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Aviation Générale

Quand le salon de Blois regarde du côté de la Coupe Icare

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Gabriel Gavard

Les principales manifestations françaises du loisir aérien qui ont toutes deux eu lieu en septembre 2019, l’une dans le centre de la France, l’autre au cœur des Alpes, ne partagent pas la même trajectoire, ni le même dynamisme. Toutes deux totalisent plus de 40 éditions et célèbrent l’ULM, mais chacune à sa manière.

De nombreuses disciplines ultralégères sont communes aux deux évènements. À commencer par le paramoteur, présent en force à la Coupe Icare (Isère) et très peu à Blois (Loir-et-Cher), alors qu’il forme une classe majeure de l’ULM dont le salon est censé représenter l’entièreté. C’est aussi en Isère que l’aérostat, fondateur de l’aviation et aujourd’hui classe innovante de l’ULM, trouve sa juste place.

La 46ème Coupe Icare : un bouillonnement d’événements

Issue du vol libre, la Coupe Icare s’est épanouie et n’a pas cessé de croître, au fil de ses 46 éditions, en déployant génialement cette pratique et ses pilotes, tout en s’ouvrant progressivement à tous les types d’ULM. Au bord de la piste qui leur est réservée à Lumbin s’est tenu cette année l’Icare ULM Show, première édition d’un mini-salon promis pour évoluer.

L’Icare ULM Show, inauguré cette année, s’est ajouté avec succès aux multiples spots de Coupe Icare. © Johan Chemin

Cette initiative s’ajoute au formidable bestiaire volant de l’Icarnaval, à l’Icare Show trusté cette année par les wingsuiters, à la folle course de paramoteurs au ras du sol d’Icarobatix, à l’Icare Expo sous deux immenses halles, à l’Icare Ballon, aux Icare Folies, à l’Icare Mômes, aux Icares du Cinéma… le tout sur deux sites (Saint-Hilaire du Touvet et Lumbin) très équipés, sans automobile puisque desservis par une noria de cars gratuits.

Les chiffres de la 46e Coupe Icare qui a eu lieu du 19 au 22 septembre 2019, sont à la hauteur de cette somme d’évènements : 10.000 pilotes venus du monde entier et 80.000 spectateurs.

39ème salon de Blois : en pente douce

Egalement né d’une réunion de quelques passionnés, le Salon de Blois a lui aussi débuté avec une forte progression, mais la sienne a commencé à se réduire dès les années 2000. L’arrêt de la Grande Course, la dynamique épreuve d’endurance couvrant tout le territoire français qui était associée au salon, n’avait malheureusement pas été équilibré par de nouvelles initiatives.

Le souffle d’aventure aérienne s’est ainsi dissipé, et Blois s’est cantonné à l’exposition d’ULM, agrémentée de leurs démonstrations en vol. Une chaleureuse ambiance de retrouvaille annuelle d’ulmistes s’est maintenue tant que les machines présentées correspondaient à l’attente et à la proximité de la majorité d’entre eux. Mais au fil des ans, les avions ultralégers haut de gamme on pris le dessus, et l’esprit de fête de l’ULM s’est envolé de l’allée commerciale de Blois.

Restriction préfectorale des arrivées en vol et des démonstrations, usure du modèle commercial, l’édition 2019 du Salon de Blois marque un recul. © Gabriel Gavard / Aerobuzz.fr

Le 39e Salon de Blois, les 31 août et 1er septembre 2019, a été marqué par une activité encore ralentie, une fréquentation en retrait, des démonstrations ternes et forcément une ferveur générale en berne. Publiée l’avant-veille de l’ouverture au public, la drastique limitation préfectorale affectant les arrivées et les démonstrations participe grandement aux chiffres en forte baisse avec 3.500 visiteurs (-17% sur 2018) et seulement 430 ULM (-53%) d’après ULM-Mag

La FFPLUM à la manoeuvre

Ce décrochage accroit encore l’immense écart entre les deux manifestations françaises du loisir aérien. L’engouement n’est plus le même. La Coupe Icare mobilise pas moins de 1.200 bénévoles, pour une centaine à Blois, soit tout de même deux fois plus par visiteur pour le second, qui propose aussi nettement plus de toilettes publiques par visiteur. Pour le reste, il y a beaucoup à faire pour relever Blois.

La FFPLUM compte s’y atteler en 2021. Son président Sébastien Perrot l’a annoncé durant le Salon, accompagné du président du département (gestionnaire de l’aérodrome) et de Jean-Marie Carré, l’actuel organisateur qui raccrochera après la prochaine édition.

La proximité de la fédération avec l’organisation de la Coupe Icare ainsi que de celle de l’évènement local d’ampleur du Mondial Air Paramoteur trop peu médiatisé, ajoutées à la réussite du récent Galdez et à la convergence de vues avec le RSA composent un large éventail des possibles, et présagent heureusement d’un futur Salon de Blois de nouveau festif, et enfin dédié à l’entièreté de l’ULM d’aujourd’hui.

