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Avions de combat : le conflit des générations

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patrick brunet

Face aux avions de combat de cinquième génération (F-35, Su-57, J-20), les avions actuels (F-18, Mig-29, Typhoon, Rafale), même si leur conception remonte aux années 70-80, « font (encore) le job ! ». Aux promesses difficiles à tenir, les militaires préfèrent les capacités démontrées au combat.

Les avions de combat de cinquième génération tels que le F-22 aux Etats-Unis, le SU-57 en Russie ou encore le J-20 en Chine, incarnent aux yeux du grand public la nouvelle norme en matière d’avions de combat. Leur agilité et leur faible signature radar impressionnent les militaires de tous les pays qui cherchent les moyens de s’en doter comme de s’en prémunir. Pour autant les avions de combat actuels, conçus dans les années 70-80 ne sont pas près de disparaître.

Ils sont élégants, impressionnants et ils font la fierté des pays qui peuvent s’en doter. Il s’agit bien évidemment des avions de combat de cinquième génération. En occident, ce sont principalement le F-22 Raptor et le F-35 Lightning II qui tiennent le haut de l’affiche. La Russie avec son Sukhoi-57 et la Chine avec le J-20 ont rejoint le club des pays détenteurs de ce type d’appareils. D’autres pays tels que le Japon, la Turquie, l’Inde, la Corée du Sud (… et la liste n’est pas exhaustive), s’intéressent de près à ces types d’appareils et à leurs possibilités.

Voir sans être vu pour s’assurer la maitrise du ciel et du champ de bataille

Pour mémoire, ces avions sont caractérisés par une signature radar très faible, une motorisation très puissante pour leur permettre de croiser en supersonique sans utiliser la post combustion, des armements emportés en soute, et un système d’arme qui fusionne les informations de capteurs internes tels que le radar et le système de guerre électronique et externes tels que les données des avions de détection radar.

Voir sans être vu pour s’assurer la maitrise du ciel et du champ de bataille : tel est leur maitre mot.

Premières missions de guerre pour le F-35. © Lockheed-Martin

Ainsi, lors d’une mission de combat type, ces appareils s’approchent des avions adverses sans être détectés, guidés par leur radar ou par les informations d’un avion de type Awacs par exemple, avant de décocher leurs missiles sur des cibles qui tomberont du ciel sans comprendre d’où venait la menace. Ces avions ont également plus de chances de survie que leurs ainés dès lors qu’il s’agit de pénétrer une zone défendue par des moyens sol-air modernes tels que les fameux S-300 et S-400 de facture Russe.

La 4ème génération fait de la résistance

Au vu de l’évolution de la menace, les avions de combat de cinquième génération semblent indispensables, et de là à en conclure que les avions de génération précédente, citons les F-16 de Lockheed-Martin, les F-15 et F-18 de Boeing, les Su-27 et Mig-29 russes, sans oublier le Rafale de Dassault et le Typhoon (fruit d’une collaboration entre l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et le Royaume Uni) sont bons pour le rebut, il n’y a qu’un pas.

L’emblématique Mig-29 russe. © RAC

Paradoxalement, le marché répond qu’il n’y a rien de plus faux.  Bien au contraire, ces générations sont encore amenées à cohabiter pendant plusieurs dizaines d’années et ce, pour plusieurs raisons. La principale raison est d’ordre technique et financier

Ces appareils de cinquième génération sont complexes. Leur conception a demandé aux avionneurs de faire un saut technologique important, du coup, les retards et les dépassements de budget sont monnaie courante.

Concurrence technologique et guerre économique

C’est le cas de l’avion d’attaque F-35 de Lockheed Martin qui, toutes versions confondues, pourrait être produits à plus de 3.000 unités. Mais depuis le lancement du programme, le F-35 accumule les déboires techniques et les retards par rapport au calendrier initial. Du coup, le maintien en service, moyennant des remises à niveau techniques, de F-15 et F-16 est incontournable pour les États-Unis.

Lockheed-Martin a arrêté la production du F-22 Raptor. © Lockheed-Martin

Quant au Lockheed-Martin F-22 Raptor, considéré comme le meilleur avion de combat actuel, il n’est tout simplement plus possible de s’en procurer pour cause de chaine de production fermée définitivement après la livraison du 187ème exemplaire de série. Et relancer la chaine couterait plusieurs dizaines de milliards.

La Chine qui veut maitriser la technologie des avions de cinquième génération s’efforce de mettre au point des moteurs de conception nationale afin de ne plus dépendre de fournisseurs russes. Mais la tâche semble plus ardue que prévue.

Le casse-tête chinois

En dépit des difficultés rencontrées, les avionneurs chinois, Chengdu en tête, qui bénéficient d’un soutien étatique sans faille, multiplient les projets et les prototypes pour satisfaire les ambitions d’un pays qui ne cache pas sa volonté de devenir le futur poids lourd du marché des avions de combat.

Le Chengdu J-20 en vedette au salon Airshow China 2018. © François Brévot / Aerobuzz.fr

Le J-20 chinois, mis en service à seulement 20 exemplaires depuis 2018 est le porte-drapeau du pays. En parallèle, l’empire du milieu mise sur des avions moins sophistiqués et moins chers pour remplacer rapidement ses nombreux avions obsolètes.

