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Les hommes de l’Aéropostale : les plus beaux témoignages

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Bruno Rivière

Germain Chambost propose une superbe anthologie sur les hommes de l’Aéropostale. Un recueil de morceaux choisis des grands acteurs de l’épopée Aéropostale : Jean Mermoz, Raymond Vanier, Gaston Vedel, Henri Guillaumet, Antoine de Saint-Exupéry, Henri Delaunay, Marcel Moré, Joseph Kessel et les autres…


Un très très grand merci à Germain Chambost pour son travail de fourmis. Du grand art ! En presque 800 pages, il arrive à évoquer, des débuts jusqu’à la fin, la grande histoire de l’Aéropostale. Pas facile, tant on a déjà écrit sur le sujet. Le choix de Germain Chambost consiste à réunir et à présenter des témoignages de ceux qui ont fait « La Ligne » : pilotes, mécanos, radios, journalistes. Attention, cette anthologie qui court de la première ligne Toulouse-Casablanca (1919) jusqu’à la fin de la fin de l’Aéropostale (1933) se lit avec le recueillement que l’on doit à ces hommes qui risquaient chaque jour leur vie pour transporter le courrier. Chaque texte est présenté par Germain Chambost, qui en connaît plus d’un rayon sur l’aviation, et même sur les déserts calcinés d’Afrique du nord pour avoir, jadis, piloté des avions de chasse en Algérie. Et bon nombre de récits se déroulent précisément au dessus du désert, lors des vols Toulouse-Dakar.

On ne peut ici revenir sur les multiples témoignages. Il y a bien sûr les plus connus, qu’on aime à lire et à relire tant ils appartiennent au patrimoine aéronautique mondial. « Ce qui sauve, c’est de faire un pas. Encore un pas. C’est toujours le même pas que l’on recommence… Ce que j’ai fait, je le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait. » (Guillaumet, page 607). Ou encore « A 10h47, le poste radio de Dakar capta ce message interrompu : coupons moteur arrière droit. Dès lors, la Croix du Sud ne répondit plus. » (Jean-Gérard Fleury citant la disparition de Mermoz, page 732).

Couzinet et Mermoz devant l’Arc-en-Ciel. © DR

Il y a aussi des témoignages moins connus, qui décrivent l’ambiance des débuts de l’Aéropostale. Par exemple, ces cartes que l’on donnait aux pilotes – en l’occurrence à Raymond Vanier – avant chaque vol : « En cas d’atterrissage fortuit ou exceptionnel, le porteur de la présente carte est autorisé à demander aux formations de l’Aéronautique militaire ou maritime l’aide suivante : droit d’atterrissage, droit d’escale, droit de mouillage […] droit de remorquage, de hissage et d’abri […]. En cas de panne en mer, le porteur de la présente carte est autorisé à demander aux bâtiments de la Marine nationale aide et assistance… » (pages 37 et 38). Autres exemples, plus tragiques, la perte d’un passager ou du pilote, en vol ! « Cette fois-ci, ce fut le pilote lui-même, Jaladier, qui fut « vidé » par une rafale de vent et ce, malgré l’étroitesse du trou du pilote qui permettait tout juste à celui-ci de s’y encastrer… » (pages 69 et 70). Ou encore : « craignant d’avoir des gouvernes endommagées, il se retourna et aperçut, accrochée à l’empennage, la couverture dont on emmitouflait habituellement les voyageurs. Il se souleva légèrement de son siège pour réprimander son passager, et là, à 2 000 mètres d’altitude, constata avec effroi que ce dernier avait disparu. Dans un trou d’air plus fort que les autres, il avait été éjecté, sans pouvoir se retenir. » (page 196).

 

Les hommes de l’Aéropostale, témoignages. Par Germain Chambost. Editions Omnibus. 800 pages. 27 €.

Et maintenant, des récits plus folkloriques, lorsque le Breguet de Marcel Reine et Henri Delaunay, en mai 1927, se pose pour raisons mécaniques sur une plage au large de Cap Juby : « C’est finalement en tapant avec une pierre sur un canif fermé que nous débouchons le radiateur. Celui-ci paraît presque vide […]. Nous cassons des goulots, engloutissons fébrilement douze Perrier, trois flacons de vin et plusieurs bouteilles d’eau de mer dans le moteur. » (page 333).

Et puis il y a des témoignages plus inédits, presque méconnus, comme cette rencontre quelque part au Brésil entre le pilote Paul Vachet et un gamin de quatre ou cinq ans, tenu par la main de son père, directeur d’une banque. « Au démarrage, le moteur fit, comme à l’ordinaire, un bruit infernal qui effraya tellement le petit garçon que, lâchant son père, il s’enfuit à toutes jambes. […] Mais, mon petit gars, il ne faut pas avoir peur ainsi, sinon, tu ne seras jamais aviateur… Or, le petit gars en question n’était autre que celui qui allait devenir, vingt ans plus tard, l’as des as des pilotes de chasse […] Pierre H. Clostermann. » (page 449).

