Publicité
Categories: Transport Aérien

Toulouse inaugure la privatisation des aéroports français

Published by
Gil Roy

La procédure de cession de la participation de l’Etat au capital de la société Aéroport Toulouse-Blagnac lancée par l’Agence des Participations de l’Etat fait entrer la loi de décentralisation de 2005 dans sa phase ultime. En toute logique, Nice, Lyon ou encore Bordeaux devraient suivre.

Pour le moment, Lyon qui en même temps que Toulouse, a créé la première société aéroportuaire en mars 2007, se refuse à tout commentaire. Les lyonnais semblent préférer attendre de voir comment se déroulent les opérations d’ouverture du capital à Toulouse et, en particulier, observer l’attitude des actionnaires locaux que sont les collectivités territoriales (15%) et de la Chambre de commerce (25%). Ce n’est pas le moment d’indisposer quiconque alors que l’objectif est à portée de main. Depuis 2005, date de promulgation du décret sortant les aéroports à vocation nationale ou internationale du processus de décentralisation initié en 2004 avec la loi de décentralisation, le monde aéroportuaire a appris la patience.

A plusieurs reprises, en effet, les gestionnaires des grands aéroports régionaux ont cru que l’heure de la privatisation était arrivée. Notamment en 2011 et puis tout récemment en 2013, la proximité des élections municipales ayant fait peur aux élus locaux qui ont obtenu du gouvernement un report. Pour les collectivités locales, historiquement associées au développement des infrastructures aéroportuaires au travers, en particulier, du financement des travaux, il s’agit de se positionner au moment où entre en scène un actionnaire majoritaire privé. A Toulouse, le gouvernement a promis que les actionnaires locaux seraient pleinement associés à la mise en œuvre de la procédure de privatisation. Ils ont reçu l’assurance que l’Etat exercerait, avec les élus locaux, « sa vigilance sur les aspects industriels et sociaux des offres des candidats ». Reste à voir comment ces déclarations d’intention vont se traduire dans les faits.

Jusque-là, même si la mise en œuvre de la loi ne s’est pas faite aussi rapidement que l’auraient souhaité certains gestionnaires, les étapes ont été franchies en douceur. Les dossiers sensibles ne manquaient portant pas. Le basculement des salariés des aéroports du statut confortable et sécurisant des chambres de commerce vers celui nouveau et donc incertain des sociétés aéroportuaires s’est fait sans vague. Il a fallu en passer par la création d’une convention collective. L’Etat a du, non seulement rassurer les salariés, mais également faire adhérer les collectivités locales au projet. La DGAC qui était à la manœuvre a donné du temps à la réforme. Elle se félicite aujourd’hui qu’à aucun moment le trafic aérien n’a été gêné.

L’inconnue maintenant est la nature des investisseurs privés prêts à prendre le contrôle des aéroports français. Dans le cas du dossier toulousain, l’acquéreur devrait être connu en novembre prochain. Il pourra s’agir de groupes français ou étrangers spécialisés, mais aussi de coalitions. Bien qu’il se désengage du capital des sociétés aéroportuaires, l’Etat conservera son rôle de concédant et de régulateur. Il s’assurera de la résilience économique de l’aéroport et du respect des exigences liées au service public aéroportuaire. Cette loi de décentralisation a été imaginée pour donner une plus grande liberté de mouvement aux aéroports français de plus en plus confrontés à la concurrence étrangère. Les effets de cette réforme pourraient rapidement se faire sentir.

Si Toulouse-Blagnac a initié le mouvement, en revanche, à Nice, le maire, Christian Estrosi, s’est déclaré opposé à la privatisation de « son » aéroport. Il se dit prêt à étudier le rachat des 60% que détient l’Etat dans le capital de la société aéroportuaire pour empêcher que l’«aéroport devienne un hub régional pour compagnies low cost».

Gil Roy

Toulouse-Blagnac enregistre une stabilité de son trafic à 7,57 millions de passagers
En août 2017, à Toulouse-Blagnac, l’emport moyen par avion est de 126 passagers, contre 117 en août 2016. © ATB
Couloir de liaison du Hall D reliant la zone commericale et la salle d'embarquement - Niveau Départs - Zone d'embarquement
Publicité
Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Toulouse inaugure la privatisation des aéroports français
    Quid du financement de Notre Dame des Landes quand on abandonne Blagnac ? incohérence ?

  • Toulouse inaugure la privatisation des aéroports français
    Il y a belle lurette que les collectivités territoriales ne financent plus les investissements sur les aéroports de cette taille (au grand dam des compagnies aériennes qui doivent ainsi payer des redevances en rapport avec le coût des services qui leur sont rendus...).
    Ceci ne les empêche pas de vouloir maintenir un actionnariat public des sociétés qui les gère. L'Etat les entendra-t-il, conscient du rôle de ces équipements dans le développement des économies locales? ou priviligiera-t-il une vision strictement financière? Les choix faits dans la constitution du dernier gouvernement laisse hélas peu de suspens en la matière...

Recent Posts

L’Envol des Pionniers et la Fondation Antoine de Saint Exupéry pour la Jeunesse au départ du Rallye Toulouse-Tarfaya

À l’occasion des 80 ans de la disparition d’Antoine de Saint Exupéry, le 31 juillet… Read More

4 mai 2024

Swirl et Flash, comment choisir son hélice Duc Hélices

Les hélices Swirl et Flash font partie des produits-phare de Duc Hélices pour les avions… Read More

3 mai 2024

Près de 10.000 comptes rendus d’incidents traités en Suisse par l’OFAC en 2023

En 2023, l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) a traité très précisément 9.995 comptes rendus… Read More

3 mai 2024

SA 330 Puma, un demi-siècle au service de l’Armée de l’Air et de l’Espace

Le 2 mai 1974, le premier SA 330 affecté à l'Armée de l'Air entrait en… Read More

3 mai 2024

L’ONERA au côté des opérateurs de drones

L’ONERA met à disposition de la filière drone son logiciel d’aide à la préparation de… Read More

3 mai 2024

Le défilé militaire du 14 juillet 2024 délocalisé

En raison des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, le défilé militaire du 14… Read More

3 mai 2024
Publicité