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Dix mois, et maintenant.

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Gil Roy

2020 n’est plus, mais, en toute logique, en 2021, la crise va continuer à nous occuper. Si nous voulons trouver la sortie, il ne faudrait pas trop tarder à faire un reset. Dix mois de lamentations, de récriminations, de polémiques, ont été largement suffisants pour comprendre que la fin ne se décrètera pas. Nous avons aussi acquis la certitude, que les pouvoirs publics n’y arriveront pas seuls. Envie de passer à autre chose.

Il serait injuste de ramener la période récente à seulement dix mois de tâtonnement et d’éditions spéciales jusqu’à l’exaspération et la saturation. Les mesures d’urgence ont également permis d’éviter le crash. On aurait pu faire mieux. On aurait pu faire autrement. On aurait pu faire plus. Dix mois de rengaine. Sauf que personne n’était préparé à cette dépressurisation explosive. C’est là de toute évidence un autre problème. Mais la gravité de la situation impose de rechercher des solutions avant d’identifier des responsables. Une simple logique de hiérarchisation des priorités. Il sera toujours temps ensuite d’interroger l’Etat sur sa nécessaire réforme.

Inspirez ! Expirez ! Un exercice simple pour s’éclaircir les idées…

Cette crise a bousculé notre confort et remis en question nos habitudes. C’est indéniable. On ne sait ni quand, ni comment nous allons en sortir. C’est anxiogène. Mais on en sortira grandi. C’est incontestable.

La transition énergétique a changé de braquet. La réorganisation du travail est, elle aussi, passée à la vitesse supérieure. Le temps n’est plus à la théorisation. On est dans l’action. Les spécialistes (dont cette crise nous a appris à nous méfier, quelle que soit leur spécialité) affirment que le télétravail a gagné cinq ans. Chacun à son niveau peut le constater. Quant aux milliards d’euros injectés dans l’industrie aéronautique, ils permettent non seulement, dans l’immédiat, de préserver des emplois dans la filière, mais aussi de stimuler sa capacité d’innovation et de préparer l’avenir.

Au cours des 10 derniers mois, les sous-traitants de l’aéronautique ont été exemplaires. Ils se sont pourtant pris la plus belle claque de leur histoire et leurs perspectives de reprise sont lointaines, au-delà de la ligne d’horizon. Depuis 10 mois, machines à l’arrêt, ils se démènent pour sauver l’emploi de leurs compagnons. Eux n’ont pas le temps de s’épandre sur le plateau de télévision ou dans les forums. Le soutien de l’État est le bienvenu, mais il n’est pas suffisant. Ils se battent.

Et si nous en faisions autant. Si au lieu de nous diviser en polémiques stériles, nous mettions nos egos en veilleuse.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Je n'ai pas pour culture la critique systématique mais à un moment trop c'est trop et lire une sorte de consensus sur ces français qui critiquent à tout va devient lourd dans les circonstances actuelles.

    Factuellement parlant nous avons un exécutif qui s'est planté sur les masques, sur les tests, maintenant sur les vaccins, nous sommes à chaque fois la risée du monde entier tout comme sur les classements PISA et autres....

    En prenant des chiffres fiables (John Hopkins, INSEE, OCDE, etc...) on constate facilement que nos résultats dans la guerre contre le virus ne sont pas glorieux: dans le 1er 1/3 des pays européens les plus endeuillés en nombre de morts / million d'habitants et sur le podium pour la plus forte chute économique en rapport du PIB.
    https://coronavirus.politologue.com/million-habitants/

    Alors on peut douter du chiffre des morts Covid, pourtant c'est dans la fourchette de bien d'autres pays au plan mondial (mieux que les USA, pire que le Brésil, un peu plus que la Suède, moins que l'Italie ou l'Espagne, pareil que les Suisses, le double de l'Allemagne quand même, pour situer), pourquoi tous ces pays auraient aussi trafiqué leurs chiffres à la hausse (surtout ceux qui continuent à minimiser la pandémie) ?, et nous, pourquoi maximiser les nôtres et paraître encore plus nuls que nécessaire ?

