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Culture Aéro

Dax, gardien de la mémoire de l’ALAT

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Frédéric Lert

L’Aviation légère de l’armée de terre conserve sur sa base école de Dax, les hélicoptères et les avions qui ont marqué son histoire. Ce petit musée qui n’est ouvert au public qu’à la belle saison vous fera tourner la tête.

Posé en bordure de la base école « Général Navelet » (BEGN) de Dax, où sont formés tous les pilotes d’hélicoptères des armées françaises, le musée de l’Alat et de l’hélicoptère est l’un des quinze musées militaires de l’armée de Terre. La proximité avec la base école n’est pas que géographique d’ailleurs puisque le musée est un service de la BEGN.

Avant l’Alouette 3, l’utilisation de l’Alouette 2 a permis de défricher le combat antichar héliporté avec le missile AS.11.

Le Hiller 360 qui rendit célèbre Valérie André, médecin et pilote. La commande du plateau cyclique se faisait via le manche passant par le sommet de la verrière et qui imposait de piloter le bras en l’air. Extrèmement inconfortable racontait Valérie André dans son livre « Ici ventilateur ».

Le musée de Dax évoque également les avions légers qui ont bien servi l’Alat au fil des ans. Ici un Piper PA22 Tripacer qui fut notamment employé pendant la guerre d’Algérie

Le musée de Dax fait des efforts pour disposer d’appareils des trois armées et de la Gendarmerie. Ce Super Frelon, « Miss Belligou », fait partie des derniers appareils retirés du service en 2010

Alouette 3 dans une robe sable très seyante, telle qu’elle fut portée en Afrique, du Tchad à Djibouti. Les quatre missiles SS.11 offrait une capacité d’appui crédible, même si l’engin était délicat à guider.

Le SO 1221 Djinn a contribué également au développement de l’hélicoptère militaire. L’appareil miniature pouvait être facilement transporté sur le plateau d’un camion tactique, ce qui facilitait bien son emploi au plus près des forces.

Sikorsky S-55 avec un moteur de 800 cv, tel qu’il fut utilisé pendant la guerre d’Algérie. Le musée abrite dans ses réserves un autre appareil, motorisé par un 600cv et représentatif du conflit indochinois.

Son conservateur actuel, le chef de bataillon Ménager, est diplômé de muséologie de l’Ecole du Louvre. Il s’était engagé pour être pilote d’hélicoptère mais il aura finalement fait une carrière dans les chasseurs à pieds. Il tient aujourd’hui sa revanche en étant placé à la tête de la plus belle collection d’hélicoptères de France, et peut-être même d’Europe…

Comme bien d’autres en France, le musée de Dax recèle des pépites qu’il est difficile de faire connaître en raison d’une ouverture au public (7.500 visiteurs par an environ) très limitée. Le musée n’est ouvert que pendant la belle saison, de début mars à fin novembre, et uniquement l’après-midi. Les guides bénévoles de l’association des amis du musée assurent les visites et le fonctionnement courant de l’établissement, tandis qu’une employée gère la boutique et la billetterie.

La visite du hangar d’exposition (2.500m2) mérite pourtant le détour, avec un bel échantillonnage des appareils ayant servi sous les couleurs de l’Alat depuis sa création. On compte neuf avions et quatorze hélicoptères, un des derniers appareils reçus étant une Gazelle SA341 canon, retirée du service à son retour de l’opération Serval au Mali, en 2013. A son arrivé à Dax, l’appareil avait encore du sable malien au fond de sa bulle en plexiglas ! Autre appareil récemment reçu, le Panther n°6005 de la DGA qui servit à mettre au point les turbomoteurs MTR390 équipant le Tigre.

Le commandant Ménager peut compter sur deux équipes pour faire avancer ses projets de restauration. La première, composée de cinq mécaniciens militaires, finit actuellement la reconstruction d’une Alouette 3 de la Gendarmerie. La deuxième équipe, composée de volontaires de l’association des amis du musée, termine la restauration d’un HSS1 (Sikorsky S-58 construit sous licence par Sud Aviation) de l’Aéronautique navale. L’appareil devrait être exposé au public en 2017.

Le musée de l’Alat n’est pas sectaire, puisqu’il présente déjà un Super Frelon et possède par ailleurs une Alouette 2 à roulettes (surnommée « caddy ») également de l’aéronavale. Côté armée de l’Air, il possède un AS355 F1 Ecureuil2 et il a récupéré très récemment une Alouette 3 qui végétait en pot de fleur devant le Fort Peyras à Toulon.

Le commandant Ménager envisage la restauration d’un Bell 47 qui viendrait compléter l’exemplaire déjà exposé. Il souhaiterait également présenter au public un Puma de présérie, avec sa face avant caractéristique. Il dispose pour cela des appareils 02 et 06 stockés dans ses réserves. Pour bien faire, il lui faudrait un jour récupérer un Tigre mais la partie s’annonce difficile : les prototypes ou les appareils endommagés sont pour l’heure réservés aux écoles d’instruction.

Au-delà des appareils, plusieurs projets de développement mobilisent également la petite équipe du musée. Il s’agirait tout d’abord d’offrir à l’établissement le label « musée de France », ce qui impliquerait de présenter un projet scientifique et culturel répondant aux attentes du ministère de la culture. Une autre ambition est d’augmenter les surfaces d’exposition : le hangar principal se double actuellement d’un deuxième hangar accessible uniquement pendant les journées du patrimoine et les nuits européennes des musées.