Bruno Rivière

 

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Bruno Rivière

Reporter photographe par passion, Bruno Rivière a assuré la rédaction en chef d’Aéroports Magazine pendant près de 25 ans. Il a également enseigné le journalisme en faculté. Spécialiste du transport aérien, il a rejoint Aerobuzz en janvier 2011. Bruno Rivière réalise des reportages et des recensions de livres.

View Comments

  • Les hommes de l’Aéropostale : les plus beaux témoignages
    Bonjour, la papa de ma grand mère un certain Maurice, était pilote pour l'aéropostale. J'ai aucune autres informations sur lui, car il n'avait pas reconnu ma grand mère et sa sœur (jumelle). Je sais juste qu'il s'appelait Maurice. Ma grand mère me parlait très peu de lui, et elle n'est plus là aujourd'hui pour témoigner. J'ai une photo de lui que ma grand mère aimait particulièrement. Si des personnes ont des informations sur lui, je suis preneur. Mon nom est Gianni CODRON, vous trouverez facilement mes coordonnées sur Google. Au plaisir de vous lire.

  • Les hommes de l’Aéropostale : les plus beaux témoignages
    Mon père Maurice DUMESNIL a été l'un de ces pionniers qui ont participé à cette grande aventure de l'Aéropostale, il passa ensuite à la CIDNA, puis logiquement à Air France.

    Je recherche des photos de lui, ou article le concernant, merci d'avance pour votre aide.

    Patryck DUMESNIL

    • Bonjour

      Nous sommes une équipe de professeur d'histoire du Collège Maurice Dumesnil a Matoury , en Guyane .
      Nous souhaiterions rendre hommage a votre pères, avoir quelques images ou textes

      M. Laurent
      Coordonateur Histoire Geo du college Maurice Dumesnil

    • Les hommes de l’Aéropostale : les plus beaux témoignages
      Bonjour

      Je cherche le prénom d'un pilote de l'Aéropostale répondant au nom de Dumesnil rencontré par Joseph Kessel à Casablanca en 1929 et évoqué dans Vent de sable.. Pourriez vous me confirmer que nous parlons bien du même homme? Ceci pour les besoins d'un livres à paraître à la prochaine rentrée. Merci d'avance.

      AB

      • Bonjour,
        Ce pilote était Maurice DUMESNIL, je suis son fils. Je peux, peut-être, vous aider.
        Cordialement,
        Patryck

      • Il s'agit bien sur de Maurice Dumesnil dont Kessel parle dans son livre "Vent de sable" et dont il a fait l'eloge lors de ses obseques en 1967.
        Me contacter je suis le petit neveu de Maurice et j'ecris un livre biographique et historique de ce pionnier de l'aviation, resistant au SOE puis Air France en Guyane.

      • Bonjour,

        Ce pilote était Maurice DUMESNIL, je suis son fils. Je peux, peut-être, vous aider.

        Cordialement,

        Patryck

  • Bateaux-relais dans l'Atlantique Sud
    Bonsoir,
    Je cherche, des documents, un livre, des photos
    sur ces " bateaux-relais ", qui permettaient aux pilotes de se reposer, de changer de moteur, de refaire le plein d'essence.
    Les hydravions étaient hissés à bord, pour effectuer les travaux nécessaires, avant d'être catapultés pour faciliter le redécollage vers l'Amérique du Sud.
    D'avance merci de votre réponse.

  • Les hommes de l’Aéropostale : les plus beaux témoignages
    les hommes de l'aéropostale, je suis un passioné de ces braves pilotes qui ont donnés
    leurs vies, pour l'aviation civile, c'étaient les forgerons!!!! avec un courage, de l'audaceet surtout beaucoup d'humilité!!!! de vrais hommes.

  • Les hommes de l’Aéropostale : les plus beaux témoignages
    Toutes mes félicitations à Jean-Pierre CONDAT pour le visuel qui a servi de couverture à ce livre. Magnifique !

