Les pilotes de la Sécurité Civile et les élus d’Aquitaine obtiennent gain de cause pour la saison des feux 2023

Les leçons de la saison 2022 des feux de forêts ont été tirées, sur le plan technique comme social. Les moyens aériens ont été considérablement renforcés et redistribués en prévision de la saison 2023 qui s’annonce critique. Les revendications des personnels de la Sécurité civile ont été prises en compte.

Lors de son déplacement en région bordelaise, le Ministre de l’Intérieur a annoncé des mesures concrètes pour éviter que ne se renouvelle le désastre de l’été 2022 alors que la situation, sur le front de la sécheresse, laisse présager une situation aux risques similaires. Un certain nombre d’aéronefs seront donc stationnés autour de la forêt des Landes pour accélérer les interventions. Le ministre en a aussi profité pour valider l’ensemble des solutions préconisées par le SNPNAC pour redonner à l’aviation de la Sécurité Civile tout son allant et son efficacité.

La doctrine française de lutte contre les feux fait de l’attaque des feux naissants une priorité absolue. Pour que cette doctrine soit efficace il faut donc réduire les temps d’intervention. Cela passe par des avions plus rapides ou déjà proches des feux prévisibles. Les élus de la région Nouvelle-Aquitaine réclamaient une présence constante des bombardiers d’eau relevant des moyens nationaux, en l’absence de tout moyens locaux contrairement à ce qu’il se pratique dans le sud-est, lors de la saison estivale ; ils ont donc été entendus.

Un Dash 8 et un hélicoptère bombardier d’eau seront positionnés à Mérignac à partir du 1er Juin. A ce moment, la Sécurité Civile devrait avoir reçu « Milan 80« , son 8e Dash, dont les essais sont en cours au Canada. Un neuvième Dash a été annoncé, il s’agira d’un Q400-AT de Conair en location pour la durée de la saison.

En cas de risque prévisible, un détachement de deux Canadair pourra être mis en place 48 heures en amont. Quatre avions de type Air Tractor devraient être loués à partir du 15 juin pour opérer également depuis Bordeaux dès le mois de juillet. Ces appareils vont relever des moyens nationaux, il n’a pas été précisé si il s’agissait d’AT-802F « terrestres » ou de « FireBoss » amphibies.

L’emploi d’hélicoptères bombardiers d’eau supplémentaires, annoncé par le Président à l’automne, est confirmé avec 3 HBE de plus que la saison dernière soit 10 appareils. Un centre de coordination des moyens aériens va être mis en place sur la base de Nîmes-Garons. Au total, les moyens aériens français compteront donc 9 aéronefs de plus que l’an dernier, un effort notable.

Cette montée en puissance des moyens dédiés notamment au « front Atlantique » est particulièrement spectaculaire mais les dégâts historiques de l’an passé ne doivent pas se faire au détriment de la Corse ou du Var où les risques n’ont pas baissé non plus. Heureusement, il s’agit de moyens aériens qui peuvent être repositionnés facilement en cas d’urgence.

Tout aussi marquant, et comme nous l’avait annoncé Benoît Quennepoix, pilote de Dash 8 et représentant du SNPNAC, le syndicat des pilotes de la Sécurité Civile, sur le plateau de Jump Seat le 21 mars dernier, le Ministre a signé le protocole d’accord définitif avec les pilotes de la Sécurité Civile permettant de mettre en place l’ensemble des mesures proposées pour améliorer le fonctionnement de la base, le recrutement de ses équipes et leur maintien. Le volet rémunération en était un des points principaux d’achoppement et a visiblement donné lieu à un vrai effort du gouvernement.

Dans le même temps, le Sénat a validé la semaine dernière l’article de Loi faisant des navigants de la Sécurité Civile, avions comme hélicoptères, pilotes, copilotes, mécaniciens opérateur de bord (MOB), opérateurs caméra et personnels de sécurité cabine, des personnels reconnus comme exerçant un métier à risque.

Avec ces différentes déclarations et signatures, le Ministre de l’Intérieur a lancé concrètement la saison des feux 2023. L’intention de porter ultérieurement la flotte de « Canadair » à 16 appareils a été confirmée mais les commandes fermes n’ont pas encore été annoncées, les négociations étant toujours en cours.

Frédéric Marsaly