Gabriel Gavard

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Gabriel Gavard

Pilote avion et ULM depuis 1984, c’est par la construction amateur et les revues techniques (Fox-Echos, qu’il a créée, puis Experimental dont il sera rédacteur en chef) que Gabriel Gavard a abordé la presse aéronautique en 1994. Rédacteur en chef d’Aviasport de 2005 à 2011 et d’ULM-Info de 2017 à 2020, collaborateur à Aerobuzz.fr depuis 2012.

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  • L'Aviation c'est la gastronomie à côté du "Hamburger bio" du vol libre.
    Je suis schizo, j'aime les deux, personne n'est parfait !

    Les deux évènements stimulent l'identique neurone du "rêve de voler".
    L'Aviation privée porte l'héritage de l'histoire, de ses légendes, de son industrie, d'une France pionnière et leader. Le pilote, la machine sont des sujets de laboratoire, lointains et inaccessibles. C'est compliqué, cher, contraignant, d'autant plus compliqué qu'on met sans cesse davantage de distance avec Mme Michu. Les plateformes sont fermées, contrôle partout, check-lists et identité obligatoire à tout instant.

    De l'autre de vrais héros s'amusent : en "deux pas sur la moquette" ils gagnent la 3eme dimension et ne se semblent pas avoir de limites à leur créativité. On a vu voler Jesus, la cuvette des toilettes japonaise et le Koursk : c'est le modèle de la Coupe Icare.

    La coupe c'est un univers de jeunes (de tous âges), où se retrouvent artistes, techniciens de "haut vol", pilotes acrobates, une fourmilière de bénévoles qui volent en vrai ou par procuration... dans une parenthèse de 3 jours sur un plateau. La coupe a la visite des combinaisons blue ciel de la PAF, de l'EVAA...

    Evidemment l'organisation d'un meeting à côté, ça fait pas rêver de la même façon. Acréditation, autorisation, parkage des visiteurs,...
    A St Hil' on échange deux mots avec les frères Rodriguez qui ont tout inventé de la voltige avec des suspentes, avec le facétieux Mathieu De Quillac... et à Melun on fait un lointain coucou totalement impersonnel à l'As du Ciel qui ne peut plus porter ses carnets de vol à une seul main...
    Pas vraiment pareil !
    Même si Pierre-Paul Ménégoz et Bernard Chabert trouvent autant de superlatifs pour décrire la valeur des acteurs en présence.

    Seul Gérard Feldzer a le profil pour faire un pont entre ces deux ambiances...
    A quand une Aviation qui ne se prendra plus pour la fille du Concorde, de la techno pur jus, de l'image select ?
    Et ce jour là St Hil pourra éclater de rire avec La Ferté !
    (Cqfd : on est en France pays de traditions, donc c'est pas pour demain...)

    Quand à la vocation de l'ULM : a-t-il une polarité tournée vers l'Aviation ? Ou vers la liberté créative ?
    (... tout en restant sérieux au moment de voler, cela va sans dire)

    • Je partage totalement cette vision !
      Tout aussi schizophrène, l'aviation commerciale est mon métier, l'aviation légère mon loisir, le modélisme ma passion vitale épicurienne.
      Nous autres modélistes (présents aussi à la coupe Icare) volons pour le fun , pour l'esprit, pour la joie de l'art, pour le sport, pour la compétition... Juste parce que il fait beau et qu'on a envie d'aller faire un tour d'Extra 330, de Piper J3, ou d'ASH31. Dans la même journée, au même endroit, sans avoir de comptes à rendre à personne, sans avoir besoin d'une valise d'autorisations. La liberté de voler, simple.
      Ce qui n'empêche pas beaucoup d'être quasi-pro et de pouvoir donner des leçons de vol et de mécanique de vols à nombre de "brasseurs d'hélices"...
      C'est aussi cela l'aviation... Au même titre qu'un motard prend sa meule pour aller voir en haut de la colline si les virages s'enroulent bien aujourd’hui...

  • Il est facile de trouver une explication, tant elle est évidente, entre Blois et les coupes Icare , le prix des aéronefs présentés.
    Il est d'ailleurs parfaitement abusif de mettre sous le même vocable (ULM) ces matériels lorsque certains atteignent 500 kg de masse au décollage. Et si on parlait prix d'achat ?
    Seule l'aile delta motorisée des débuts qui a évolué heureusement vers une aile plus élaborée aérodynamiquement et le paramoteur ont encore droit à mes yeux au vocable ULM. Lorsqu'on a vécu l'entière apparition de ces types d'aéronefs, on ne se laisse pas abuser.

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