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Aviation Générale

Le souvenir d’André Japy doublement commémoré en 2024

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Frédéric Marsaly

En novembre 1936, André Japy reliait la France et le Japon aux commandes d’un monomoteur Caudron Simoun sans parvenir à rejoindre Tokyo. En 2024, à l’occasion du cinquantenaire de sa disparition, un timbre postal (poste aérienne) devrait rendre hommage à un pilote considéré comme le spécialiste des raids à longue distance. Mais d’autres ont encore plus d’ambition pour saluer sa mémoire.

Le 19 novembre 1936, c’est à environ 900 km de Tokyo, son objectif, qu’André Japy s’est écrasé sur le mont Sefuri, sur l’île de Kyushu après 14 000 km parcourus depuis la France, en 75 heures de vol avec son Simoun F-ANXA. Blessé, il est secouru et soigné sur place.

Le défi était de relier l’Europe à Tokyo en moins de 100 heures et il ne s’en est donc fallu de peu que cet aviateur n’ajoute un retentissant exploit à son palmarès. Néanmoins, avoir quand même atteint le Japon, valu à Japy une belle publicité.

L’objectif des 100 heures était à sa portée et ce n’était pas un mince exploit car dans le sens ouest-est, personne ne parvint à l’atteindre, notamment parce que l’URSS était interdite de survol, que le parcours par le sud et l’Asie était plus long et avec une météo qui s’est souvent avérée fatale pour ces tentatives.

Quelques mois plus tard, ce sont bien des aviateurs japonais, M. Linuma et K. Tsukagoshi qui réalisèrent l’exploit dans le sens est-ouest en reliant Tokyo à Londres en 95h et 17 minutes. Ils firent escale à Paris. Ils volaient sur un monomoteur Mitsubishi Ki.15 baptisé « Kamikaze » qui aurait dû démontrer à l’occident que l’industrie aéronautique japonaise était capable de produire des machines performantes. La leçon allait être cinglante quatre ans plus tard !

Le Projet Ailes Rouges

Outre un timbre postal, le souvenir de Japy pourrait se faire aussi en vol. Le projet Ailes Rouges a pour objectif de restaurer un Caudron Simoun identique à celui de Japy, dont il n’existe plus aucun exemplaire en état de vol, et de le faire voler sur tout ou partie du trajet du fameux raid. Néanmoins L’option la plus réaliste et emblématique serait de le transporter jusqu’au Japon et d’effectuer seulement à son bord l’ultime étape que l’aviateur ne fut pas en mesure d’effectuer, le tronçon Fukuoka-Tokyo. L’avion pourrait alors être exposé dans la capitale japonaise comme symbole des relations franco-japonaises au moment où se fera le transfert de la flamme olympique en prévision des jeux de Paris en 2024.

Le Caudron en chantier © Gil Roy / Aerobuzz.fr

Ce serait aussi un beau rappel des liens aéronautiques entre les deux pays car, même si il est largement oublié dans notre pays, le premier aviateur du pays du soleil levant, Tokugawa Yoshitoshi, a été formé en France. Pendant la première guerre mondiale, une demi-douzaine de pilotes japonais combattirent en France, dont le capitaine Kiyotaké Shigeno. Pilote d’observation puis de chasse à l’escadrille 24, il obtint au moins une victoire aérienne, en mars 1917, en collaboration avec un certain Georges Guynemer ! Plus tard, des ingénieurs français, et non des moindres, travailleront au Japon à l’émergence d’une industrie aéronautique digne de ce nom.

Le moteur Renault de 220 ch destiné au Simoun © Gil Roy / Aerobuzz.fr
La qualité de la restauration ne fait aucun doute. © Gil Roy / Aerobuzz.fr

Le projet de faire voler un Caudron Simoun est en bonne voie et l’équipe semble armée pour ce défi puisqu’elle a déjà été récompensée, fin 2021, par l’Aéroclub de France, pour sa restauration du Nord 1002. Reste à parvenir à boucler le budget d’un projet qui ne souffre pas d’un manque d’ambition.

Frédéric Marsaly

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

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  • Cette histoire rappelle celle d'Antoine de Saint-Exupéry qui, en recherche de fonds lors de sa traversée du désert entre Aéropostale et Armée de l'Air, avait voulu s'attribuer les 150 000 francs du raid Paris - Saigon devant se dérouler avec une arrivée au plus tard le 31 décembre 1935. Or André Japy s'était octroyé le prix quelques jours auparavant, ayant réalisé la liaison en 3 jours et 15 heures. Saint-Ex partit tout de même le 29 décembre et se crachait comme on sait dans le désert de Tripolitaine (en Égypte et non en Lybie comme il l'avait écrit lui-même). Son propre Caudron Simoun C630 F-ANRY avait la même livrée rouge et beige, cette dernière couleur de la partie supérieure du fuselage courant jusqu'au début de l'empennage ('Saint-Exupéry ses combats' aux ÉDITIONS LATÉRALES par B. BACQUIÉ). Mais cette évocation me permet de faire hommage à une grande aviatrice : Maryse Hilsz qui, déjà en avril 1933, avait réalisé Paris - Hanoï sur un Farman 291, et qui, au début de 1934 effectua un raid Paris - Tokyo sur un Breguet 330. " La Société Impériale de l'Aviation Nippone fit ovation à la friponne, la décorant de sa médaille d'or " (('Maurice Noguès vers l'Asie avec la nuit' aux mêmes éditions et auteur).

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