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Défense

Programme T-X : Boeing fournira le remplaçant du T-38

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Frédéric Lert

En remportant la compétition T-X pour la fourniture d’un nouvel avion d’entrainement à l’US Air Force, l’avionneur de Chicago triomphe de Lockheed Martin et se relance dans le domaine de l’aviation de combat. Jusqu’à 475 avions et 120 simulateurs pourraient être commandés par l’Air Force (pour 9 milliards de $), sans compter l’export et pourquoi pas une future version navalisée pour la Navy. Après le drone ravitailleur embraqué MQ-25 et l’hélicoptère MH-139, c’est le troisième succès de Boeing sur le marché militaire ce mois-ci !

Les chiffres du contrat à venir avec l’US Air Force sont spectaculaires : 351 avions et 46 simulateurs dans un premier temps, la porte restant ouverte pour la fourniture au final de 475 avions et 120 simulateurs, pour un coût total supérieur à 9 milliards de dollars. Les premiers avions devraient arriver sur la base aérienne de Randoph (Texas) en 2023 et une première capacité opérationnelle est attendue l’année suivante.

L’USAF équipera à terme toutes ses bases d’entrainement avec le nouvel avion. Boeing signe donc un coup fumant, et ce n’est qu’un début : porté par le contrat américain, l’avionneur pourrait également exporter quelques centaines d’avions. Et qui sait si la Navy ne souhaitera pas remplacer un jour ses T-45 par un avion plus moderne ? On imagine que le bureau d’études de Boeing a déjà prévu de navaliser son dernier né…

Boeing face à Lockheed Martin

Le T-38 avait volé pour la première fois en 1959, il était entré en service deux ans plus tard et sa production s’était terminée en 1972 après la fabrication de 1.187 appareils.

Moins de quinze ans après la fin de la seconde guerre mondiale, Northrop frappait très fort avec le T-38, avion d’entrainement aux performances de racer ! © USAF

Son remplacement devenait donc urgent et l’US Air Force avait commencé à travailler sur le sujet au début des années 2010. Il était alors question de favoriser une solution simple avec un appareil disponible « sur étagère » : British Aerospace, en équipe avec Northrop Grumman, proposait notamment une version modernisée du Hawk qui faisait alors figure de favori.

Après avoir envisagé une solution à moindre coût, Boeing vira rapidement sa cuti en annonçant repartir d’une feuille blanche, sur un projet entièrement nouveau, avec les risques financiers et techniques associés. Mais c’était finement joué, puisque l’Air Force fit évoluer son besoin vers plus de modernité.

BAE et Northrop Grumman abandonnèrent l’idée du Hawk, évoquèrent un projet nouveau avant de finalement quitter la compétition. D’autres avionneurs, comme Textron, Turkish Aerospace Industries en équipe avec Sierra Nevada, furent progressivement écartés. Ne restèrent finalement en lice que trois grands : Boeing faisant équipe avec Saab, Lockheed Martin proposant avec Korean Aerospace une version modernisée du T-50 et enfin Leonardo et son T-100, version américanisée du M346 « Master ».

Boeing et Lockheed Martin faisaient office de favoris mais il était notable que quel que fut le résultat de la compétition, il était écrit qu’il y aurait de l’ADN non américain dans le futur avion d’entrainement US.

Boeing écrase les prix

La victoire dans le programme T-X remet Boeing sur orbite dans le domaine de l’aviation de combat, et ce pour plusieurs décennies. Mieux, l’avionneur gagne un plan de charge industriel appréciable qui va lui permettre de faire sereinement le lien entre la génération actuelle et vieillissante des F-18 et autres F-15, et de futurs projets d’avions de combat dits de « 6ème génération ».

Boeing a donc fait un sans faute en prenant le risque de concevoir un appareil entièrement nouveau, taillé sur mesure pour répondre aux besoins de l’Air Force. Commandes de vol électriques, minimanche latéral, écran tactile sur toute la largeur de la planche de bord : l’avion d’entrainement reprend le meilleur des solutions techniques des chasseurs les plus modernes.

Les équipementiers sous tension

Les équipementiers sont à présent dans les starting blocks pour proposer leurs solutions avioniques. On pense notamment à Garmin, qui aimerait bien prendre pied sur le marché militaire… En mettant en vol deux prototypes avant même l’annonce du résultat, Boeing a également pris des risques qui se sont révélés payants. Pour l’US Air Force en quête de certitude technique et industrielle, c’était plutôt rassurant…

Il se dit aussi que Boeing a cassé les prix pour rester dans la course face aux propositions concurrentes, basées sur des avions déjà développés. Des analystes américains évaluent l’offre de Boeing à 19 millions de dollars par avion. L’avionneur peut se serrer la ceinture sur le court terme, il sera forcément gagnant sur le long terme en préservant son plan de charge industriel, en exportant l’avion et en le faisant vivre pendant quarante ou cinquante ans…

Le suédois Saab a pu également sabler le Champagne puisqu’avec ce contrat il assure également sa position industrielle au-delà du seul Gripen.

Deux avionneurs militaires pour le Pentagone

Le 30 août 2018, Boeing remportait la compétition pour la fourniture du drone MQ-25 Stingray de l’US Navy. Un programme d’une valeur potentielle de 13 milliards de dollars pour 72 appareils. La semaine dernière, il gagnait en coopération avec l’italien Leonardo le marché de remplacement des derniers UH-1N utilisés pour la surveillance des sites de lancement des missiles nucléaires et les transports VIP : 84 MH-139 seront assemblés à Philadelphie. Valeur du contrat : 2,38 milliards de dollars.

Avec le contrat T-X, Boeing clôture donc un mois de septembre exceptionnel avec une troisième victoire. De quoi raffermir sur le long terme sa position de leader mondial aux 93 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 141.000 employés. Et le Pentagone conserve au passage un deuxième avionneur militaire très solide. Tout le monde est content…

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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