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Hélicoptère

Le marché chinois de l’hélicoptère médicalisé ne tient pas ses promesses

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Thierry Dubois

La Chine a souvent été présentée comme le nouvel eldorado des vendeurs d’hélicoptères médicalisés. Mais l’activité peine à décoller. Les obstacles sont multiples, des lenteurs administratives à un manque d’organisation du système de santé, en passant par la formation des pilotes.

Malgré les besoins d’une population de 1,4 milliards d’habitants, le soutien affiché du gouvernement au Samu héliporté et les centaines d’exploitants qui assurent être actifs dans le secteur, le nombre d’hélicoptères disponibles en tant qu’ambulance reste très en dessous des attentes.

« Le potentiel de croissance est grand, » estime Stéphanie Tovoli, en charge des ventes chez le loueur Milestone Aviation Group à Hongkong. S’exprimant à l’occasion du salon Helitech à Amsterdam, elle soulignait que les dépenses de soins par habitant restent modestes tandis que la classe moyenne grossit.

Seulement cinquante hélicoptères

En 2016, le gouvernement a encouragé l’usage de l’aviation générale en cas de catastrophe naturelle. Il soutient toujours financièrement plusieurs initiatives privées dans le Samu héliporté. Sur 400 entreprises d’aviation générale, « la moitié indique que le Samu héliporté fait partie de leur activité », remarque Stéphanie Tovoli.

La réalité semble différente. « Quand on cherche bien, on s’aperçoit que seulement 50 hélicoptères sont actifs sur ce marché », estime la représentante de Milestone. Le marché chinois du Samu héliporté consiste essentiellement en des transferts inter-hôpitaux, note Fabian Graebner, son concurrent chez Waypoint Leasing.

D’une manière générale, les exploitants d’hélicoptères civils en Chine ont du mal à changer de braquet. La plupart des livraisons concernent des appareils légers. La profession doit passer à des hélicoptères plus sophistiqués assurant des missions plus complexes.

Le marché chinois a fait l’objet d’une forme étonnante de spéculation. Il y a quelques années, des investisseurs ont acheté des hélicoptères en comptant trouver des utilisateurs sur place, explique Nadav Kessler, consultant chez Asian Sky Group. Ces appareils ont dû attendre avant de se voir enfin attribuer une mission.

Des monomoteurs légers AW119Kx sont employés en Chine pour le transport médicalisé. © Leonardo

L’histoire débute en 2014

Les appareils effectivement utilisés en Samu héliporté vont du monomoteur léger du type Leonardo AW119 au bimoteur intermédiaire, comme l’AW139. En 2014, Airbus Helicopters disait avoir livré le premier hélicoptère destiné au Samu héliporté en Chine. Il s’agissait d’un bimoteur léger H135, pour l’exploitant Beijing 999 Emergency Rescue Center.

L’entrepreneur chinois qui veut réussir dans le secteur doit relever plusieurs défis. Il n’existe pas de système de secours intégré, souligne Stéphanie Tovoli. Un obstacle se trouve ainsi au niveau de l’utilisateur. Si son assurance lui donne le droit d’être héliporté, les premiers secours ou témoins sur place ne le savent pas forcément. L’exploitant doit en outre nouer un partenariat avec chaque hôpital.

Une formation des pilotes coûteuse

En matière de formation, les pilotes – le plus souvent d’origine militaire – doivent passer à un hélicoptère occidental puis se spécialiser en Samu. La formation est d’autant plus longue et coûteuse. Or la réglementation chinoise requiert un équipage de deux pilotes.

Les opérateurs qui survivent sont ceux qui bénéficient d’un soutien gouvernemental comme KingWing Aviation à Shanghaï ou HEMS 999 dans la province de Shandong, affirme Stéphanie Tovoli.

Elle attend que l’espace aérien inférieur soit enfin accessible sans autorisation à demander des heures ou des jours à l’avance – il en est question depuis 2012. Mais elle voit la clé dans les initiatives que pourraient prendre les gouvernements locaux ou national.

Thierry Dubois

 

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Thierry Dubois

Thierry Dubois est journaliste aéronautique depuis 1997. Ingénieur Enseeiht, il s’est spécialisé dans la technologie – moteurs, matériaux, systèmes — et la sécurité des vols. Chef du bureau français du magazine Aviation Week, il anime aussi des rencontres comme les tables rondes du Paris Air Forum. Pour Aerobuzz, Thierry Dubois couvre notamment les hélicoptères civils et des sujets techniques.

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