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Industrie

Airbus et Rolls-Royce renoncent à faire voler l’hybride-électrique e-Fan X

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Gil Roy

Le démonstrateur d’avion hybride électrique e-Fan X apparaît comme l’une des premières victimes du Covid-19 dans le domaine de la recherche aéronautique menée par l’industrie. Trois ans après le lancement de ce programme et avant-même le premier vol, Airbus et Rolls-Royce jettent l’éponge.

Dans un ciel financier dégagé, le premier vol d’un démonstrateur hybride de la taille d’un avion de ligne aurait été du plus bel effet… médiatique. Mais vu la taille des cumulonimbus actuels, mieux vaut se contenter des premiers enseignements. L’e-Fan X ne volera pas en 2020 comme annoncé, ni même en 2021. Il ne volera jamais. Pour les industriels qui sont entrés dans une zone d’extrêmes turbulences pour une traversée qui risque d’être longue, il est urgent de resserrer les boulons.

Avant de penser développement durable, il faut sauver ce qui peut encore l’être. Guillaume Faury l’a clairement exprimé dans la lettre qu’il a adressée aux salariés du groupe qu’il préside : « La survie d’Airbus est en jeu si nous n’agissons pas maintenant. » Avec un accord parfait, Paul Stein, directeur Technique chez Rolls-Royce, et Grazia Vittadini, son homologue chez Airbus, ont annoncé sur leur site respectif l’arrêt du programme e-Fan X. Dans le nouveau contexte de crise, les deux partenaires vont devoir se contenter des acquis.

Au bilan, le motoriste britannique met en avant le développement d’un système de production d’énergie électrique hybride « à une échelle jamais vue » dans l’aéronautique. Il s’agit d’une turbine AE2100 couplée à un générateur de puissance de 2,5 MW de « la taille qu’un fut de bière ».

« Notre système de production d’énergie peut être et sera intégré dans tout futur avion développé nécessitant un système de propulsion hybride électrique, y compris un programme complet d’essais en vol pour s’assurer que toutes les exigences de sécurité de l’industrie sont respectées. », affirme Paul Stein, ajoutant que les essais sur banc se poursuivront à Trondheim (Norvège) avec l’utilisation de systèmes de contrôle et de gestion thermique développés à Derby et à Indianapolis.

Ce générateur de puissance fait partie des briques technologiques sur lesquelles les deux industriels entendent faire porter leurs efforts. « Au cours des trois dernières années, chaque étape franchie avec succès par E-Fan X nous a apporté de riches enseignements pour l’avenir », souligne de son côté, Grazia Vittadini. « Les architectures hybrides, les systèmes à haute tension et les batteries sont des briques technologiques indispensables pour plusieurs autres projets de démonstration dans le cadre de notre portefeuille plus large de R&T visant à diversifier les sources d’énergie. Nous continuerons à les développer et à les faire mûrir dans notre centre d’essai des systèmes d’avions électriques. »

En résumé, l’industrie ne renonce pas à son objectif de décarbonisation, mais il faudra être juste un peu plus patient.

Gil Roy

 

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Pourtant Airbus et Rolls Royce devrait continuer de plus belle ! Vu le nombre d avions "kérosenes" qui vont partir à la casse ! Il auraient utiliser une autre base que l Avro RJ 100 ! .un peu plus petit et beaucoup moins lourd ! Meme position ailes hautes , surtout un TAW au fuselage shape différent ! Et bien sûr hybride mais e/hydrogène ! Vous allez voir tous ceux étrangers qui vont infligth...!

  • Un engouement de debut vers une voie qui paraissait peut etre prometteuse mais qui
    piétine et qui sait si elle aboutira. .L histoire ne compte plus les scientifiques , les chercheurs , les ingénieurs qui se sont engouffres dans l erreur alors que d autres champs d action dans certains cas leurs tendaient peut etre les bras? Etait ce un mal necessaire? On peut philosopher.

  • Detournons l argent public dans des projets avorté au moment de tester le résultat!!
    Le E-fan a traversé la manche quelques jours après un pilote privé avec un Cricri amateur privé d'une valeur de moins de 20k€...
    Apres avoir dépensé 50 ou 70 millions d € du contribuable, abandont du project E-Fan...
    Finalement, Airbus a fait avec des dizaines de millions d euros ce que un privé a fait avec quelques milliers d'euros.
    Grand détournement de l argent public?
    Difficile a contredire...

