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Aviation Générale

Cessieu ou l’histoire d’un champ d’aviation sauvé de justesse

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Gil Roy

Tout récemment, l’aérodrome de Cessieu (Isère) datant du début des années 1920 a failli être rayé des cartes aéronautiques. Son sauvetage est exemplaire.

Alain Blondel vient d’éditer à compte d’auteur une brochure de 30 pages sur l’histoire de l’aérodrome de Cessieu. Il présente aussi le terrain tel qu’il est aujourd’hui, avec ses quatre associations aéronautiques qui regroupent près de 70 avions, planeurs et ULM basés. Alain Blondel a été le plus jeune vélivole de France en 1965, il a été secrétaire de l’aéro-club de la Tour du Pin, basé à Cessieu. Il a aussi été le maire de la commune sur laquelle a été créé ce champ d’aviation au début de 20ème siècle.

L’aéro-club de Cessieu au complet en 1956. 16 ans avant la réalisation de l’autoroute A43. © Coll. A. Blondel

Caudron 232 : le premier avion acquis par l’aéro-club de Cessieu en 1931. © Coll. A. Blondel

Les bénéfices de la vente sont destinés à l’association « 3AC Gestion ». Cette association est depuis septembre 2019 propriétaire de l’aérodrome. Elle a été créée en 2013, quand la CCI de Vienne a décidé de vendre les 23 hectares de l’emprise aéronautique. Après avoir dénoncé la convention de mise à disposition de l’aérodrome, en juillet 2014, elle a demandé l’expulsion de tous les occupants.

A cette époque les usagers de cette plate-forme champêtre située dans la zone terminale de Lyon-Saint Exupéry ont senti le vent du boulet. « Ce qui nous a sauvé, c’est que nous avons toujours parlé d’une seule voix, celle de la 3AC Gestion. Nous n’étions pas toujours d’accord entre toutes les associations, mais nous réglions nos différends entre nous », se rappelle Louis Collardeau, président de la 3AC Gestion qui reconnaît aussi que le sous-préfet de la Tour du Pin a joué un rôle déterminant. « Il a tout de suite vu qu’il ne serait pas possible de baser ailleurs les 70 machines de la plate-forme et il a déclaré qu’il n’était pas envisageable de les expulser sans solution. Nous avons alors recherché une solution localement ».

Finalement, la CCI de Vienne a accepté de diviser le foncier en deux moitiés, afin de vendre 11,5 hectares à 3AC Gestion. Cette solution n’est pas tombée du ciel. Il a fallu négocier sur le principe et ensuite s’accorder sur un prix de vente. « Nous avons fait une proposition de rachat sur la base de terrains agricoles, en prenant la fourchette haute des prix pratiqués dans la région ». La vente a été conclue à 230.000 euros. L’association a souscrit un emprunt sur 15 ans.

Les quatre associations aéronautiques de Cessieu sur leur aérodrome. © 3AC Gestion

Depuis qu’ils sont propriétaires de leur aérodrome, les usagers ont entrepris une remise en conformité. Ils ont également lancé un plan pluriannuel de rénovations des hangars et du club-house. Fin juin 2021, ils ont tracé la piste 30/12 de 590 m de long avec ses seuils décalés. L’audit de la DGAC est prévu fin juillet 2021. Comme tous les travaux ont été faits en concertation, cela devrait être une validation. « Nous allons passer de champ d’aviation à aérodrome ».

Les ailes de Cessieu. D’Alain Blondel. 30 pages. 21×29,7 cm. ISBN : 979-10-699-7331-2. 12 € (+ frais de port). Commande du livre auprès de l’auteur : blondel.alain@sfr.fr

Et c’est précisément, l’histoire de ce champ d’aviation qu’a voulu raconter Alain Blondel. Il a fait revivre les figures locales, rappelé les grands événements et présenté les associations dauphinoises qui depuis quelques mois ont vu leur ciel s’éclaircir : « pour nous, c’est extraordinaire d’être notre propre propriétaire. Nous sommes autonomes du point de vue économique. C’est la solution pour beaucoup d’aérodrome à l’avenir », affirme Louis Collardeau.

Gil Roy

 

 

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Nous sommes en plein dans les difficultés (semées en 2012) dont la récolte arrive désormais ; lorsque l'Etat a décidé que les CCI devaient impérativement se désintéresser de l'exploitation des plateformes de loisirs, il ne s'est pas posé la question du devenir de ces aérodromes. Si la (ou les) collectivité est motivée il peut y avoir une reprise, parfois fragile (Sallanches), parfois durable (Granville), parfois compliquée (Flers, Moulins), parfois exemplaire, et c'est le cas ici. Bravo à chacun et tant mieux pour le monde aéronautique dans son ensemble.

  • Superbe !
    Lorsque, comme ici semble-t-il, le propriétaire-exploitant (CCI) veut vendre pour simplement se décharger d'une exploitation qui ne l'intéresse plus, cette solution (courageuse de la part des usagers, et exemplaire) est parfaite.
    Lorsqu'en revanche le propriétaire-exploitant (Collectivité locale) veut récupérer la vaste emprise d'un aérodrome pour l'affecter à une occupation du sol différente, ce qui est sans doute le cas le plus fréquent, cette solution ne peut hélas évidemment pas fonctionner.

    • La vente des terrains aux associations aéronautiques locales n'était pas la solution initiale envisagée par la CCI. L'achat du fonciers n'était pas non plus envisagé par ces mêmes clubs. Ce compromis n'a été obtenu qu'après plusieurs années. Les relations ont parfois été tendues. Ne pas croire que la solution est tombée du ciel !

      • En dehors du tour de force qu'il faut évidemment saluer, je pense que notre activité dans son ensemble a perdu (une fois de plus).
        Sans doute ce bout de prés était trop loin de Vienne pour qu'il justifie des coûts dans la grande réforme des chambres consulaires. Trop proche de Bron ou de St Ex ?
        Mais je m'interroge sur le rôle des communes ou communauté de communes. En optimiste je pense qu'il s'agit d'un changement de modèle, lié à la perte d’intérêt globale pour "les Aéronautiques".
        L’existence de "nos" plateformes se rapprochent-elle des équipements lourds, tels les stades de foot XXL, si élevés qu'ils doivent être cofinancés par des fonds privés ?
        A-t-on perdu la vocation publique de nos infrastructures ?
        Restera à voir comment les "heureux propriétaires" vont procéder pour couvrir des frais qu'une collectivité devrait assumer, car un aérodrome n'est pas un stade, mais un équipement à vocation publique, (ouvert à la CAP).
        Est-ce à seulement quelques volontaires engagés d'en porter la mise à disposition ?

  • Cessieu ne cessera pas , c'est sûr! Alain Blondel pour la belle histoire, Louis Collardeau pour le joli présent et les équipes de la 3AC Gestion pour l'avenir, tout est réuni pour que notre champ d'aviation des débuts se perpétue désormais DURABLEMENT, à tous les sens du mot!
    un superbe exemple de redécollage réussi, qui ne console pas de la perte de tant d'autres plateformes(Cf Sallanches) mais doit donner/redonner espoir, courage et confiance à tous les sauveurs/sauveteurs d'aérodromes menacés!

  • C'est peut-être le moment de rappeler que Brocard, le futur patron des Cigognes, lors de son Tour de France en 1913 (de mémoire) a atterri à La Tour du Pin sur le champ de course de l'époque.
    Une carte postale a immortalisé l'instant...
    Et que l'As Joseph Guiguet a contribué à la création de l'aérodrome.

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