Paroles en l’air. Collision en plein ciel

En 1991, Patrick Louis a été impliqué dans un accident d’avion, alors qu’il était solo leader de la Patrouille de France. Il livre ici un document sans concession, ni rancune. Une immersion, comme vous n’en avez encore jamais lue, au cœur de la PAF. C’était, il y a trente ans…

C’est lors d’un entrainement, devant la plage de Faraman, dans le golfe de Fos, que les deux Alpha Jet de la Patrouille de France se sont percutés, à grande vitesse, au croisement en face à face. C’était le 13 février 1991. Le second solo est tué sur le coup. Patrick Louis, solo leader, est grièvement blessé. Cet événement dramatique et surtout, l’impact qu’il aura sur la suite de la carrière militaire de l’auteur, sont au cœur de ce livre.

Patrick Louis est devenu pilote militaire par vocation. Son « rêve secret » d’intégrer la Patrouille de France, il le réalisera fin 1988. Début 1991, sa vie va, de la manière la plus brutale, basculer dans le cauchemar. L’institution, à commencer par ses équipiers, va le rejeter.

« J’étais coupable à mon corps défendant d’avoir violemment bousculé le ronronnement feutré d’un rythme heureux, la vie devenue presque idyllique de ces hommes qui avaient beaucoup sacrifié pour parvenir à ce Graal », écrit-il. Il ne sera pas non plus le bienvenu à l’Équipe de voltige de l’armée de l’air, où il sera muté, lorsqu’il aura retrouvé sa capacité à voler. Il quittera l’armée de l’air fin 1994.

Le début des années 90 n’était pas le meilleur moment pour entamer une carrière de pilote de ligne. Il tentera en vain sa chance à la Sécurité civile. Il aura plus de succès aux sélections d’Air France. Entre temps, il fera ses classes au sein de la compagnie Belair Île-de-France, sur Boeing 727. Patrick Louis livre, à chaque fois, une présentation passionnante de ces différentes phases de sa carrière.

Mais ce livre est d’abord un remarquable témoignage sur une armée de l’air d’une autre époque. La gestion des ressources humaines était alors rudimentaire. La verticalité de la hiérarchie était écrasante. Il est aussi une description du fonctionnement de la Patrouille de France comme jamais encore il nous avait été donné de lire.

Ce document est d’autant plus passionnant qu’à aucun moment ne pointe une quelconque rancœur, ni même un sentiment de revanche. « Paroles en l’air » aurait pu tourner au règlement de compte. C’est au contraire un témoignage rigoureux et distancié. La qualité du style est, elle aussi, remarquable.

Gil Roy

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