    Nous avons reçu la même quantité de vaccins que l'Allemagne, ils ont vacciné 200 000 personnes quand nous en revendiquons 500. Le ministre revendique une gestion de "père de famille" et assume cette volonté politique mais dès que l'affaire enfle il se retranche avec le porte-parole du gouvernement derrière "les lenteurs de l'administration" et n'assume plus du tout.
    Le Président fait une fausse colère en déclarant qu'il découvre que rien ne va, qu'il ne savait pas, même si tous les media en parlent depuis 5 jours et que c'est lui qui décide de tout (et donc de la stratégie vaccinale en "père de famille") dans le secret du conseil de défense....
    Et comme à l'habitude il tend un écran de fumée en créant un comité de 35 citoyens tirés au sort qui vont décider suivre et contrôler la stratégie vaccinale en n'ayant aucune compétence dans les domaines médicaux ou logistique.

    Voilà, ce sont des faits d'actualité abondamment commentés dans la presse et surtout vérifiables, juste pour illustrer qu'à un moment il n'est plus possible de fermer les yeux, se contenter d'à peu près et dire "Bôf, c'est pas si mal, ils font ce qu'ils peuvent".

    Quand un gamin a des résultats médiocres, ce n'est pas responsable de le laisser mariner dans sa médiocrité.
    Lui crier bêtement dessus et le menacer de l'envoyer en pension, c'est stérile et inutile
    Lui tirer le signal d'alarme est un signe d'intérêt et un acte d'empathie pour l'aider à réagir.

  • Bonjour à tous et meilleure année 2021 !
    10 mois de perdus, dix mois de m... qu'on ne rattrapera pas. Sortirons-nous grandis ? Les évolutions citées l'ont été sous le coup de la précipitation, seront-elles pérennes dans le temps ? Crédibles dans le temps ? On parle de télétravail qui à gagné 5 ans, disons plutôt qu'on nous a imposé ce mode de travail en application immédiate, une sorte de test pratique qui tombe à pic, ce dont rêvaient un tas de "décideurs" patentés, et même encore plus de "travailleurs" accro du modernisme. Les mêmes qui dix mois plus tard se rendent compte qu'ils ne voient plus personne, et qui se rendent compte que quand le travail va repartir pleine bourre, ce n'est pas à distance qu'il pourra se faire... Le télétravail en ressort-il grandi et validé ? Rien n'est moins sûr.
    Alors oui, voilà une crise terrible, montée en épingle par tous, reflet de la société moderne dont les peurs ne sont plus gérées que par la religion ou par les politiques, mais surtout par les médias. Nos "anciens" parlent de situations vécues il y a 50 ans, bien plus grave par leur léthalité, mais mieux gérée par le bon sens et le pragmatisme que par la politique et le sensationnalisme. L'information immédiate nous a fait perdre le temps de la réflexion.
    Il dépend en effet de nous de sortir grandis de cette histoire glauque. 2021 est là. Nouvelle année, on remets les compteurs à zéro et on repart. Le voilà le reset. On regarde autour de soi, on respire, on sourit à son voisin qui maintenant à un visage (mais sous un masque), et on décide de quelle société on veut.
    Bon courage à tous !
    Bons vols !
    Parce que la vie n'est pas derrière un clavier ou une procédure, mais derrière un manche, dans notre main, dans nos sensations.
    Vivons !

