Malgré sa bonne santé financière, Ryanair reste prudente

Ryanair continue d’engranger des bénéfices (1,316 milliard d’euros au 31 mars 2017, soit +6%), d’étendre son réseau et de développer sa flotte. Si tous les indicateurs sont au vert, la compagnie low cost irlandaise qui a transporté 120 millions de passagers (+13%) sur l’exercice écoulé, tente d’anticiper les conséquences du Brexit et redoute de nouveaux attentats en Europe.

C’est parce que son modèle économique repose sur la croissance que Ryanair continue sur sa lancée, à marche forcée et sans état d’âme, malgré les incertitudes, mais aussi en exploitant les opportunités qui s’offrent à elle. Ces opportunités, elle les cible notamment en Italie, Allemagne, Roumanie ou Pologne où ses principaux concurrents peinent à se restructurer. Ryanair veut tirer parti du vide ainsi créer par les compagnies nationales pour se renforcer sur ces marchés.

Montée en puissance spectaculaire en Allemagne

En mars 2017, elle a ouvert une base à Francfort/ Main avec deux avions ; elle en prévoit 7 dès septembre. En avril, elle a également ouvert une base à Naples et elle prévoit d’en ouvrir une à Memmingen (Munich) et Poznan, cet automne. En Pologne, précisément, Ryanair va créer une compagnie charter qui dès l’été 2018 opérera une flotte de 5 avions. Cette compagnie baptisée Ryanair Sun ambitionne de devenir le numéro 1 polonais dès l’été 2019, avec 15 avions.

Pénurie de Boeing 737

Avec de telles ambitions, les avions commencent à manquer. Au cours de l’exercice écoulé, l’irlandaise a réceptionné 52 nouveaux 737, soit un par semaine. Elle a ouvert 206 nouvelles lignes et 10 nouvelles bases Bucarest, Corfou, Francfort/ Main, Hambourg, Ibiza, Prague, Sofia, Timisoara et Vilnius. D’ici mars 2018, sa flotte devrait atteindre 427 avions, pour un trafic qui devrait passer la barre des 130 millions de passagers.

Compte tenu de ces objectifs, le rythme de croissance de sa flotte initialement prévu pour 2018 et 2019 n’est plus suffisant. Ryanair négocie avec Boeing la prolongation de contrats de location portant sur dix avions et des opportunités de livraisons supplémentaires dans les 24 mois à venir.

Brexit attention danger

Ryanair a jusque-là plutôt mieux résisté que ses concurrentes européennes à la chute de la Livre Sterling (conséquence directe du Brexit) et au climat d’insécurité ambiant (attentats en France, en Belgique, en Allemagne, etc). Les conséquences du Brexit l’inquiètent néanmoins. D’où sa volonté d’investir en dehors du Royaume-Uni, comme on l’a vu, mais aussi de se diversifier. En mai 2017, Ryanair a commencé à commercialiser les vols long courriers d’Air Europa, au départ de Madrid.

1.000 nouvelles embauches en 2017

La baisse moyenne de 13% de ses tarifs (le prix moyen du billet est tombé à 41€) couplée à la troisième année du programme «Always Getting Better» (AGB), lui a permis de générer 13% de croissance de trafic avec 120 millions de passagers transportés et un taux de remplissage de 94%. Ses coûts unitaires ont diminué de 11% (hors carburant, la baisse est de 5%). Au final, elle a enregistré, sur l’exercice fiscal écoulé, une augmentation de 6% de son bénéfice net à 1.316 milliards d’euros.

Au cours de ce même exercice, Ryanair annonce avoir créé plus de 1.000 emplois, essentiellement de pilotes, de personnels de cabines, de mécaniciens et de développeurs web. Elle prévoit d’en créer autant cette année. Elle a investi dans trois nouveaux simulateurs de vol fixes, deux avions pour la formation de ses mécaniciens et acquis un 737-700 spécifiquement pour l’entrainement de ses pilotes. Elle se félicite d’avoir négocié sur ses 86 bases un accord quinquennal garantissant des augmentations annuelles de salaires.

Gil Roy