Les régions françaises convoitées par les compagnies aériennes du Golfe

Après Lyon, Nice, Toulouse, Marseille, c’est au tour de Bâle-Mulhouse d’être connectée en direct au Golfe Persique, mais aussi au reste du monde via les gigantesques hubs de Dubaï et Doha. Dans le sillage des compagnies porte-drapeaux, les low cost élargissent l’offre. Flydubai débutera ses vols entre Bâle-Mulhouse et Dubaï à partir de aout 2024. 

Le Golfe à portée de low-cost même en province est devenu une réalité depuis que Air France s’est attaquée à Emirates en octobre 2023 sur le Lyon-Dubaï via sa filiale Transavia France avec 3 vols par semaine et des tarifs agressifs à partir de 159 euros l’aller simple. Elle a lancé dans la foulée la ligne Marseille-Dubaï avec 2 à 3 vols par semaine pour un pour un prix d’appel similaire.

De son côté, Flydubai va elle aussi surfer sur l’attractivité de Dubaï. Elle explique répondre à la demande en hausse de voyages dans la région du Golfe et offre ainsi un accès direct à partir de l’Est de la France sans devoir passer par Paris la capitale française. Quelle clientèle compte-elle capter ? La stratégie peut questionner.

En effet la ligne EuroAirport-Dubaï sera effectuée Boeing 737 Max 8 en configuration 156 places en classe économique, et en plus 10 sièges en classe affaires selon la compagnie. A l’heure où nous écrivons ces lignes, les prix les plus bas en aller simple sont de 468 euros en économie. A partir d’octobre 2024 ils descendent à 350 euros sur une courte période.

Cela reste relativement proche de tarifs de compagnies traditionnelles. L’avion décolle à 13h35 et arrive 22h05 à Dubaï et laisse à penser qu’une clientèle suisse ou allemande plus aisée pourrait aussi être captée.

Que ce soit en en low-cost ou en compagnie traditionnelle, le Golfe Persique et la France seront donc (avec l’arrivée de Flydubai) accessibles en vols directs à partir de quatre aéroports provinciaux. Emirates avait ouvert le bal le 5 décembre 2012 en ouvrant la ligne Lyon-Dubaï en B777 (actuellement 6 vols par semaines et de nouveau en quotidien à partir d’Avril 2024). La ligne est donc visiblement très rentable.

La géante des Émirats a ensuite lancé un Nice-Dubaï en 2017 avec le mythique A380 qui depuis alterne avec le B777. Le gros porteur à deux ponts et ses 519 sièges reviendra sur la croisette le 31 mars 2024 pour assurer la saison estivale à forte demande.

D’autres villes du Golfe sont aussi connectées directement à différents aéroports de province français comme par exemple Doha. Qatar Airways a ainsi inauguré son premier vol direct vers Nice Côte d’Azur le 9 mai 2023 en B787 Dreamliner, avec actuellement quatre vols par semaine. Deux mois plus tard (3 juillet 2023) c’était au tour de Lyon Saint-Exupéry d’accueillir le 787 Qatari avec aussi 4 vols par semaine. Jamais deux sans trois ! Le 18 juillet 2023, Toulouse devenait aussi reliée à l’aéroport International de Doha Hamad avec 3 vols par semaine en Airbus A330-2002.

De son côté, après un premier été 2023 accueilli avec succès, Etihad Airways sera de retour dès juin 2024 à Nice avec deux vols directs hebdomadaires en B787 vers Abu Dhabi, la capitale de l’Etat Fédéral des Émirats arabes unis. A noter que Nice a déjà été reliée à Bahreïn par Gulf Air en 2022 et à Ryad avec Saudia en 2023 (toutes deux en A320), mais pour l’heure leur retours ne sont visiblement pas à l’ordre du jour…

Les grandes compagnies aériennes du Golfe, Emirates Airlines, Qatar Airways, mais aussi Etihad, sont d’abord entrées dans le jeu en s’attaquant frontalement aux majors européennes sur leurs hubs. La stratégie qu’elles ont mise en œuvre à l’époque et qui consistait à capter une partie des voyageurs internationaux en les faisant transiter par leurs gigantesques hubs de Dubaï, Doha voire Abou Dhabi, s’est apparemment révélée payante.

Depuis quelques années, elles ont dupliqué cette stratégie au niveau des métropoles européennes. En France, ce fut, comme nous l’avons vu plus haut, d’abord à Lyon et à Nice, puis plus récemment à Toulouse. Leur force est de proposer un service long courrier haut de gamme, de bout en bout, sur toutes les étapes du voyage. Ce que ne peuvent pas proposer ni Air France, ni même les compagnies européennes qui détournent au profit de leurs propres hubs, depuis des décennies, une part non négligeable du trafic au départ des régionaux françaises.

L’arrivée récente des low cost sur ce marché répond à une autre logique économique. Avec Transavia France, il s’agit de tirer parti de la nouvelle attractivité touristique des capitales du Golfe. Flydubai se positionne sur le même créneau que Transavia France, avec toutefois la possibilité de proposer des correspondances à Dubaï via son hub, mais aussi via la gigantesque plate-forme de correspondances d’Emirates, puisque la low cost émiratie a des accords de partage de code avec Emirates. En d’autres termes, la nouvelle venue joue sur les deux tableaux. C’est peut-être aussi, une manière pour Emirates de défricher une nouvelle ligne en limitant les risques.