L’ossature de son aviation de chasse repose principalement sur des avions récents de quatrième génération. Il s’agit d’avions de conception russe Su-27, Su-30, Su-35  mais aussi de produits nationaux tels que le Chengdu J-10 construit à plus de 400 exemplaires.

La difficile évolution du système industriel russe

La Russie, qui poursuit la mise au point laborieuse de son Sukhoi Su-57, a annoncé son intention d’acheter 76 appareils de ce type avant 2028. Il s’agit là d’un signal destiné à faciliter la percée sur les marchés export d’un avion dont la mise en service se fait désirer.

De source russe, la mise au point des moteurs définitifs et sans doute, de son système d’arme complexe, est plus longue que prévu. En attendant, les VKS (forces aériennes et spatiales russes) seront donc principalement équipées de Su-30, Su-34, Su-35 et dans une moindre mesure de Mig-29, Mig-31 et Mig-35. Ce sont autant de produits polyvalents, modernisés régulièrement et surtout proposés à l’exportation par Moscou à des tarifs attractifs.

Une première commande russe de 76 avions pour le programme Su-57. © UAC

De son côté, le bureau d’études russe MiG affirme préparer la relève avec le Mig-41 pour remplacer les MiG-31 en fin de vie, mais jusqu’à présent aucun prototype n’a été dévoilé.

Au-delà des difficultés de mise au point, les avions de 5ème génération souffrent d’un handicap de taille. Ils sont souvent considérés comme trop chers par de potentiels acquéreurs et munis de technologies trop sensibles pour être exportés à n’importe qui par les pays producteurs.

Ce qui laisse donc de bonnes perspectives commerciales pour des avions moins avancés sur le plan technologique mais qui offrent un bon rapport qualité/prix et qui sont disponibles à l’exportation.

En attendant la 5ème génération

A cet égard, le Rafale français qui, à défaut d’être totalement invisible aux radars, présente une signature réduite, un système d’autoprotection Spectra très performant et un système d’arme polyvalent pour les missions air-air, air-sol et air-surface largement supérieure à ses concurrents fait figure de favori pour s’imposer sur les marchés internationaux.

Saab Gripen de la SAAF © Rudi Pilz / Aerobuzz.de

Une menace bien comprise par le Suédois Saab qui propose un Gripen E entièrement nouveau et doté d’un système de guerre électronique « Arexis » capable de le protéger contre toutes les menaces.

Tandis que les américains mettent dans la balance tout leur poids politique pour imposer sur les marchés des versions avancées des F-16, F-15 et F/A-18E/F largement modernisées. Sans oublier les russes qui veulent se démarquer avec leurs Sukhoi 35 et Mig 35 pour écraser leurs rivaux.

Début février 2019, Dassault a entamé la livraison des Rafale au Qatar. © Dassault Aviation

Tous ont en ligne de mire, l’Inde, un pays dont les besoins sont considérables mais dont la lenteur du processus d’acquisition est proverbiale.

Patrick Brunet

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patrick brunet

Après plusieurs années au sein de l’Armée de l’Air, Patrick Brunet a débuté sa carrière de journaliste chez Air et Cosmos (défense et technologie). Il a travaillé pendant une vingtaine d’années dans l’Industrie chez DCN (Naval Group) puis NHIndustries (marketing et communication du NH90) et enfin Airbus (communication de la famille A320). Passionné d’histoire aéronautique en général, il voue une affection toute particulière à l’aéronautique militaire en général et Russe en particulier.

View Comments

  • Simples lois physiques.
    la seule chose invisible est un corps au repos, n'émettant aucune lumière aucune chaleur et aucune onde.

    Pour le reste...

  • "A défaut d'être totalement invisible aux radars comme les avions de combat de 5ème génération"
    Non, la furtivité est une notion relative, ce n'est pas binaire, aucun aéronef n'est invisible aux radars (pour l'instant)

  • mouais attention quand même avec ces avions dits à furtivité passive , c'est a dire avec faible ser frontale mais qui ne sont pas matures ; on ne fait pas la guerre avec des engins non déverminés mais avec des systèmes fiables qui ont fait leurs preuves comme semble l'indiquer à juste raison cet article.

  • Et quand est-il de la possibilité de détecter les fameux avions furtifs à l'aide de simples récepteurs TV analogiques à basse fréquences. Je crois que des scientifiques Français en utilisant des récepteurs de TV analogiques interconnectés avaient il y a un quinzaine d'années pu détecter des avions furtifs Américains survoler notre territoire??

  • Invisibles aux radars!!! Ça nous rappelle le F117 qui ne l'a pas été bien longtemps. Ils sont furtifs jusqu'à la prochaine évolution des chaînes de détection...

  • Qu'est ce que la France a dans ses cartons comme remplacant du Rafale face aux chasseurs furtifs evoqués ?
    Sachant qu'il faut 20 ans à la France pour développer un appareil puis pour se l'offrir, qu'auront nous comme armée aérienne en 2040 face aux F35 et autres ??

    • On aura un coucou issu de la coopération forcée avec la RFA qui finira d'achever l'industrie aéro en France. Après Airbus au tour de Dassault de se faire phagocyter.

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