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Aviation Générale

Red Bull Air Race : Deux avions de retard pour François Le Vot

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Bastien Otelli

Tout le monde, à commencer par ses supporters mais aussi ses adversaires, attend avec impatience le jour où l’ancien champion du monde de voltige attaquera les pylônes avec un avion performant. Mais pour cela, il doit d’abord réunir les moyens financiers nécessaires à la préparation de son Edge 540-V3.

François « Zool » Le Vot est le premier pilote de l’histoire de la Red Bull Air Race a avoir remporté le championnat Challenger Class (en écrasant la concurrence !). Mais, quand il intègre la Master Class en 2015, il termine la saison dernier du classement général, sans avoir marqué le moindre petit point.

En 2014, à l’époque où il survolait le championnat Challenger Class, François Le Vot, fraîchement couronné champion du monde de voltige, affichait un large sourire confiant. © Photo : Tomislav Moze / Red Bull Content Pool

En attendant mieux

En cause : l’appareil qu’il a racheté à Mike Goulian (USA), un Edge 540-V2, un véritable boulet, une machine tordue avec un moteur à bout de souffle que Le Vot a acquis en connaissance de cause : « J’ai acheté le seul avion que je ne voulais pas acheter ! Mais c’était celui-là ou rien du tout… », admet-t-il. En effet, les places en Master Class sont rares, et lorsque Red Bull en propose une, ça ne se refuse pas, même aux commandes d’une « vérole » (dixit Le Vot).

Dès la première année de participation à la Master Class, c’est la douche froide : son Edge 540-V2 manque cruellement de performances et de fiabilité. © Photo : Balazs Gardi / Red Bull Content Pool

Cet Edge 540-V2 était si mauvais que Philippe Alberola, le mécanicien de l’équipe, passait son temps à essayer de rendre l’avion, non pas rapide, mais « pas trop lent » : « Même en pilotant bien, j’avais parfois jusqu’à 5 secondes de retard ! » se souvient le pilote français.

Pas encore à armes égales

En 2016, Zool achetait l’Edge 540-V3 très performant de feu Hannes Arch. Cependant, il n’obtenait la machine que tardivement dans la saison et, le temps de la régler à son pilotage, de s’y habituer, de prendre confiance à ses commandes, le championnat était terminé. Cette année-là, Le Vot se retrouvait également sans sponsor et, sans un soutien financier, il ne pouvait plus faire évoluer son avion comme il le souhaitait. Dès 2017, il se faisait donc distancer par les autres concurrents et leurs lots d’innovations technologiques.

Avec l’Edge 540-V3 racheté aux proches de feu Hannes Arch, Zool commençait à retrouver le sourire, mais les moyens financiers de la petite équipe l’empêchait d’évoluer au rythme des autres. © Photo : Joerg Mitter / Red Bull Content Pool

En 2018, les évolutions aérodynamiques arrivent timidement : un nouveau capot moteur et, surtout, pour la première course française, le Français comptait beaucoup sur l’arrivée de winglets, appendices indispensables pour mieux conserver l’énergie et, ainsi, établir des temps canons… Hélas : « Je devais les recevoir avant Cannes, tout était planifié pour qu’on ait le temps de les monter, mais la société qui les a fabriqué ne les a pas envoyé à temps ! » regrette-t-il. Comme si ça ne suffisait pas, toujours à Cannes, son boitier électronique de régulation d’hélice est tombé en panne, obligeant l’équipe à effectuer des réglages manuels : « Forcément, c’était moins précis : j’avais 50 t/min de moins que d’habitude ».

En 2018, l’avion de François Le Vot rattrape doucement mais sûrement son retard technologique avec, notamment, un nouveau capot moteur et, prochainement, des winglets. © Photo : Anthony Pecchi / Red Bull Content Pool

Entre-temps, les fameux winglets sont arrivés dans sa boîte aux lettres : « Oui, on les a enfin reçu, mais comme on n’a pas eu accès à l’avion après Cannes [Comme pour tous les concurrents, son Edge est directement parti pour le Japon en container.  NDLA] on n’a pas pu les monter. Il faut savoir que des winglets, ce n’est pas du plug-and-play. Il faut les adapter, faire du mastic, les régler, les tester en vol, les re-régler, etc. Ça ne se fait pas en 2 heures. Après Chiba, on aura du temps pour travailler sur l’avion. » explique-t-il.

Rendez-vous à Budapest

Comme pour Nicolas Ivanoff, François Le Vot espère (enfin) avoir un avion compétitif dès Budapest. Il refuse cependant de faire des plans sur la comète : « Ce V3 est bien mieux que l’ancien V2, mais il n’est toujours pas au niveau des autres. Il nous manque encore 1 seconde. »

Quand il est en course, Le Vot affiche une précision évidente qui laisserait peu de place à la concurrence s’il avait une machine plus performante. © Photo : Andreas Langreiter / Red Bull Content Pool

Ces déconvenues qui se suivent et se ressemblent sont d’autant plus décevantes que tous les professionnels de la Red Bull Air Race reconnaissent les grandes qualités de pilote de course de Zool. Paul Bonhomme, lui-même, s’interroge : « Quand on voit voler François avec autant de précision et d’engagement, on est à chaque fois surpris de voir ses chronos. On ne comprend pas ! » explique l’ancien champion du monde anglais. La raison est pourtant évidente : deux années de retard.

Un avion en passe de rattraper son retard et un pilote talentueux armé d’un courage hors du commun finiront par payer. © Photo : Predrag Vuckovic / Red Bull Content Pool

Néanmoins, François Le Vot garde le moral : « On est toujours en train de se battre pour trouver la seconde qui manque, mais les trajectoires sont souples et maîtrisées. Et puis, on fait toujours un peu mieux que la fois d’avant et ça, c’est très positif ! À Budapest, l’ancien tacticien de Hannes Arch, Hartmut Siegmann, pourrait rejoindre notre équipe. Ce n’est pas encore signé, mais c’est en bonne voie ! », confie François Le Vot, incontestablement le plus courageux des pilotes de la Master Class.

Bastien Otelli

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Bastien Otelli

Bastien Otelli travaille depuis 2004 avec la presse et l'édition des choses de l'air… Il a rejoint l'équipe d'AeroBuzz.fr en 2016. Depuis 2013, il est également photographe aéronautique professionnel.

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