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Culture Aéro

Top Gun Maverick : on l’a attendu, on n’est pas déçu !

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Jérôme Bonnard

La suite de Top Gun, succès planétaire qui aurait fait bondir de 500% les recrutements de l’US Navy à l’époque, est enfin en salle (25 mai 2022). Il aura donc fallu patienter 36 ans pour revoir Tom Cruise alias « Maverick » aux commandes d’un supersonique. Mais cela en valait la peine d’attendre. Aerobuzz.fr s’est cramponné au siège et en a pris plein les yeux…

Dès les premières secondes, qu’elles soient musicales ou visuelles, le spectateur est dans le bain. Les fondamentaux qui ont fait le succès de la première édition sont là. D’abord en introduction les mouvements des aéronefs (cette fois des F/A 18 Super Hornet) filmés en longue focale au soleil couchant sur le pont du porte-avions, jusqu’à la paire de Rayban, le blouson en cuir (de l’époque !), puis sans trop tarder la frime en moto en bord de piste…

Plus de trois décennie avant la suite

Top Gun Maverick s’est fait attendre. En gestation depuis 2010, le tournage a démarré en 2018 et a duré presque un an. Face à la crise sanitaire du Covid, la sortie du blockbuster a ensuite subi de multiples reports. Mais la production a su faire patienter les fans, en dévoilant dès 2019 une première bande-annonce suivie de making of. Une chose est sûre, les jeunes recrues d’acteurs ont bel et bien volé et subis des G…

Le scénario, bien que formaté et cousu du fil blanc, est rythmé par de nombreux clins d’œil au passé et un très habile équilibre avec les séquences spectaculaires (nous y reviendrons). Là aussi, les fondamentaux et valeurs sûres d’un blockbuster made in US fonctionnent. Pete « Maverick » Mitchell, la soixantaine, vole toujours. Il est devenu pilote d’essai sur un mystérieux appareil aux allures de clone supersonique du SR-72 de Lockheed Martin. Dans le film, l’appareil poursuit une campagne d’essai qui le mène à Mach 10. Le héros refuse de monter en grade, pour devenir amiral ou sénateur, car cela l’obligerait à renoncer à voler.

Tom Cruise est dans la vraie vie un passionné d’aviation, pilote privé, à son aise ici devant le F 18 ! © Paramount Pictures

Il est alors chargé de former un détachement de jeunes diplômés de l’école Top Gun pour une mission spéciale qu’aucun pilote n’aurait jamais imaginée. Celle de détruire un complexe nucléaire caché au bout d’un canyon entouré de montagnes, dans un pays hostile.

Lors de cette mission, Maverick retrouve le lieutenant Bradley “Rooster” Bradshaw, le fils de son défunt ami, le navigateur Nick “Goose” Bradshaw dans le premier Top Gun. L’histoire peut commencer, et la rédaction d’Aerobuzz.fr vous laisse la découvrir sans spoiler

Secrets de tournage

En revanche, difficile de résister à vous dévoiler quelques temps forts des tournages. Nous avons été interpellés par le réalisme des séquences de vols, aussi fortes et spectaculaires, qui arrivent toujours à nous surprendre, notamment lorsque deux F18 partent en vrille synchronisée à le perfection et filmée en plan large de plus haut, sur un majestueux décor minéral.

La production a mis les moyens pour filmer plus de 800 heures de rush (images brutes avant montage). A bord des avions, tournage IMAX avec 6 caméras 6K positionnées dans chaque cockpit, ainsi que quatre caméras sol-air, 2 caméras air-air (à partir d’un Phenom 300, un hélicoptère, et des drones, sans oublier celles fixées à l’extérieur sur les fuselages…

Séance de travail avec la production, acteurs et pilotes… © Paramount Pictures

Inutile de dire que la mise au point de toutes ces séquences a été préparée minutieusement en étroite collaboration avec la Navy, même si l’acteur aux indémodables Rayban avait depuis longtemps les idées bien arrêtées, et peut-être aussi les bons mots…

« Je vais vous faire honneur, les gars. Voler signifie beaucoup pour moi. La Navy signifie beaucoup pour moi. Ils ont un esprit différent de celui d’un aviateur – tout simplement. Et je voulais rendre hommage à leurs valeurs. Je voulais aussi rendre à hommage à cela dans le premier Top Gun – c’est pourquoi j’ai souhaité faire ce film ». 

Tom Cruise et Jerry Bruckheimer (le producteur) sont ainsi allés rencontrer le vice-amiral DeWolfe H. Miller III, chef des forces aériennes, commandant des forces aéronavales de la flotte américaine du Pacifique, pour lui exposer leur vision du film. « Nous allons le tourner en direct. Et nous allons engager les acteurs et les former, sinon nous ne le réaliserons pas », évoque Tom Cruise.

Des mois de préparation. En 2018, Tom Cruise est retourné à Miramar aux Etats-Unis, la base militaire où une grande partie de Top Gun a été tournée 33 ans auparavant, au printemps 1985. Il s’y rend pour suivre un ASTC (Aviation Survival Training Curriculum) complet, afin de se qualifier pour les longues séquences de vol dans des F/A-18 de la Navy américaine, qu’il considère personnellement comme essentielles à la réalisation de la suite.