Ce deuxième bâtiment abrite trois avions et une douzaine de voilures tournantes, dont la fameuse Gazelle à grande vitesse (équipée de moignons d’ailes), l’unique Dauphin à train classique de l’Alat, un Mil Mi-8 allemand, un Sikorsky S-55 à moteur de 600 cv en dépôt du musée de l’air et de l’espace… Il s’agirait dans un premier temps de pérenniser l’ouverture de ce deuxième hangar.

Un projet d’extension prévoit même la création d’un troisième bâtiment, reliant les deux premiers hangars, consacré à l’accueil des visiteurs et aux expositions temporaires. Cette construction permettrait du même coup d’ouvrir le musée sur une route plus passante en lui donnant plus de visibilité. Le coût de cette extension a été chiffré à 2 M€, mais l’argent se fait encore désirer…

Frédéric Lert (photos de l’auteur)

Informations pratiques

adresse :
58 avenue de l’aérodrome, 40100 Dax

téléphone : 05 58 74 66 19

Ouverture de mars à novembre, de 14h à 18h, tous les jours sauf samedi, dimanche et jours fériés (ouvert le samedi en période estivale). La boutique :  05 58 35 95 24 entre 14h00 et 17h45

prix
plein tarif : 6 €
gratuit pour les enfants de moins de 12 ans et le personnel de la Défense.

site internet : www.museehelico-alat.com

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Gérémy 40..En ce musée comporte deux hangars d'exposition des appareils... celui ouvert au public et animé par les bénévoles de l'Association des Amis du Musée (AAMALAT) et celui du conservateur difficilement accessible dont la devise est .."c'est compliqué"

  • Dax, gardien de la mémoire de l’ALAT
    Bonjour à tous. Bravo pour vos explications. De Mars 1964 à Juin 1965 je suis un ancien.......
    "Béret bleu" bref à l'époque MON musée était à Satory et Buc de mémoire 18 types de machines y séjournaient. Bref très bon souvenirs dont un en particulier........
    "Le tour de Paris" en Alouette II ,au départ de Buc et ce dans le sens des aiguilles d'une montre avec en prime un arrêt en sustentation au dessus de la Seine au niveau du 2 ème étage de la tour Eiffel.................Bref je ne suis pas encore redescendu.
    Pour l'histoire de l'ALAT je sais qu'il y a un passionné "Ch. Malcros" !!! Mais le lien ???
    Amitiés à tous. Christian valadon

  • Dax, gardien de la mémoire de l’ALAT
    Bückeburg c'est bien, mais Dax a l'avantage d'être en VF ( version française et non pas vol fantaisiste ), et situé dans un région où on cultive le foie gras. Sérieusement parlant, ce Musée renferme des pièces remarquables, mises en état et en valeur par des bénévoles méritants et très professionnels.
    Les Piper utilisés en Algérie pendant le conflit étaient des L 18 C et des L 21 Bm.
    Je profite de ce message pour m'indigner contre les médias qui osent évoquer une erreur de pilotage du Canadair qui a frôlé un imbécile.

  • Dax, gardien de la mémoire de l’ALAT
    A ma connaissance, le PA 22 Tripacer n'à jamais été utilisé par l'ALAT en Algérie, comme l'indique votre commentaire. Initialement achetés par les Troupes de Marine, avant d'être rétrocédés à l'ALAT, ils ont été utilisés en Afrique Sub-saharienne et à Madagascar au sein de trois GALTOM (groupes d'aviation légère d'Outre-Mer) basés pour l'un à Dakar, pour un autre à Fort-Lamy (Tchad), pour le dernier à Ivato. Ce dernier à eu une existence éphémère. Après les années 60, seul le 1er à été conservé. Lors de l'Intervention au Tchad en fin des années 60 et début 70, La quasi-totalité des PA 22 de Dakar ont été convoyés au Tchad. Basés successivement à Fort-Archambault puis à Abéché avec un détachement permanent à Mongo, ils étaient servis par des personnels de Dakar en rotation 2 mois sur quatre, appuyés par des permanents affectés Tchad 12 ou 24 mois. Ces appareils ont ensuite été relevés par des Cessna L19 E, plus à même de remplir les missions d'observation.
    En métropole, certains d'entre eux été affectés à l'escadrille de liaison de l'Armée de Terre, basée aux Mureaux, et également à l'établissement du matériel ALAT de Montauban.

    • Dax, gardien de la mémoire de l’ALAT
      bonjour,
      merci pour ces précisions qui viennent corriger mon erreur. J'ai tout simplement mal interprété une photo montrant un Tripacer des troupes de marine photographié à Setif alors qu'il n'était que de passage...

  • Dax, gardien de la mémoire de l’ALAT
    Le terrain est en principe réservé aux basés. L'exploitant de l'aérodrome donne-t-il des autorisations pour venir visiter le musée en avion?

  • Dax, gardien de la mémoire de l’ALAT
    apres 8 années à l' ESALAT puis maintenant appelée EALAT je n'ai jamais vu ni entendu ce sigle BEGN, sans remettre en cause la valeur de ce, musée, il y en a un très intéressant à Bueckeburg en Allemagne ,Bueckeburg étant l'équivalant de Dax pour la HEERESFLIEGE allemande

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Frédéric Lert

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