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Aviation Générale

Le drone amphibie bimoteur et multi-mission Flyox I

Published by
Fabrice Morlon

Capable de larguer des charges utiles jusqu’à 1.800 kg, le drone géant amphibie, bimoteur, de l’espagnol Singular Aircraft cherche à se faire connaître comme une solution pour la lutte anti-incendie, pour l’agriculture et le transport de cargo. Avec ses 14 mètres d’envergure et une autonomie en vol jusqu’à 26 heures, Flyox I est un drone à tout faire qui peut assurer différentes missions. Quatre appareils ont déjà été livrés.

Avec son air rétro, son fuselage façon poutre, son train classique, son empennage papillon, ses ailes hautes, ses deux hélices et ses moteurs thermiques, le Flyox I semble être l’héritier de l’hydraviation des pionniers. C’est aussi, à ma connaissance, le plus gros drone civil qui combine autant de caractéristiques : drone, bimoteur et amphibie. Au départ, l’idée est avant tout de développer un drone qui puisse lutter contre les feux de forêt, opéré depuis une base avancée à proximité de l’incendie. « Le SA-03, dénommé aujourd’hui Flyox I, est né après l’accident mortel de l’un de mes amis » explique Luis Carillo, directeur et fondateur de Singular Aircraft, rencontré lors du dernier Salon du Bourget, « pilote de bombardier d’eau, il a perdu la vie en Catalogne lorsqu’il luttait contre un incendie. Le concept du Flyox I me semblait alors un atout dans ces missions, qui permettrait de préserver de nombreuses vies. Un drone amphibie de grande capacité permettrait également de faciliter la vie des personnes isolées ou de remplir une pléthore de missions, comme la surveillance côtière, sans mettre en danger le pilote. »

Des trappes pratiquées dans le côté du fuselage permettent de déposer la charge utile dans la soute. © Fabrice Morlon / Aerobuzz

Avec des volets de courbure qui occupent une grande partie du bord de fuite de la voilure, le Flyox I décroche à 74 kts pour une vitesse de croisière à 126 kts à 75% de puissance et une vitesse à ne pas dépasser de 140 kts. Le drone décolle en 750 m d’une piste en dur et atterrit en 540 m. © Fabrice Morlon / Aerobuzz

En 2015, le Flyox I effectue son premier vol et teste plusieurs solutions. Singular Aircraft élargit alors les missions dévolues au SA-03. Le bombardier d’eau pourra également transporter et larguer du fret, jusqu’à 1.800 kg, ou encore effectuer de la surveillance à distance. Douze appareils sont construits et trois motorisations testées. « Mon choix s’est porté naturellement vers des moteurs automobiles » explique Luis Carillo, « parce que moins complexes à mettre en œuvre et parce qu’ils utilisent de l’essence classique, du sans plomb 95. Nous avons testé un moteur d’origine japonaise, un allemand et un nord américain. » Sans préciser leur origine, ce sont deux moteurs U.S. qui équipent le Flyox I, visible au salon du Bourget en juin 2019, avec un échappement proéminent au niveau de l’emplanture des mats d’hélices (MT Propeller D94315 tripales) sur lesquels sont aussi fixés les ailes.

Deux moteurs brûlant du SP 95 entraînent deux hélices MTC Propeller D94315. © Fabrice Morlon / Aerobuzz

Un fuselage en fibres de verre et la structure en aluminium permettent une maintenance aisée de l’ensemble et un démontage facile : l’appareil peut être transporté dans un conteneur de type High Cube 40 (HC 40) de 12 m de long. La console de contrôle est quant à elle transportée à part. Cette dernière dispose de deux sièges, pour le pilote et le navigateur. Le pilote a en face de lui trois écrans, l’un pour les paramètres moteurs et les indications de vol, les deux autres pour les caméras embarquées. Le tout peut-être alimenté en électricité par un groupe électrogène.