L’acteur Greg Tarzan Davis dans le rôle de « Coyote » lors d’une séquence forte en conditions réelles… © Paramount Pictures

Les pilotes (presque) aux commandes

Dans le film, les visages des acteurs trahissent leur soumission aux fameux facteurs de charges qui multiplient le poids du pilote par le nombre de G. Car tous ont bel et bien volé à bord des F-18. Tom Cruise, passionné d’aviation, et lui-même pilote (il possède le Mustang P-51 visible dans le film ainsi qu’un Gulfstream IV), connaissait déjà l’environnement d’un avion de chasse puisqu’il était déjà à bord des F-14 Tomcat en 1985…

En revanche, pour les jeunes recrues du nouvel opus, le programme de préparation (5 mois de vols intenses) restera gravé dans leurs mémoires. La plupart ne connaissaient pas le monde de l’aéronautique. Selon la production, c’est Tom Cruise qui aurait lui-même créé le programme pour les besoins de film, « en donnant aux jeunes acteurs des objectifs quotidiens sur mesure et en enrôlant des instructeurs pour leur apprendre d’abord à se sentir à l’aise avec l’aviation, puis à apprendre à voler et enfin à être capable d’encaisser des G. Chaque jour, ils devaient remplir un formulaire détaillé sur le déroulement de leur journée, afin que Cruise puisse ensuite ajuster et personnaliser chaque programme individuel. »

Tom Cruise préparait et évaluait lui-même les acteurs (ici Monica Barbaro) avant chaque vol en F-18. © Paramount Pictures

Les jeunes aspirants pilotes ont commencé leur formation dans des Cessna 172 Skyhawk monomoteurs, puis sont passé à l’Extra300. « Dans l’Extra, c’était plus acrobatique, on pouvait commencer à tirer des G », détaille Tom Cruise. « Ensuite, je pouvais envoyer un autre avion près d’eux, afin qu’ils puissent commencer à se sentir à l’aise dans les airs tout en ayant d’autres avions dans les parages « . 

Pour l’avant-dernière étape de la formation, les nouvelles recrues se sont retrouvées une fois encore mises à l’épreuve, dans des jets monomoteurs L-39 Albatros à haute performance, afin de s’habituer à la sensation d’effectuer des manœuvres dans un jet. « Ils ont dû s’habituer à filmer dans un jet de tournage différent, car chaque fois que je les mettais dans un F/A-18, nous devions tourner », explique Tom Cruise.  » La Navy n’est pas à notre service. Donc, ce n’est pas seulement une question de budget. C’est une question de respect pour les pilotes et les gens. Je savais que chaque fois que ces gars étaient là-haut [dans un F/A-18], je devais obtenir des images. J’ai dit à la Navy : « Mes hommes seront prêts« .

Les avions du film

Dans le ciel, le show au plus près de la réalité (du moins pour les vols) ne lasse pas et fonctionne à merveille avec au final très peu d’effets spéciaux… Une réalisation d’une ampleur à couper le souffle, avec de vrais avions (les F-18 et même au début un clin d’œil aux F-35C mis en scène sur le porte-avions).

Les avions ennemis, des Sukhoï 57 (avions de cinquième génération sous le code OTAN Felon) ont été recréées en images de synthèse pour les besoins du film. 14 appareils seraient jusqu’à présent construits par les Russes, dont 12 sont des prototypes, avec une mise en service des premiers chasseurs de série fin 2020…

« Ce que nous avons réalisé avec les séquences aériennes est véritablement du jamais vu« , déclare Tom Cruise. « Nous avons formé des acteurs pour qu’ils soient capables de voler et de jouer dans de vrais F/A-18. Et, pour ce faire, nous avons pris les meilleurs pilotes de chasse du monde [de la Navy américaine] et nous leur avons enseigné les techniques de cinéma – le pilote et l’acteur devaient travailler en équipe. C’est la sophistication des séquences aériennes. Personne n’a jamais fait ça, jamais« .

Cerise sur le gâteau, l’hommage au célèbre F-14 (perçu avec humour comme une antiquité par le jeune Lieutenant « Rooster » fils du défunt « Goose ») est rendu dans le final du film. Les images en vol sont bluffantes et il est même difficile d’affirmer s’il s’agit d’un vrai avion ou non. C’est peu probable puisque le dernier vol de l’aéronef à géométrie variable, sous les cocardes américaines, a eu lieu le 4 octobre 2006. Tom Cruise lui fait reprendre du service pour notre plus grand plaisir !

Jérôme Bonnard

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Jérôme Bonnard

Journaliste polyvalent, à la fois rédacteur et vidéaste, Jérôme a couvert tous types d'actualités pour la télévision en France comme à l'étranger et a été co-finaliste du Prix Albert Londres en 2012 pour sa couverture du conflit Libyen. Il est passionné par tout ce qui vole depuis son plus jeune âge et pilote sur ULM 3 axes. Il écrit pour Aerobuzz.fr depuis 2018, et co-anime la nouvelle émission JumpSeat sur Twitch, il travaille sur des nouveaux médias et enseigne le reportage vidéo en écoles de journalisme.

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