Un panel de clients diversifié pour l’entrée en service de l’Airbus Helicopters H160

Airbus Helicopters prépare la mise en service du H160. Avec son biturbine intermédiaire, le constructeur de Marignane veut reprendre la main face à Leonardo et son AW139 sur ce segment. Le successeur du Dauphin représente un saut technologique majeur dans de nombreux domaines, comme l’aide au pilotage. Les premières heures de vol donneront de précieux retours d’expérience.

La crise du COVID-19 touche aussi les nouveaux programmes aéronautiques. Alors que le H160 a reçu sa certification de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) au début de l’été 2020, il attend toujours sa mise en service. L’une des raisons de ce délai est la validation nécessaire de cette homologation par la FAA américaine avant la première livraison, prévue aux Etats-Unis.

« Nous terminons le dossier de validation auprès de la FAA : c’est plus compliqué qu’espéré à cause des restrictions sanitaires en matière de voyage », explique Bernard Fujarski, le directeur du programme. D’ordinaire, valider une homologation EASA prend environ six mois. Les élèves ne peuvent pas venir se former à Marignane, où est installé le simulateur de vol. « Nous avons donc mis en place un programme de qualification des pilotes uniquement en vol… mais les pilotes de la FAA ne peuvent pas venir évaluer en vol ce programme », poursuit notre interlocuteur. Une situation qui engendre complexité et retards.

Sept livraisons sont prévues en 2021 aux Etats-Unis, au Japon, en France, au Brésil et au Royaume-Uni. Six de ces appareils entreront en service en 2021. Le septième devra encore recevoir son équipement en caméras pour la télévision japonaise.

La première livraison devrait avoir lieu aux Etats-Unis, à un client privé. En fonction de l’avancement de la validation FAA, la livraison au Japon pourrait toutefois passer avant.

Les sept livraisons de cette année représenteront une grande variété d’applications. Elles iront de la télévision au sauvetage en passant par le transport privé de luxe et la desserte de plates-formes pétrolières. Pour ce dernier type d’exploitation, c’est sous forme de location que PHI recevra ses deux appareils.

Une quarantaine de commandes ont été enregistrées. Les vendeurs ont donc encore fort à faire. En 2019 et 2020, Leonardo a livré 69 puis 48 exemplaires de l’AW139.

La première commande du gouvernement français est attendue prochainement. Elle doit comprendre 12 appareils construits comme des hélicoptères civils mais utilisés par des organes militaires. Dix seront destinés à la gendarmerie (pour une première livraison en 2023) et deux à la Direction générale de l’armement.

Dès le premier semestre 2022, la Marine nationale recevra une version recherche et sauvetage « légère » (SAR Light) en attendant la version militaire. La version SAR complète pourra être livrée – notamment à l’export – à partir de la fin de 2023, ajoute Bernard Fujarski.

Un contrat étatique est aussi en préparation dans le cadre du programme d’Hélicoptère Interarmées Léger (HIL). Cette version militaire est baptisée Guépard par les armées françaises. Le HIL emploiera des systèmes de mission et donc une avionique différents.

Le H160 inaugure une nouvelle organisation industrielle fondée sur des sous-ensembles principaux (« main component assembly » ou MCA) construits et testés avant de rejoindre la chaîne d’assemblage final à Marignane. « Nous en sommes à l’arrivée des MCA pour le septième H160 », note le directeur du programme.

Le fuselage central, dont le poste de pilotage, provient de l’usine de Donauwörth (Allemagne). La poutre de queue, y compris le rotor arrière, vient d’Albacete (Espagne). Rotor et boîte de transmission principale sont faits sur place à Marignane. Les pales viennent de l’usine de Dugny (Seine-Saint-Denis). Safran fournit les soutes avioniques et électriques, ainsi que les moteurs Arrano.

A Marignane, la chaîne d’assemblage final réemploie un hangar qui abritait auparavant celle du Dauphin. L’automatisation y a été développée avec, en particulier, des chariots filoguidés. En matière d’ergonomie, le progrès donne aux compagnons davantage d’accès « à hauteur » pour travailler confortablement : des plates-formes sont disposées autour des moteurs.

Airbus Helicopters a prévu d’accélérer la fabrication jusqu’à un appareil par mois au quatrième trimestre 2021 puis deux par mois courant 2022.

Thierry Dubois