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Industrie

A Méaulte, Stelia conjugue le futur au présent

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Gil Roy

Stélia est désormais armé pour répondre aux objectifs de cadence d’Airbus. En deux ans, le groupe a investi 70M€ à Méaulte (Somme) et a réalisé une augmentation de productivité de 15%. Il est en mesure de livrer 15 fuselages avant d’A320 par semaine et démontre au passage, que malgré ses robots, l’usine du futur a toujours besoin de l’humain comme en témoignent ses recrutements et son lycée privé.

Le 2 mars 2017, loin du tumulte stérile de la campagne pour l’élection présidentielle, le groupe Stélia a inauguré son nouveau bijou industriel. Pendant que les uns n’ont rien trouvé de mieux pour lutter contre « le déclin industriel français », que de promettre de taxer les robots, les autres entrent de plain-pied dans l’usine du futur… et recrutent.

Bientôt centenaire et toujours avant-gardiste

Le site Stelia de Méaulte, en Picardie, est le plus ancien du groupe. Il a été fondé en 1924. En toute logique politico-électoraliste, il ne devrait plus exister, terrassé par la mondialisation et son corolaire, les délocalisations. Et pourtant, il est bien là : 115.000 m2 de superficie de production, sur une surface totale de 49 hectares : 1.600 salariés. En 2016, 740 parties avant de fuselage ont été produites ici, et pas ailleurs.

Les 70 millions d’euros que le groupe Stélia a investis au cours des deux dernières années dans son usine historique garantissent que pour les décennies à venir, Airbus n’ira pas chercher, à l’extérieur, ce qu’il peut trouver ici.

Les parties avant de fuselages, une spécialité picarde

Stélia Aerospace met en oeuvre 35 robots et machines de rivetage automatique dans sa nouvelle usine de Méaulte. © Stélia Aerospace

A Méaulte, Stélia conçoit et produit les parties avant de fuselages pour l’ensemble de la famille Airbus, des pièces composites de grande dimension ainsi que des sous-ensembles spécifiques pour Airbus et pour Bombardier. L’investissement a porté sur l’organisation industrielle, l’organisation du travail et l’accompagnement du changement, notamment avec l’introduction de la digitalisation au sein des unités de production.
« Chaque programme avion est désormais regroupé dans un bâtiment unique, où toutes les équipes contributrices sont colocalisées, en lignes pulsées et/ou mobiles, permettant ainsi de réduire les cycles de production », explique Dominique Durand, le directeur du site. De nouveaux moyens de production sont mis en œuvre, notamment 35 robots et machines de rivetage automatique, ou encore des outils digitaux sur les postes de travail pour le pilotage de la production (Andon, Avance_Retard, 
Appel logistique). On y trouve aussi des fiches d’instruction en 3D sur tablettes tactiles et de la réalité augmentée pour les activités d’assemblage et le contrôle qualité.

15 fuselages avant par semaine

Trois lignes mobiles de production dédiées au programme A320 (au rythme de 2,5 cm/mn) 
permettent désormais la livraison de 15 fuselages avant / semaine. 
 « L’ensemble de ces outils et processus permet désormais une organisation industrielle plus efficiente ainsi que l’optimisation des flux et des performances », souligne le directeur du site qui assure que ce nouvel ensemble va permettre à Stélia « d’augmenter sa productivité de 15% et réduire de 20 à 30% ses cycles d’assemblage, alors même que 7.000 avions A320 ont déjà été livrés ».

Le changement accompagné

C’est un fait, Stélia n’est pas parti d’une feuille blanche pour imaginer et mettre en œuvre son usine du futur. Autrement dit, le challenge a été d’accompagner le changement. Un nouvel accord en termes d’horaires a été négocié. De nouvelles équipes support sur le terrain, ont été mises en place, au plus près des activités et des opérateurs. Bien évidemment, les formations au Lean manufacturing ont été multipliées. Et enfin, pendant la phase-test, le retour d’expérience était la règle.

Pour Stélia, l’Usine aéronautique du futur est aujourd’hui du concret qui doit lui permettre de répondre à un triple défi sur les années à venir. C’est d’abord la nécessité de réussir les montées en cadence imposées par ses clients, tout en répondant à leurs exigences croissantes de qualité et de respect des délais. C’est aussi le moyen de renforcer sa position sur le marché des aérostructures et de conquérir de nouveaux marchés ; la concurrence est sévère et de nouveaux acteurs pointent leur nez.

Emploi, formation et recherche

L’usine du futur est aussi un moyen, pour une entreprise qui se veut citoyenne, de pérenniser l’emploi sur ses sites historiques. 
A noter à ce propos que Stélia possède son propre lycée professionnel, le lycée Henri Potez qui fête en 2017 ses 70 ans d’existence. Le lycée Henry Potez forme des professionnels de l’aéronautique dans les filières suivantes :

  • CAP Réalisation en Chaudronnerie Industrielle (RCI)
  • Bac Pro Technicien Aéronautique, option Structures (en apprentissage pour la terminale)
  • CAP Composites et plastiques chaudronnés (spécialisation en un an, après le CAP RCI ou 
le Bac Pro). 
 « Il est abrité au sein de la plateforme d’innovation IndustriLab », précise Dominique Durand. « Il bénéficie à ce titre d’une infrastructure de haut niveau et des synergies offertes par cette plateforme régionale d’innovation ».

Stélia Aerospace va recruter une centaine de salariés à Méaulte en 2017, autant qu’en 2016. © Stélia Aerospace

La plateforme d’Innovation IndustriLab, implantée sur 9.000 m2, est contigüe au site Stélia. Elle a pour mission de stimuler l‘innovation et de faciliter le rapprochement entre le monde de la recherche et celui des entreprises, tout en enrichissant le dispositif de formation aux métiers de l’industrie. Le groupe y a investi plus de 5M€ en moyens industriels de pointe, notamment en robotique avancée. Il tourne notamment avec 25 ingénieurs et techniciens de recherche.

A Méaulte, l’usine du futur n’est pas une promesse de campagne, mais une réalité tangible. Dans le climat actuel, c’est aussi une bouffée d’oxygène…

Gil Roy

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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