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Hélicoptère

Des progrès mais une certification repoussée pour le Kopter SH09

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Thierry Dubois

Chez Kopter, les essais en vol avancent et le monoturbine à grande cabine SH09 est désormais proche de sa configuration finale. Mais Leonardo, qui a repris l’entreprise et le projet de nouvel hélicoptère en début d’année 2020, veut se donner du temps. L’homologation n’interviendra probablement pas avant 2023.

Les ingénieurs de Leonardo coopèrent avec leurs homologues chez Kopter en Suisse, sans que le constructeur italien ne phagocyte la jeune pousse, si l’on en croit Matteo Ragazzi, le directeur technique de Leonardo Helicopters. L’avenir dira quel degré de liberté Kopter conservera mais, pour l’instant, pas question pour Leonardo d’exercer un contrôle direct sur les activités de sa nouvelle acquisition. « L’autonomie aide le bébé à grandir », sourit Matteo Ragazzi.

Ainsi, Michele Riccobono reste le directeur technique suisse et « nous souhaitons qu’il dirige son équipe comme avant », affirme Matteo Ragazzi. De fait, Kopter possède son propre agrément DOA de conception, délivré par l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA). Leonardo Helicopters, avec notamment ses centres d’excellences en Italie, en Pologne et au Royaume-Uni, se voit donc comme un vivier de compétences auquel Kopter peut s’adresser.

La maturité d’abord

La maison-mère italienne a néanmoins fixé un objectif global : que l’AESA certifie un produit mature. Pour Matteo Ragazzi, il est exclu de faire homologuer une première version qui n’aurait pas les performances requises par le marché, ces capacités arrivant par la suite. D’où la nouvelle période envisagée pour la mise en service : « fin 2022 ou début 2023 ». Ce serait « immédiatement » après la certification… pour laquelle il était encore question, en février dernier, du premier semestre 2021. L’échéance est repoussée d’année en année depuis 2014.

Mais les dirigeants de Leonardo estiment être près du but et valident l’essentiel de la conception du SH09.

Ils avaient repris Kopter en se fondant en particulier sur un modèle numérique qu’ils avaient établi avant le rachat, raconte Matteo Ragazzi. Il avait montré que, pour parvenir à l’hélicoptère « à tout faire » visé, quelques modifications étaient nécessaires. Précisément celles sur lesquelles Michele Riccobono travaillait déjà avec son équipe.

Des modifications sont en cours pour une reprise des vols début janvier 2020. © Kopter

Après l’acquisition, le modèle numérique a été affiné. « Nous ne parlons pas de lacunes à combler, plutôt d’une évolution avec quelques points-clés en tête, » explique Matteo Ragazzi. Ainsi, une grande cabine implique d’ordinaire une vitesse modérée. Mais le facteur temps est critique dans une mission de Samu. La mise au point du SH09 – au cours de laquelle les performances peuvent être ajustées – doit donc se faire en conservant un équilibre efficace entre vitesse et qualités de vol stationnaire, souligne notre interlocuteur.

Six mois de perdus à cause de la pandémie

Avant la pandémie, le prototype P3 effectuait des évaluations en vol en Sicile. Le confinement a fait perdre trois mois aux essais proprement dits. L’impact global est de six mois : des fournisseurs ont eu du mal à maintenir leur activité, livrer leurs produits et gérer leurs propres sous-traitants, explique Michele Riccobono.

Leonardo assure vouloir conserver à Kopter son autonomie. © Kopter

Après la reprise des essais en Suisse, le P3 est à nouveau à l’arrêt pour plusieurs modifications. Elles sont en cours sur le site principal de Kopter à Mollis, en vue d’un premier vol début janvier, espère Michele Riccobono.

Il s’agit de faire progresser l’aérodynamique par des essais en soufflerie et en vol. Les capots moteurs seront mieux intégrés à la forme du fuselage. La dérive croît en hauteur pour une meilleure stabilité directionnelle. Le nouveau plan horizontal a désormais deux moitiés réglables indépendamment pour les essais, ce qui permettra d’arriver plus facilement à la configuration (fixe) définitive.

Des améliorations en maintenance

Pour un entretien facilité, les commandes de vol passent dorénavant à l’extérieur du mât rotor, et non à l’intérieur. Ce mât a été allongé, ce qui doit se traduire en davantage de confort et une plus grande autorité de contrôle.

Le tableau de bord Garmin G3000H a déjà été installé, en remplacement de l’avionique Sagem initiale. « Le G3000H permettra plus tard une certification IFR », explique Michele Riccobono.

Toutes ces modifications permettront de terminer la conception du SH09, aujourd’hui considérée comme globalement figée. Elles seront intégrées au modèle de pré-série PS4. Celui-ci doit voler à l’automne 2021 – une étape clé dans un programme qui pourrait à terme bouleverser le segment des monoturbines.

Thierry Dubois

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Thierry Dubois

Thierry Dubois est journaliste aéronautique depuis 1997. Ingénieur Enseeiht, il s’est spécialisé dans la technologie – moteurs, matériaux, systèmes — et la sécurité des vols. Chef du bureau français du magazine Aviation Week, il anime aussi des rencontres comme les tables rondes du Paris Air Forum. Pour Aerobuzz, Thierry Dubois couvre notamment les hélicoptères civils et des sujets techniques.

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