    • Le télétravail n'est pas apparu hier : dans les années 2000, nous avons vu arriver plusieurs "parapentistes chanceux" s'installer dans la grande région d'Annecy - Genève (proximité d'un accès web, de gares et d'aéroports). Il s'agissait des premiers télé-emplois, souvent au développement logiciel ou au soutien de produits, au sein de multinationales. Ces "veinards" pouvaient s'organiser pour décoller à 13H et retourner au turbin à 17H, ayant dans l'intervalle fait les tour des massifs locaux sous le sourire d'Eole.
      Jean-Mi, justement la vie n'est pas seulement du temps perdu, de transport, de réunions inutiles,... mais une juste adéquation (souhaitée) entre le Job, et le reste qui nous manque à l'instant.
      Tout a été dit sur la létalité, qu'on n'accepte plus, "vu que la société nous doit tout et que l'Homme sait tout faire".
      Je crains comme vous, un retour à l'identique... à la normale, après l'épisode de la Covid. Nous n'avons pas eu assez la "pétoche" pour changer durablement nos modes de pensées et d'organisation. (Je n'élude pas les situations détruites pour la même cause, mais dont je ne parle pas à cet instant).
      On n'est jamais si débrouillard que lorsque l'on se sent acculé : on passe en mode "solutions", et soudainement tout est plus simple !
      Oui pour la respiration, pour gagner en acuité, en lucidité, en rappelant que nous respirons quelques PPM de CO2 de plus qu'il y a 50 ans.

      • Il y a eu, et je ne mélange pas :
        - le "télétravail (?)" qui a répondu aux besoins de l'horlogerie que je nommerais plutôt sous traitance manufacturière (+/- freelance aujourd'hui) avec un besoin d'équipement de production réduit, que tout un chacun pouvait faire entrer dans son habitat et
        - le télétravail (surtout intellectuel) actuel, également assez compatible avec une vie à la maison, dont nous parlons sur cette page.
        Ces deux types de jobs sont désormais scindés, car il est devenu impossible de construire un atelier chez soi.
        Une info à chaud sur l'attractivité du télétravail, un peu segmentaire car issue d'un réseau professionnel plutôt haut dans la hiérarchie : https://www.linkedin.com/posts/stephane-nho-525ab2101_si-vous-aviez-le-choix-que-pr%C3%A9f%C3%A9riez-vous-activity-6752974183044591616-Q_M4, qui donne une indication immédiate.

      • Non, Pilotaillon,
        Je crois que vous mélangez des notions que Jean Mi a bien cernées.
        Il y a télétravail et travail à domicile ;
        Les dentellières et les horlogers que cite Stanloc pouvaient effectivement éviter de se rendre dans une usine pour réaliser leur ouvrage artisanal, et je suppose que leur activité devait parfois être ponctuée de rencontres professionnelles physiques, ne serait-ce que pour commercialiser leur travail.
        Les mêmes, comme vos "geeks" malins pouvaient ainsi choisir leurs horaires et, dans ce cas, c'est effectivement un avantage pour s'offrir des heures de parapente quand la brise est propice ...et qu'il fait jour !
        Mais ce que cette saloperie de virus (ou plutôt la gestion de la maladie) a généré c'est l'obligation, aux horaires choisis par les employeurs, de travailler, souvent en réseau, dans un lieu pas du tout propice (la cuisine, la salle à manger, tout le monde n'a pas les moyens d'une pièce dédiée), sans bouger de sa chaise, un casque sur les oreilles, avec parfois le bruit de la rue (je ne parle pas des pov. petits martyrs qui ne supportent pas le bruit des avions, alors que, bizarrement, les gens qui travaillent dans des bureaux situés au milieu des aéroports, eux, ne les entendent pas...) .
        Et quand l'heure de la fin du "taf" non stop sonne enfin, il reste à peine vingt ou trente minutes pour aller acheter les plats surgelés pour pouvoir préparer "vite fait" les repas du lendemain (et oui, pas de restau. d'entreprise et pas forcément les moyens de se payer un cuistot à domicile pour se nourrir pendant l'heure de pause "fliquée" du midi...) avant le couvre feu si on habite dans l'est de la France....
        Rien à voir avec un choix de vie, et effectivement un isolement assimilable à un emprisonnement à domicile.
        Alors non, je ne crois pas que ce mode de vie soit un progrès, pas plus que ne plus voyager ou ne plus voler parce que la majorité n' en a pas le gout et qu'elle préfère s'offrir à bon compte une conscience civique en embrayant les leitmotiv à la mode (genre flygskam) ouvrant ainsi un boulevard aux nouveaux dictateurs braillards.
        Qu'une crise comme celle que nous vivons soit une occasion de repenser certaines de nos habitudes, je vous l'accorde.
        Mais pour autant "jeter" tout ce qui était bien (même si améliorable) avant cette crise pour nous jeter stupidement dans un monde totalitaire où les mots "partage", "solidarité", "générosité", "vivre ensemble" etc. n'ont plus aucun sens (imposées, ces notions n'ont aucune valeur) voulu par les gourous religieux ou politiques que cite Jean Mi ....
        Quel recul !
        Je précise que le "télétravail" tel que je le décris n'est pas une vue de l'esprit ; c'est ce que j'ai constaté moi-même en voyant le vivre quelqu'un qui m'est proche et dont l'employeur est pourtant une grande entreprise aux engagements sociaux réputés. (Heureusement pas basée dans l'est).
        Tout ce qu'ont construit nos "anciens" n'est pas si mauvais, ils n'étaient pas si cons que ça!
        Et même si ça mériterait d'être pondéré, les propos de Jean Louis Roba sont loin d'être déplacés.