Pourtant né en Europe, le drone de Singular Aircraft vise des marchés situés ailleurs : « La réglementation européenne est trop contraignante » explique Luis Carillo, directeur et fondateur de Singular Aircraft, « ceci nous a convaincus de proposer notre solution en Afrique, en Asie et sur le continent américain. » Quatre Flyox I ont ainsi été livrés récemment à des clients mexicains. Singular Aircraft a identifié quatre types de missions pour son drone amphibie : lutte contre l’incendie, l’épandage au-dessus des champs cultivés, le transport de fret et la surveillance côtière. Le Flyox I n’est toutefois pas une solution lowcost : sans options, le drone civil est vendu 1,5 millions d’euro.

4.000 kg de masse max

La soute est accessible via une trappe pratiquée sur le côté du fuselage, sous les ailes. Avec sa masse à vide de 2,2 tonnes et une masse maximale au décollage de 4 tonnes, jusqu’à 1,8 tonnes de charge utile peuvent être transportées, puis larguées par les trappes sous le fuselage : cargo, eau ou agents retardants. Dans cette configuration, le drone ne peut emporter que 300 litres de carburant, ce qui lui donne une distance franchissable de 265 NM (490 km) et 2h30 d’autonomie. Avec une charge utile de 170 kg, le Flyox I peut alors emporter 2.200 litres de carburant, voler sur 2.515 NM (4.657 km) avec une autonomie de 26 heures.

Grâce à un train d’atterrissage rétractable et sa coque, le drone peut aussi bien se poser sur terre comme sur l’eau, sur des terrains non préparés, de la neige ou de la glace. © Fabrice Morlon / Aerobuzz

Singular Aircraft a reçu début février 2018 l’autorisation de la FAA pour tester son drone dans le Kansas. L’entreprise espagnole espère une certification U.S. en 2021 et envisage à terme de construire les drones destinés au marché américain dans le Kansas. Luis Carillo a également laissé entendre que Singular Aircraft travaille actuellement au développement d’un nouveau drone du même type, plus massif encore et imposant que le premier, sans toutefois entrer dans les détails.

F.M.

 

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Fabrice Morlon

Pilote professionnel, Fabrice Morlon a rejoint la rédaction d’Aerobuzz, début 2013. Passionné d'aviation sous toutes ses formes, il a collaboré à plusieurs médias aéronautiques et publié une dizaine d'ouvrages, notamment sur l'aviation militaire.

View Comments

  • Bonjour
    En effet ! ""Avec son air rétro , son fuselage façon poutre ....... il semble être l'héritier de l'hydraviation des pionniers"" : plus précisément des Donnet Lévêque de 1910 , Le V de l'avant de la coque en plus , et une aile en moins .
    Même conception "torpédo" pour "écoper" un max en cas d'enfournement . Cela sans doute pour refroidir les moteurs , ceux ci étant directement sous "le trou" , plus refroidissement /prise d'eau latérale ajoutée sur le modèle présenté dans l'article : L'endroit semble idéal !!
    Même les ballonnets ont étés retirés , c'est sérieux ou un oubli ?
    Les Donnet Lévêques bénéficiaient d'une transmission direct , hélice sur l'arbre moteur ......
    Avec le progrès , Singular Aircraft a pu installer une transmission compliquée fiable qui ne coute et ne pèse rien , un progrès certain .

    Pour être singulier ils sont revenus à un empennage en V monobloc , formule que tout le monde a abandonnée , empennage qui faseye beaucoup sur une des vidéos fournies , annonce de PBs à venir....

    Je reprendrai la citation de PlasticPlane : "un bel avion est un avion qui vole bien" .......
    La fée Carabosse c'est penchée sur le berceau dès les premiers plans !
    Salutations

  • Ce bon Marcel disait un truc comme " un bel avion est un avion qui vole bien"... Bon, on sait bien que la beauté est un critère subjectif ! :-)

  • Etonant, tous les constructeurs aéronautiques s'échinent à développer des moteurs spécifiques répondant aux contraintes de l'aéronautique, et S.A. emploie un moteur de voiture.

  • Je suis curieux de voir comment il décollera et amerrira. Je suppose quand même qu'il n'est pas question d'écopage, parce que là...

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