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Beringer, d’Alaska à la Nouvelle-Zélande en passant par Friedrichshafen

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Jean-Marie Klinka

Alors que les constructeurs aéronautiques, à commencer par Cirrus Aircraft, le premier d’entre eux, adoptent les uns après les autres les freins et les roues Beringer, la petite entreprise forézienne (10 salariés) désormais implantée à Gap-Tallard, est en train de se faire une réputation chez les pilotes de brousse, en Alaska et en Nouvelle-Zélande. Comment dit-on « success story », en patois gapençais ?

Ce n’est pas facile de rencontrer de très petites entreprises qui se comportent (en mieux) comme les grandes, mais avec moins de moyens et qui sont efficaces et qui ont les pieds sur terre ! On retrouve souvent les mêmes, et quand elles prospectent « hors de l’ordinaire », cela mérite d’être raconté.

Rappelons-nous le voyage de prospection de Claire Beringer au Salon de Sebring au début 2014, salon peut être plus «efficace » que celui d’Oshkosh, car moins gigantesque (ce qui n’empêche pas de faire les deux, la preuve ! ). Puis, il y a eu le périple de Véronique et Gilbert Beringer en Alaska dans le prolongement de leur voyage à Oshkosh en août 2014.

Cheviot, sur la côte est de l’île du sud, point de départ du périple Beringer en P92, un terrain comme chez nous. © Beringer

C’est peut-être lors de ce voyage qu’est né le système d’amortisseur oléopneumatique destiné à remplacer l’antique système à sandows du fameux Piper J3 et qui a été développé dans un premier temps sur leur Souris Bulle, puis sur leur Savage. En bons visionnaires, ils procèdent par étapes. La finalité de cette invention vise les nombreux « Bushplanes » d’Alaska et d’ailleurs. Le secret des Beringer : l’immersion totale, comme à Nizina River où leur yourte est montée sur pilotis à cause des ours.

Atterrissages, tout le monde a le droit de concourir © Beringer

Le marché potentiel s’appuyait alors sur 2.000 Bushplanes, rien que pour l’Alaska (10.000 dans le monde). L’Alaska ! Une vaste région sauvage où l’on est susceptible de se poser sur une herbe fraîche, du gravier, dans le lit d’une rivière ou sur la glace. D’une manière plus générale, le marché américain admet un très fort potentiel de développement pour des roues et freins d’une technicité qui n’a pas à rougir face aux « classiques » US

Si vous voulez faire plaisir à votre J3… © Beringer

Ce voyage s’est soldé, dans un premier temps, par la création d’un réseau de distribution, par la signature d’un accord pour la production de pneus spéciaux avec le spécialiste des bushwheels, qui va équiper la jante Beringer 6 pouces. Beringer était également présent au Great Alaska Aviation Gathering, « le » salon qui se tient chaque année sur l’aéroport Ted Stevens d’Anchorage, porte d’entrée de l’Alaska. Beringer, comme pour le marché français, vise dans un premier temps, l’équipement en roues et freins des avions de la catégorie « Experimental », puis pour 2017, une validation FAA du STC EASA des amortisseurs ALG et des roues 6 pouces pour le J3. Les ventes vont mettre quelques mois à décoller en 2016, d’abord avec le Super Cub en Experimental, les LSA aux USA et en France avec les ULM et les CNRA. Et pendant que la petite équipe commerciale dirigée par Claire Beringer est à pied d’oeuvre, Gilbert et Véronique vont défricher de nouveaux territoires prometteurs

Cet avion agricole (Fletcher) turbinisé profitait de la reverse pour réduire la longueur d’atterrissage © Beringer

En février dernier, ils se sont rendus en Nouvelle-Zélande un pays où l’avion est roi avec le plus grand nombre, au monde, d’avions par habitant. Là-bas, en plein Pacifique, une île succède à une autre grande île, 10 fois plus grande que la France, avec 3 fois moins d’habitants. Pour s’immerger totalement dans ce milieu un peu spécial qu’est celui des Bushplanes, ils se sont faits lâcher sur un Tecnam P92 puis ils ont visité les clients potentiels dans l’île du sud : Rangiora, Hokitika, Ashburton, Rangitata Island, Loburn.

Nizina River Airstrip, Gilbert Béringer est peut être entrain d’inventer une cinématique pour l’atterrisseur du J3 © Beringer

Pour résumer leur circuit, souvent effectué par la route, citons Ardmore, près d’Auckland, là où plusieurs ateliers de restauration d’avions cohabitent (Mosquito, P38, P39 ..), Hamilton (les produits Beringer certifiés y seront distribués par la société Aeromotive), qui est aussi l’aérodrome du constructeur Pacific Aerospace (XL750), Omaka Airport, au nord de l’île du sud, où ils ont pu assister à une compétition de décollage et atterrissage courts (la spécialité des freins Beringer), le terrain pour vélivoles d’Omarama, qui abrite la plus grande flotte mondiale de Duo Discus, last but not least (Rans, Zenair : du non certifié donc des clients potentiels, dans l’immédiat), le petit aérodrome encaissé au fond d’un fjord de Milford, au sud. Un ange passe… En plus de la configuration géographique qui justifie cette utilisation intensive de l’aviation, il faudrait peut-être explorer l’Histoire pour comprendre un tel engouement pour l’aéronautique. Quoi qu’il en soit, Beringer est bien décidé à s’y implanter.

