Martin Fraissignes.

Fin 1999, il est allé visiter les grands sites américains de démolition et de stockage en Floride, Californie, Arizona et au Nouveau-Mexique qui opèrent évidemment à une autre échelle. « Lors de ce voyage, nous sommes devenus membre de l’International society of transport aircrafts trading (ISTAT ) qui regroupe 600 compagnies, banques, société de leasing assureurs et brokers. Ces marchands d’avions constituent notre cœur de cible. En mars 2001, nous avons participé à la convention de l’ISTAT qui a eu lieu à Tucson (Arizona) pour présenter notre offre et en octobre dernier nous avons parrainé la conférence européenne qui s’est tenue à Venise. Aujourd’hui nous profitons des retombées de ces deux manifestations ”.

Outre ses 40 hectares de parking pouvant accueillir 40 à 50 gros porteurs, l’aéroport met en avant la présence, sur le site, de la société de maintenance aéronautique EBS et de l’atelier de peinture ATE, toutes deux installées à l’intérieur d’un hangar de 16000 m2 datant de l’époque où Châteauroux était une importante base arrière de l’armée américaine. C’est une condition indispensable au développement de l’activité, quelle que soit la raison pour laquelle l’avion atterrit ici, et quelle que soit également sa destination finale.

Un appareil en bout de potentiel voué à la démolition est entièrement démantelé. Tous les systèmes, tous les circuits, toutes les pièces sérialisées sont démontés afin d’être revendus. Ces travaux lourds font appel à des mécaniciens habilités à opérer sur le type d’avion. Le démontage d’un B747-100 demande 3 mois de travail et quelques 3000 heures de main d’œuvre.
Les premiers appareils traités sur le site ont été des Airbus A300, en particulier ceux d’Air Inter au moment de sa fusion avec Air France. Ils ont été stockés cinq à six ans avant de finir entre les mains des ferrailleurs.
Le cas des avions retirés temporairement du service, que ce soit pour des raisons économiques ou pour un changement de propriétaire, est radicalement différent. Le stockage doit être opéré selon les préconisations du constructeur. L’appareil est calfeutré et une fois par semaine il est aéré, les moteurs sont mis en marche, les circuits mis en pression. A intervalles réguliers, les mécaniciens doivent également le faire rouler. Avant de retrouver sa place dans une flotte, il doit subir une mise à jour des consignes de navigabilité et des bulletins service, sa cabine est généralement reconfigurée et il est repeint aux couleurs de sa nouvelle compagnie. C’est le travail que se partagent ATE et EBS.

“ Le stockage qui entre pour environ 15% dans notre chiffre d’affaires global complète parfaitement l’éventail des services que nous proposons. Nous nous positionnons comme un aéroport auxiliaire du transport aérien où les compagnies peuvent venir entraîner leurs pilotes (un tiers de notre chiffre d’affaires) et charger du fret (un tiers également). De ce point de vue notre plate-forme est atypique ”. Pour s’imposer face à Shanon qui vise également le créneau du stockage, entend également apporter son aide aux propriétaires pour les aider dans la recherche de nouveaux clients et pour y parvenir, l’aéroport veut se transformer en “ salon permanent des avions disponibles en Europe ”. Cette exposition statique sera relayée par un site internet. “ Les propriétaires pourront charger les caractéristiques de leurs avions. On y trouvera aussi bien des appareils stockés à Châteauroux, que d’autres opérés en flottes. Nous comptons mettre en service ce site en février ou en mars de cette année. Nous tablons sur une quarantaine de références pour débuter ”, précise Martin Fraissignes qui sait que la conjoncture lui est favorable.

Gil Roy. Aéroports Magazine N°325 / Décembre 2001

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Martin R.

Martin R. est le développeur et webmaster d’Aerobuzz depuis sa création en 2009. Développeur de formation, il a fait ses classes chez France Telecom. Il lui arrive d’oublier ses codes le temps de rédiger un article sur un nouveau produit multimedia ou sur un jeu.

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