      • Voilà encore des propos de gens bien jeunes pour parler de l'année 2000 comme le début du travail professionnel à domicile. Peut-être ne savez-vous pas comment s'est développée l'horlogerie suisse ? Je pense qu'il en fut de même pour l'industrie de la dentelle "faite main". Pour rester sur l'horlogerie les jurassiens l'hiver ont développé le travail à domicile il y a fort longtemps.

  • Merci pour cette tribune !
    Pour compléter et dans un sens du positif qui implique l'aéro, notre armée parfois, nous pourrions nous rassurer sur la qualité de nos systèmes de santé amont (laboratoires et production) et d'application aval (Hôpitaux et services en contact), qui ont fait le Job devant les railleurs ou manipulateurs (personnalités politiques en campagne et en goguette souvent).
    Pour le cas d'école, j'observe les conséquences des postures de défiances lorsqu'un chroniqueur fait la comparaison avec nos voisins :
    -"Pendant qu'on construit des veccinodrômes outre Rhin, l'administration Française se fend d'un recueil de consignes de 45 pages, pour se protéger des recours contentieux massifs et préserver l'ensemble de la hiérarchie...".
    Parce que les politiques, et les administrations, sont jugés séance tenante, sur les éventuels manquements à l'organisation, à la déontologie... pour atteinte à la quiétude du quotidien, demandée par une forme de vindicte populaire.
    On n'accepte plus rien d'autre que ce que l'on choisi sur l'instant, et la République (le contrat corrélé au vote) doit à tout instant le garantir.
    J'ai le sentiment que les pilotes sont classés à égalité de privilège avec les politiques, aussi les activités subissent un traitement identique.
    Alors nous voilà conspués pour la gène, par tel riverain lésé ou tel écolo mal informé.
    Mais ce qui est plus grave, de mon point de vue, est la lourdeur des procédures (liées en partie à la défiance) qui est telle qu'elle inhibe toute velléité de progrès, lorsque l'on parle de d'améliorer les flottes, pour développer des solutions à la hauteur des enjeux.
    Je n'hésite pas à faire le parallèle avec la mise en œuvre de la vaccination et les pratiques aéro de loisir. Comme la santé, nous sommes pris en sandwich entre la défiance de nos détracteurs et la nécessité d'arriver à l'heure dans un contexte réglementaire sans cesse plus exigeant.
    Si rien n'est engagé collectivement et avec volontarisme, ce n'est qu'une somme d'embuches qui nous attendent. Comment (quand) souhaitons-nous rationaliser nos matériels, en particulier réduire les consommations et les nuisances sonores ?
    Merci Gil de demander de ranger l'Ego, sans défiance, sans interventions mesurées nous ne pourrons pas avancer.
    Cela n’empêche pas une forme de "vigilance constructive".
    Mais j'ai bien peur de toucher au Gaulois (révolutionnaires de pacotille) qui sommeille dans un certain nombre d'entre nous, qui confond Bonne Année (bonne résolution) avec Banané (bonne révolution).

  • Bonjour,
    Bien dit, je ne vois rien à redire sinon écouter ces conseils et aller de l'avant,
    Bien cordialement
    Maurice Brand

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