Lucio Perinotto : « Je suis heureux lorsque mon œuvre donne matière au rêve. »

Un Lockheed Constellation survolant New-York dans un style impressionniste bichrome, Lucio Perinotto en a peint une centaine. Pourtant c’est bien l’un d’eux qui lui donna sa reconnaissance, en temps que peintre, dans les cercles aéronautiques.
« J’ai fait une peinture en noir et blanc d’1m par 80cm. Elle représentait un avion au dessus de New-York. Un beau jour, j’ai montré cet essai personnel à un collègue qui travaillait dans la pub, comme moi à l’époque, et qui s’intéressait à l’aviation. Il a été séduit immédiatement ! « 

Il ne fallut pas plus de cette peinture et de cette rencontre pour lancer la carrière professionnelle de Lucio Perinotto en temps que peintre. Il faut dire que, à l’époque, peu d’artistes ne représentaient de scènes aéronautiques en noir et blanc en peinture.

« La peinture, c’est quelque chose de fait pour accrocher au mur. Elle ne représente pas toujours une réalité mais plutôt un rêve. »

« Cette  représentation m’inspire beaucoup ! J’étais très attiré par cet avion. A l’époque où il volait, c’était la Cadillac du ciel : il allait vite, il volait haut, il était beau, haut sur pattes, de belles courbes. Je me suis simplement laissé séduire »  narre Perinotto avec beaucoup d’émotion et de romantisme d’une époque révolue.

Cette peinture, Perinotto l’a peinte en 3 semaines. Et comme à son habitude, quelques croquis préparatoires ont été nécessaires dans le processus de création. « A ce moment, je n’avais pas beaucoup de sou. J’avais fait ça sur Carton bois pas très épais acheté à côté de chez moi. Pour la technique, elle était très simple, c’était de la peinture à l’huile puisque je maitrisais cette technique. Le noir et blanc, pour une notion d’économie et de simplicité. C’est ce qui en faisait l’originalité. »

« Pour peindre un constellation, j’ai une centaine de bouquins sur cet avion. »

Cette peinture, simple en apparence, est caractéristique du style Perinotto : un avion au premier plan et à l’arrière plan, un New-York très simplifié et stylisé. « L’arrière donne une ambiance mais le sujet principal est toujours l’avion. Sur New-York, j’avais 4 ou 5 photos découpées dans des magazines, pas plus » m’explique l’artiste. Il y a aussi une précision dans le coup de pinceau. Donner une vraisemblance à l’image, malgré le style impressionniste, est son crédo. « Le dièdre est exact. Je veux que l’avion soit exact car mon public est un public de connaisseurs. »

Cette peinture est à la fois nette et floue. Perinotto aime donner matière à rêverie à celui qui contemple ses créations. Il affectionne particulièrement amener ses fantasmes et ses envies : l’aéroport du Bourget de nuit, un équipage débarquant à New-York… D’ailleurs, en peignant, il ne se pose pas trop de questions tant son style est instinctif mais toujours juste et précis. « Dans cette peinture, par exemple, je laisse de la place à l’imagination, une partie non terminée. Avec un minimum de moyens, on fait un maximum d’effet. »

Jean-François Bourgain

Lucio Perinotto

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