Une spécilaité néozélandaise, la restauration d’avions de la 2ème guerre, ici un Airacobra © Beringer

En ce qui concerne les procédures de validation des STC EASA, elles devraient être facilitées par la signature d’un WA (Working Arrangment) entre l’autorité européenne et celle de Nouvelle Zélande, mais il faudra passer par une reconnaissance des TSO des roues et freins et une procédure de validation des STC qui n’est pas automatique (c’est la même procédure avec les US). On progresse quand même vers une simplification de ces procédures : depuis quelques semaines, les TSO des produits FAA et EASA sont reconnus automatiquement. Peut-être un jour aussi pour les STC ?

Jean-Marie Klinka

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Rendez-vous à Aero 2016

Dans l’immédiat, l’équipe Beringer (Véronique, Gilbert, Claire et Rémi ainsi que Leonardo Corranidi, responsable de production et de Brice Barone, du service Achat) sera présente à Friedrischshafen. Puis Claire n’aura que peu de temps pour refaire sa valise et rejoindre leur stand au Great Alaska Aviation Gathering 2016, qu’elle tiendra avec Viviane Michaud, responsable des ventes de l’antenne de Chicago. Le train ALG sera présenté, entre autres, à Aero et en Alaska, destiné aux avions non certifiés, avec pour objectifs un TSO et un STC en Europe puis aux US.

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Jean-Marie Klinka

Jean-Marie Klinka (1947-2021) était ingénieur (aussi pilote). Il a partagé sa carrière entre le bureau d’études, essentiellement aux Avions Mudry, la formation, à l’ENSICA de Toulouse et l’ESEM d’Orléans, la certification à la DGAC. Pour Aerobuzz.fr, il jetait un regard personnel sur les activités de l’aviation légère.

View Comments

  • Beringer, d’Alaska à la Nouvelle-Zélande en passant par Friedrichshafen
    10 salariés dont 3 quasiment en permanence autour du monde...d'après l'article...et pas des moindres, 6 à Friedrischshafen, des salons tout le temps, il ne doit pas rester grand monde à l'usine ! Je ne sais pas comment ils se débrouillent mais ça doit jongler sévère avec internet, sacré tour de force pour l'organisation ! Et impressionnant comme réussite. Chapeau.

  • Beringer, d’Alaska à la Nouvelle-Zélande en passant par Friedrichshafen
    pardon pour les deux grosses fautes d´orthographe dans ma dernière phrase... Si jamais le modérateur pouvait rajouter un S à "parties" et NT à "offrent", merci! :p

    Sinon, une question primordiale justement en relation avec le nouveau train d´atterrissage Alaskan Landing Gear de BERINGER.
    Superbe produit avec un gros plus pour la sécurité permettant des atterrissages encore plus courts.
    Mais quid du décollage?
    Les sandows ont leurs défauts (rebonds même avec pneus brousse, les miens pour l´instant de 21'') mais nous nous rendons compte avec les copains ayants aussi des Zlin Savage que nos distances de roulement à l´atterrissage sur bancs de cailloux par exemple, ne sont que de peu moins long qu´au décollage.
    Le fait de pouvoir se poser beaucoup plus court grâce à l´ALG de BERINGER ne va-t-il pas engendrer une distorsion dans l´évaluation de la distance de poser par rapport à celle de décollage... surtout en brousse ou sur altisurface?
    Débat assez intéressant à mon avis pour les fans de vol en montagne et de posé hors aérodromes! ;)

  • Beringer, d’Alaska à la Nouvelle-Zélande en passant par Friedrichshafen
    Le sandow, pour l'avoir expérimenté sur J3 Kitten, c'est archaïque donc ça fonctionne très bien.

  • Beringer, d’Alaska à la Nouvelle-Zélande en passant par Friedrichshafen
    Superbe histoire pour une entreprise familiale qui développe des produits de très haut de gamme avec PASSION!
    Le nouveau train ALG avec roues en aluminium taillées dans la masse et pneus Alaskan Bush Tire de 26'' --> Le rêve ultime! ... malheureusement encore inaccessible... un jour peut-être?

    Sinon, pas besoin d´aller en Alaska pour faire du "bush" car certaines partie d´Europe offre heureusement encore cette liberté à nos ULM! :)

  • Beringer, d’Alaska à la Nouvelle-Zélande en passant par Friedrichshafen
    Bonjour à toute l'équipe

    Je vous lis quotidiennement avec gourmandise
    La je n'ai rien compris mais un grand bravo à cette famille Beringer qui visiblement a la foi

    • Beringer, d’Alaska à la Nouvelle-Zélande en passant par Friedrichshafen
      C'est sûr, il y en a trop. Gil Roy m'avait recommandé : 1 seul sujet par papier !
      J'aurais dû faire 3 ou 4 papiers:
      Les Beringer à Oshkosh
      Les Beringer en Alaska
      Les Beringer en Nouvelle Zélande
      avec le risque de se faire "traiter" de DirCom de la société. J'ai essayé d'être clair, vous lisez peut-être trop vite.

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