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Défense

VMAX : un « planeur » hypersonique pour la France

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Frédéric Lert

L’annonce surprise du projet VMAX par la ministre des armées place la France dans la course au véhicule de rentrée hypersonique. Un équipement, apanage des nations spatiales, qui promet une véritable rupture militaire stratégique. Difficile de savoir toutefois ce qui se cache réellement derrière les effets d’annonce des uns et des autres…

« Nous avons décidé de notifier un contrat pour un démonstrateur de planeur hypersonique. Beaucoup de nations s’en dotent, nous disposons de toutes les compétences pour le réaliser : nous ne pouvions plus attendre… » En trois lignes prononcées dans les dernières minutes de son discours lors des vœux adressés aux armées, la ministre Florence Parly a donc évoqué le lancement par la France du projet VMAX (pour « Véhicule de MAnœuvre eXpérimental »).

Dans le sillage des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie

Comme toujours dans ce genre de programme dit stratégique, les effets recherchés sont doubles, militaires et politiques, et ils sont intimement liés. Selon la ministre, la décision française trouve sa justification dans le fait qu’une course a été lancée par les trois grands, Etats-Unis, Chine et Russie. Les Etats-Unis sonnaient le tocsin l’an dernier par la voix de l’un de ses généraux qui déclarait que « les développements chinois en la matière (étaient) plus rapides que les nôtres… ». La Russie annonçait quant à elle en mars 2018 la fabrication en série de son système Avangard, lancé depuis un missile balistique.

Même s’il est difficile de démêler le vrai du faux et de distinguer la part d’esbroufe dans ces annonces, il est indéniable que ça bouge dans le Landerneau. Paris a donc décidé de monter sur le ring pour bouger avec les autres…

Une portée de plusieurs milliers de kilomètres

Mais de quoi parle-t-on exactement ? Le planeur hypersonique est un véhicule autonome sans moteur, qui serait lancé par une fusée dans l’espace extra-atmosphérique. Il utiliserait ensuite l’altitude et la vitesse impulsée par la fusée pour revenir vers le sol à des vitesses supérieures à 6.000 km/h en surfant sur son onde de choc.

A la différence des ogives de missiles balistiques, l’engin serait pleinement pilotable et pourrait faire varier sa trajectoire dans les grandes largeurs pour échapper à une interception. En « rebondissant » sur les couches de l’atmosphère, il gagnerait une portée de plusieurs milliers de kilomètres.

Les armes hypersoniques promettent beaucoup, mais il y a loin de la coupe aux lèvres et des effets d’annonce à la réalité opérationnelle. Les défis techniques pour obtenir une arme viable sont nombreux et colossaux… © DR

ArianeGroup et l’ONERA dans la boucle

L’acquisition d’un tel savoir-faire est intimement lié à l’industrie spatiale et ce n’est donc pas un hasard si la maitrise d’œuvre du projet VMAX a été confiée par la DGA à ArianeGroup, seul en France à maitriser le domaine de vol concerné. Autre certitude, dans un programme pour l’instant plongé dans une confidentialité extrême, l’ONERA sera aussi lourdement engagé. L’office de recherche aérospatiale est le seul en France à pouvoir simuler des vols à ces vitesses.

La ministre annonce que la France « dispose de toutes les compétences pour le réaliser » et il est vrai que le maintien d’une force de frappe performante a conduit la France à ne jamais relâcher les efforts de recherche sur des sujets pouvant intéresser directement le projet VMAX : formes, matériaux (il faut résister à des températures de l’ordre de 2000°), guidage, pilotage (expulsion de gaz et/ou gouvernes aérodynamiques…)…

Essais en vol d’ici fin 2021

Un premier essai en vol est attendu « d’ici fin 2021 » assure Françoise Parly, ce qui laisse peu de temps pour répondre à ces défis, bien qu’il soit probable à ce sujet que les bureaux d’études aient déjà commencé à plancher depuis quelques années sur telle ou telle brique technologique.

En l’absence d’informations précises, les questions que l’on peut se poser sur ce projet et son ambition véritable reste aujourd’hui bien plus nombreuses que les réponses accessibles. S’agira-t-il de faire voler un fer à repasser à habillage céramique de 20 kg ou de 200 kg, sur 300 ou 3.000 km ? Et avec quel budget ? Verra-t-on la fabrication d’un seul ou de plusieurs démonstrateurs ? Quel lanceur spatial sera utilisé pour le lancement, un missile balistique, une fusée sonde ? Saura-t-on recycler les études entreprises en France dans les années 1980 pour l’avion spatial Hermès ?

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Un objet massif, genre entre 8 et 10T envoyé en orbite basse par une Ariane 5 et que l'on pourrait faire retomber n'importe où sur terre avec une vitesse et une force d'impact sans aucune mesure avec ce qui existe en matière de missile, ça ne demanderait pratiquement aucune étude, juste concevoir l'objet et calculer sa trajectoire !

  • @Pierre AFEU /Pas bibon mon cher, renseignez vous !

    "D’ici fin 2021, nous assisterons au premier essai en vol", assure Françoise Parly. Cette annonce vise à assurer que la France ne sera pas à la traîne dans la conception d’armes hypersoniques. Les Etats-Unis, la Chine, la Russie et la Grande-Bretagne ont déjà dévoilé des projets. "Nous disposons de toutes les compétences pour le réaliser: nous ne pouvions plus attendre", a précisé la ministre.

  • Vous vous faites le relais d'un truc bidon dont on se tape completement !
    Dans ce cas l'effet d'annonce c'est vous.

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