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Van’s, le N° 1 mondial du kit d’avion devant la justice

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Gabriel Gavard

Suite à un accident mortel, les ayant-droits du pilote décédé aux commandes d’un avion léger Van’s RV-10 construit en kit attaquent le fournisseur en justice. Une plainte qui pourrait être lourde de conséquences pour le premier producteur mondial de kit comme en témoignent les précédents avec Cessna ou Rutan.

Avec près de 9500 RV terminés et ayant pris l’air, Van’s Aircarft est de loin le plus important producteur mondial de kits d’avions de construction amateur. L’entreprise américaine fait face depuis le 14 octobre à une action en justice exigeant 35 millions de dollars suite à l’accident en mai 2014 d’un RV-10 ayant entraîné la mort du pilote-constructeur et de sa petite fille âgée de quatre ans. Selon la famille, Van’s créerait l’illusion que des personnes manquant de compétences et de formation pourraient construire des avions en toute sécurité… L’accusation étend le contexte à l’ensemble des réglementations US de la construction amateur qui permettrait de diffuser des produits de basse qualité. L’action en justice vise également Floscan Instruments, fournisseur du capteur de débit de carburant (fuel-flow) récemment installé sur le RV-10.

L’enquête du NTSB, l’équivalent américain de notre BEA, a déterminé qu’un résidu de joint silicone obstruant le capteur a suffi pour provoquer une panne moteur. L’avion a ensuite décroché avant de s’écraser. La passagère survivante a témoigné de la perte de vitesse et de l’action à tirer du pilote. Celui-ci est mis en cause par le NTSB pour cette perte de contrôle, mais également pour l’installation incorrecte du circuit carburant (joint inadapté et absence de by-pass). Aucune responsabilité de Van’s ou de Floscan ne peut être déduite du rapport d’accident.

L’aviation générale tout comme la médecine américaine sont depuis très longtemps en butte à des actions en justice exigeant des sommes énormes à la suite d’accidents. Cette situation a pu en arriver à faire cesser l’ensemble de la production d’avions à pistons de Cessna pendant une dizaine d’années jusqu’en 1994. Le milieu de la construction amateur n’y a pas échappé : entre autres, John Thorpe a été visé par plusieurs actions retentissantes et la Rutan Aircraft Factory en a perpétuellement subi. Burt Rutan est toujours parvenu à les contrer, mais de guerre lasse, il a fini par fermer l’entreprise.

En France, au début des années 2000, l’importateur des Avid Flyer s’était lui-même retrouvé en accusation de diffusion d’avions dont le moteur pouvait tomber en panne… D’éminents acteurs de l’ULM avaient alors éclairé l’instruction, et assuré que le principal des formations était justement de gérer cette situation. Rien n’avait changé. C’est la suspension de l’activité d’importation qui a clos l’affaire : « on ne tond pas un œuf », dit-on dans nos campagnes. De fait, Cessna comme la Rutan Aircraft Factory était leaders de leurs marchés lorsqu’ils étaient attaqués. Van’s est dans la même situation aujourd’hui.

L’EAA (Experimental Aircraft Association), qui fédère l’ensemble de l’aviation amateur américaine, s’est élevée contre cette attaque frontale du principe de construction personnelle d’avions. « Tout comme un accident d’automobile ne remet pas en cause l’ensemble d’une industrie, cet accident ne peut être utilisé pour mesurer la valeur et l’intégrité du secteur de la construction amateur d’avions », communique-t-elle. « Ces poursuites qui nous défient ne font rien pour améliorer la sécurité aérienne. Les historiques de sécurité et d’innovation de Van’s reposent sur des milliers d’avions qui ont volé des centaines de milliers d’heures en toute sécurité ». Affaire à suivre…

Gabriel Gavard

Un kit de RV-7 fourni par Van's Aircraft
Ce placard est obligatoirement placé en évidence dans les machines américaines de construction amateur.
Le capteur de fuel-flow du RV-10 accidenté était obstrué par un résidu d’une pâte à joint inadaptée.
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Gabriel Gavard

Pilote avion et ULM depuis 1984, c’est par la construction amateur et les revues techniques (Fox-Echos, qu’il a créée, puis Experimental dont il sera rédacteur en chef) que Gabriel Gavard a abordé la presse aéronautique en 1994. Rédacteur en chef d’Aviasport de 2005 à 2011 et d’ULM-Info de 2017 à 2020, collaborateur à Aerobuzz.fr depuis 2012.

View Comments

  • Van’s, le N° 1 mondial du kit d’avion devant la justice
    on pourrit ajouter qu' au pays des procès roi , l' argent n'a pas d' odeur pour les affairistes.
    il reste, heureusement, que depuis quelques années, les Tribunaux des US ne sont plus aussi généreux ( quant ils le sont )
    d'après la description de l' accident, on ne voit pas très bien où serait la responsabilité de Vans, sauf s'il a conseillé formellement l' emploi de cette pâte à joint pour le montage de cet accessoire, ou si le monteur a pris le tube qu'il avait sous la main
    la compatibilité des produits chimique avec certains carburants ou huiles qui contiennent des additifs est très délicat, il faut toujours lire la notice, ou, demander l' accord du fabricant....c'est comme pour les medicaments !
    en France, il y a eu un fabricant de carbone epoxy qui a du refaire les ailes pour incompatibilité de la résine avec certains carburants , mais qui étaient autorisés sur ce type d' appareil., mais comme il avait mis la clé sous la porte, ce sont les propriétaires qui ont payé !

  • Van’s, le N° 1 mondial du kit d’avion devant la justice
    Même si l'on peut peut comprendre la douleur d'une famille, je trouve ce procédé très américain proprement répugnant. Nous parlons de 1000 exemplaires construits et qui volent ! Vouloir faire du pognon sur le dos d'un pilote et de sa petite-fille, mettre en cause post-mortem sa compétence en matière de constructeur amateur et de pilotage, semer le doute, tout cela est particulièrement lamentable et indigne. Encore une anedocte macabre à mettre au débit d'une profession (les avocats) parfois très border-line...

    • Van’s, le N° 1 mondial du kit d’avion devant la justice
      Il n'y aurait pas de procédure lancée par les avocats si il n'y avait pas en face des juges prets à accorder des dédommagements farfelus pour des raisons absurdes.

      La "justice" américaine est bien malade et l'état de droit est pourtant une condition essentielle à la santé des affaires et de l'industrie en general. Une belle balle dans le pied.

      Ceci dit, c'est different mais pas mieux chez nous - tous les jours des jugements prononcés démontrent que l'état de droit est egalement tres mal en point chez nous aussi

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