  • Les hommes de l’Aéropostale : les plus beaux témoignages
    J'espère que l'auteur n'a pas oublié Pierre DELEY, qui fut l'un des bâtisseurs de la Ligne Toulouse-Santiago, créant les "aéroplaces" de Port-Etienne (1925), Santos (1927) et Colina à Santiago du Chili, qu'il dirigea pendant 16 ans, de 1929 à 1945. C'est notamment lui qui, en compagnie du mécanicien Clavier, rechercha le premier son camarade et ami Guillaumet dès le vendredi 13 juin 1930. Voir le film "Les Ailes du Courage" de J-J Annaud.
    Un livre raconte son histoire.
    http://range.pagesperso-orange.fr/deley-asso.htm

    • Les hommes de l’Aéropostale : les plus beaux témoignages
      Bonjour,
      passionné par l'histoire des Lignes Latécoère et par celle de l'Aéropostale depuis mon adolescence, je peux m'y consacrer pleinement maintenant que je suis à la retraite. J'ai bien aimé votre livre sur Pierre Deley, pilote resté injustement méconnu. Je voudrais vous poser une question : qui est ce Georges Lechevallier que vous citez plusieurs fois dans votre livre sur Deley ? Je n'en trouve trace dans aucun des nombreux ouvrages que je me suis procuré au fil du temps sur l'histoire de la CGEA et de la CGA. Il y a bien Charles Lechevalier, dont je possède le livre "95 fois le tour du monde", mais pas de Georges Lechevallier.
      Cordialement, Alain

  • Les hommes de l’Aéropostale : les plus beaux témoignages
    me concernant l'aéropostale, tous ces pilotes ont forgés l'aviation, j'ai dévoré les hitoires de ces hommes par leurs courages, audace au péril de leurs vies avec bien entendu
    beaucoup de modestie fait l'histoire de l'aviation!!!!!!! voila des hommes!!!!!!!

    maitenant au 21 emes siécles, on prend l'avion sans réaliser un seul instant que
    c'est grâce à cette poignée d'hommes qui nous font rêver pour les voyages du bout
    du monde!!!!!

    ne soyons pas des ingrats!!!!! et transmettre le message aux générations futures!!!!!

  • Les hommes de l’Aéropostale : les plus beaux témoignages
    Pour mémoire, l'un des ancêtres de l'Aéropostale était la compagnie Franco-Roumaine
    dont les pilotes étaient pour beaucoup d'anciens as de la Grande Guerre. Je n'ai pas encore lu ce livre mais je vais le commander.

    • Peut etre pourriez vous contacter Alain Jancel son grand pere a ete a la CIDNA decore par le roi Carol 2 de Roumanie.
      Mais mon grand oncle Maurice DUMESNIL a lui aussi fait la Franco Roumaine CIDNA pour Air France j'ai garde quelques infos.
      N'hesitez pas a me contacter
      Aeronautiquement

      • Bonjour Gérard, je cherche des renseignement sur l'association qui garde la mémoire de la CIDNA. Un moyen de contacter Mr Jancel ? Merci.

      • Cher Monsieur Bion,

        Je me nomme Mehdi Schneyders et je réside en Belgique ( métis belgo - sud - africain ). En plus de mon activité de dessinateur - illustrateur, je travaille pour les éditions pat.H ( Bruxelles ), où je m'occupe d'encoder les informations relatives aux ouvrages, œuvres d'art et objets en rapport avec le domaine de l'aviation.

        Je souhaiterais entrer en contact avec Monsieur Alain Jancel, à propos d'un objet ayant un rapport direct avec la Compagnie franco - roumaine de navigation aérienne. Je suis parvenu à découvrir une adresse E - mail, mais je ne suis pas certain qu'elle soit toujours active. Pourriez - vous m'apporter votre aide à ce sujet, s'il vous plaît?

        Je vous remercie infiniment pour votre aide.

        Je vous souhaite de passer une excellente journée.

    • Jack MARY membre de l'Asso Mémoire d'Aéropostale et auteur de Paul Vachet,pionnier des lignes d'Amérique du Sud( Loubatières) et de La Compagnie générale Aéropostale, les autres lignes ( Privat) says:

      Les hommes de l’Aéropostale : les plus beaux témoignages
      Je pense que Pierre-Yves Debroise doit se précipiter pour acheter le livre de Germain Chambost;car il a,,semble-t-il, beaucoup à apprendre sur la VERITABLE histoire de l'Aéropostable avant de formuler quelques commentaires..Jack MARY Toulouse.

  • Les hommes de l’Aéropostale : les plus beaux témoignages
    La légende de votre photo est erronée. L'avion Breguet XIV appartient aux Lignes Aériennes Latécoère -c'est marqué sur la dérive- et non à la Compagnie Générale Aéropostale, qui ne fut fondée qu'après par Marcel Bouilloux-Lafont. L'emploi de ce mot comme terme générique ne peut convenir à ce cas, parce qu'il contribue à embrouiller des faits historiques. Il est d'ailleurs bien possible qu'il n'était même pas encore utilisé à l'époque où cette photo a été prise, Une expression générique peut en revanche convenir : "La ligne", Elle a été employée par tous les pilotes et auteurs de l'époque.

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