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Qantas est passée très près de la catastrophe… Airbus et RR aussi

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Gil Roy

Les témoignages des pilotes de l’A380 de Qantas et l’inventaire des dommages subis par le super jumbo jet d’Airbus attestent que le drame a été évité de peu. L’équipage a fait preuve d’une maîtrise remarquable.


Airbus et Rolls-Royce doivent une fière chandelle au commandant de bord Richard de Crespigny et à son équipage. Sans leur savoir-faire, aujourd’hui, le constructeur européen et le motoriste britannique seraient au banc des accusés. Les deux industriels s’en tirent avec un avertissement qu’ils ont tout intérêt à prendre très au sérieux. L’ « incident » survenu, le 4 novembre 2010, au vol QF32, est beaucoup plus grave que les premiers communiqués de presse ont bien voulu laisser entendre. C’est un atterrissage d’extrême urgence qu’ont du négocier les pilotes australiens pour sauver la vie des 440 passagers et 26 membres d’équipage.

La chance est peut-être liée au fait que dans le cockpit de l’A380 il y ait eu ce jour-là une concentration d’expérience. Il y avait en poste cinq pilotes, tous plus expérimentés les uns que les autres. Le moins expérimentés de tous étaient le premier officier qui totalisait toutefois plusieurs milliers d’heures de vol d’instruction sur avions d’arme. Il a fallu cette somme de compétences pour ramener au sol un avion en piteux état.

L’équipage a décidé d’entamer son approche non pas parce qu’il avait le contrôle de la situation, après que le moteur numéro deux se soit désintégré, mais précisément parce qu’il a eu la conviction que s’il ne se posait pas rapidement, il risquait de rapidement ne plus rien maîtriser. Le FMS donnait des paramètres erronés. L’A380 était déséquilibré et n’était plus centré. L’atterrissage a été négocié en excès de masse avec plus de 80 tonnes de kérosène dans les onze réservoirs dont deux qui fuyaient. L’avion a quasiment effacé les 4 km de piste de l’aéroport de Changi (Singapour). Il s’est arrêté à une centaine de mètre seulement du bout de piste. La température des freins avait dépassé les 900°C. C’est à ce moment que les pilotes se sont rendus compte qu’ils ne pouvaient pas arrêter le moteur N°1.

L’éclatement en vol du moteur N°2 a provoqué de graves dégâts à l’aile gauche. Le longeron avant a été perforé. Les éclats ont sectionné le circuit carburant. Les volets de courbures ont été déchirés. La mise hors service d’un des deux circuits hydrauliques n’a pas permis de déployer les traînées et de sortir correctement le train d’atterrissage.

Au vu de ce scénario catastrophe, des questions se posent légitimement quant à la conception, non seulement du moteur, mais aussi de l’avion. Quoi qu’il en soit, c’est un avertissement sans frais qui est adressé à Airbus et Rolls-Royce. On peut aussi se demander si tous les pilotes d’A380 à travers le monde ont le même niveau de compétences que ceux de Qantas.

Gil Roy

Qantas a choisi le moteur Rolls-Royce Trent 900 pour équiper ses A380
Le moteur RR Trent 900 N°2 de l'A380 de Qantas gravement endommagé
Singapore Airlines et Lufthansa exploite également des A380 motorisés avec des réacteurs Rolls-Royce Trent 900
Le trou dans le longeron avant de l'aile gauche de l'A380 de Qantas est suffisamment grand pour permettre le passage d'un homme.
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Qantas est passée très près de la catastrophe… Airbus et RR aussi
    quoique qu'il arrive en aviation, le bon et le mauvais, il faut toujours rester la tête froide, et faire le ou les recherches qui s'imposent en cas vraiment de coup dur, et c'est comme cela que l"on avance, et le faire avec beaucoup d'humilité!!!!!!

  • Qantas est passée très près de la catastrophe… Airbus et RR aussi
    Ce n'est pas du tout exagéré (d'autant que la réglementation de certification autorise 5% de cas catastrophiques sur un éclatement moteur....on en était pas loin dans ce cas précis) mais tant que l'enquête n'est pas terminé, il est très prématuré de conclure à quelques responsabilités que ce soit tant du motoriste (charger de garantir que seuls des débris correspondants au tiers d'un disque de turbine ou plus petits peuvent être éjectés) que de l'avionneur (responsable de l'analyse des conséquences d'un éclatement moteur sur la sécurité de l'avion).
    Lorsqu'un avion et ses occupants est "sauvé", on donne toujours à l'exploitant le beau rôle (cf amerrissage sur l'Hudson) même quand le comportement de l'appareil est exemplaire (et que la procédure constructeur a été appliquée) alors que c'est le contraire quand cela se termine mal (y compris en l'absence de preuves suffisantes: cf AF447).

    Toutes ces réactions pleines de préjugés sont empruntes d'irrationnel et ne remplacent en rien une bonne analyse technique approfondie basée elle sur des faits techniques précis: les experts savent bien que tout cela ne s'improvise pas dès les lendemains d'un accident.

  • Qantas est passée très près de la catastrophe… Airbus et RR aussi
    Bonjour

    Je suis curieux de savoir ce qu'en pensent Messieurs Rozé , Lelaie , et Alonso .?

    Hubert Salomé

    • Qantas est passée très près de la catastrophe… Airbus et RR aussi
      Bonsoir Monsieur Salomé.
      Pour l'ignare que je suis, qui sont MM Rozé, Lelaie et Alonso ?
      Merci d'avance
      Baladou

      • Qantas est passée très près de la catastrophe… Airbus et RR aussi
        Bonsoir Baladou

        Ce sont les pilotes d'essai de L'A 380 n° 1

        Hubert Salomé

  • Qantas est passée très près de la catastrophe… Airbus et RR aussi
    La volée de bois vert qui s'abat sur le dos du sieur Roy pour son article sur l'A380 de Quantas ne me semble pas ..volée.
    Une recherche de sensationnel gratuit et d'affirmations à l'emporte pièce sans signification .
    Je cite au hasard
    La chance est peut-être liée au fait que dans le cockpit de l’A380 il y ait eu ce jour-là une concentration d’expérience. Il y avait en poste cinq pilotes, tous plus expérimentés les uns que les autres.
    La chance n'est pour rien dans le parfait traitement d'une panne sévère , et le fait qu'il y ai eu 5 pilotes (dont trois étaient sans doute là en qualité de "passager compagnie) n'a sans doute rien facilité au contraire.
    L'A380 étant conçu pour être piloté en équipage a deux , c'est l'équipage en fonction qui applique les procédures de secours et/ou d'urgence :chacun n'y va pas de son petit couplet "et toi tu ferais comment ? ah ben moi j'ai beaucoup d'expérience alors je ferais comme ça ou comme ci " ah moi j'en ai encore plus alors je mettrais un peu de pied pour garder la bille au milieu"
    tu parles d'une efficacité !
    Ailleurs vous affirmez :"c'est le moteur qui est "désintégré".Est ce que les photos montrent un moteur "désintégré"?
    Et tout est à l'avenant .
    Monsieur Roy si vous voulez que le monde de l'aéronautique continue de vous lire il vous faudrait mettre dans vos articles un peu moins de "journalisme" et un peu plus de" professionnalisme"
    Pull up
    PS je vous reconnais néanmoins le mérite de ne pas "modérer" les messages qui vous sont défavorables

  • Qantas est passée très près de la catastrophe… Airbus et RR aussi
    Assez d'accord avec les observations ci-dessus j'aurais aimé des photos plus précises

    cordialement

  • Qantas est passée très près de la catastrophe… Airbus et RR aussi
    Ayant passé l'essentiel de ma vie comme pilote d'essais (pas chez Airbus), j'ai un certain devoir de réserve.Je ne ferai donc que des remarques de principe:
    - il y a une commission d'enquête, laissons lui le temps de déposer ses conclusions; on connaitra alors les causes initiales, les dégâts induits en vol et ceux liés à l'atterrissage.
    - Une part importante de la certification est faite par calcul: on ne fait pas d'essai destructif en vol et chacun comprendra pourquoi. Une part importante de ces calculs sont fondées sur des statistiques. L'ensemble fait que le transport aérien est le plus sûr de tous les moyens de transport (y compris la marche à pieds); cet incident, grave, le démontre une fois de plus.
    - Pour les connaisseurs, "l'incident", à Istres, du 340 était prévu et il s'agissait d'une "accélération-arrêt", à masse max et sous forte température extérieure.
    Tout cela me rappelle, avec tristesse l'accident de Concorde et l'influence des médias, y compris sur le déroulement de la procédure judiciaire.

  • Qantas est passée très près de la catastrophe… Airbus et RR aussi
    A 380 ou pas, on peut se poser la question de la cohabitation d'organe essentiels au pilotage et au fonctionnement dégradé d'un avion avec des organes à risques tel qu'un réacteur. Qui dit pièces tournantes dit risques d'éjection avec les conséquences que l'on voit, réservoir percé, voilure déchirée etc.
    Ont-ils prévu ce type de réflexion à la conception ?

    • Qantas est passée très près de la catastrophe… Airbus et RR aussi
      Je cite : Ont-ils prévu ce type de réflexion à la conception ?
      Bien sur que oui !! Sinon la certification n'aurait pas été possible. Tout choix technique doit être justifié et argumenté.

  • Qantas est passée très près de la catastrophe… Airbus et RR aussi
    Pour une fois votre article, digne de la "grande presse", est absolument désolant!
    Ce n'est pas la première fois que l'explosion non contenue d'un réacteur cause de graves dommages à l'avion.
    Les diverses pannes en résultant ont été correctement traitées par l'équipage.
    Il est bien évident que la procédure à suivre est le retour au terrain de départ.
    Tout dans cet incident technique sérieux a été "normal".
    Hormis son traitement "journalistique", puisqu'il s'agit d'un AIRBUS! et qui plus est de l'A 380!
    Navrant que vous entriez dans ce triste jeu!..

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