    • Honte à qui ?
      - A ceux qui entreprennent, à l'échelle d'une petite équipe à d'une grande entreprise, mais qui ont tous la volonté de bâtir l'offre de demain ? (notre poids économique et nos Jobs)
      - A celui qui obstinément se positionne en observateur souvent à la limite de la jalousie ou de la contrariété ?
      Nous oublions aujourd'hui que la grande masse des utilisateurs du web conscent à passer pour un produit cible, devenir un pouième du pouvoir ultime des sociétés mondiales les plus valorisées de l'époque.
      Connaissant en détail chacun de nos profils, ces sociétés sont devenues les plus influentes, soit au travers de leur poids économique, soit par leur pouvoir d'influence, choix politques compris.
      Et ça ne pose aucun problème à ce spectateur grognon, qui vilipende l'investissement de nos entreprises françaises, qui engloutissent "des milliards" pour se lancer. Par contre nous utilisons "gratuitement" des services qui pompent par ailleurs dans nos porte-monnaies, sans râler ?!?.
      Pour mémoire, ce sont ces mêmes boites qui ont fait la plus value alors que le Covid-19 va faire tomber tant de petites entreprises locales...
      Je vous invite à réfléchir aux vraies causes, au futur que nous voulons et aux sujets de révoltes...
      Honte à ...? Permettez-moi de ne pas juger à votre place.

    • Il faut peut-être comparer ce qui est comparable. D'un coté un cri-cri qui restera unique et dont la motorisation est difficilement transposable à une autre machine, de l'autre un banc d'essai volant dont le but est avant tout d'étudier des hypothèses et des solutions. Que ces deux machines aient traversé la manche est tout à fait anecdotique... L'important est que leurs créateurs respectifs y aient retrouvé leur compte. La com ne doit pas faire oublier les finalités de départ.

  • Airbus a raison de se montrer prudent pour l'avenir. Personne n'est aujourd'hui capable de dire ce que sera réellement la crise du covid, ni combien de temps elle durera. Tout ce que nous savons aujourd'hui, c'est qu'il n'y a pas de vaccin, pas de médicaments pour le soigner, pas d'immunité de groupe et une probable réinfection. Si les choses restent en l'état, notre mode de vie avec des déplacements mondiaux faciles aura vécu, et les moyens de transport aussi. Mais il reste le travail de recherche effectué, qui lui n'est pas perdu pour un avenir possible mais pas certain. Quand Penaud au 19° siècle a inventé le train d’atterrissage rentrant, l'hélice à pas variable et les volets hypersustentateurs, tout le monde s'en foutait... Mais il avait raison.

  • Bravo, Messieurs !
    Vous avez plus de bon sens que les managers, la direction technique et les ingénieurs R&D d’Airbus et cela ne m’étonne pas.
    Le carcan du paradigme de l'énergie verte leur ôte tout discernement et, comme je l’annonçais - pour d’autres raisons - il y a trois ans s’agissant de l’A380, les projets d’avions commerciaux de transport à propulsion hybride finiront dans les rêves d’Icare !
    Certains de vos commentaires sont d’une justesse imparable et le Covid-19, comme pour d’autres projets, à bon dos. Airbus a du mouron à se faire...

  • Si on veut un monde un peu durable il faut réduire l'activité humaine il n'y a rien d'autre à faire, mais ce serait tellement douloureux qu'on ne fera rien et le business reprendra as usual comme on dit jusqu'au moment où le climat et son changement stoppera tout ça bien plus efficacement que le coronavirus. Quand je vois ce qu'on a fait de l'aviation ça m'horripile, la règle du moins disant lancé par les O'Leary qui au passage coûte tout autant aux contribuables que les cies nationales, ces gens qui partent en vacance à l'autre bout du monde alors qu'ils ne connaissent même pas la richesse de leur pays.. St Ex disait que le monde futur de robot l'épouvantait, il avait sans doute raison.

  • Excellent. Le précédent (É-fan) avait été enterré pareillement et ils avaient gardé les 50M€ de subventions. Pour celui la, combien de subventions ?

    Finalement l’électrique est une affaire rentable. On fait un projet PowerPoint, on touche des subventions et ensuite on trouve un prétexte pour ne pas faire aboutir le projet (dans les cas les plus difficiles, il brûle et le tour est joué).

    Quand est-ce qu’on redescend sur terre et qu’on arrête de gâcher l’argent public ?

    Voler avec un bilan carbone nul ? Les biocarburants font ça très bien. Les bresiliens font voler leurs avions d’épandage (Moteurs piston lycoming) à l’éthanol depuis plus de 20 ans, et moyennant adaptations mineures on peut brûler à peu près n’importe quoi dans un reacteur, de l’huile d’arachide au méthane des déjections porcines...

    Mais c’est moins glamour et ce sera plus difficile d’avoir des subventions pour ça...

    • "Les biocarburants font ça très bien. Les brésiliens font voler leurs avions d’épandage ..."
      Au Brésil, avec un Bolsonaro négationniste sur le climat, l'environnement, le COVID et on en passe, une déforestation sévère pour faire produire de l'huile de palme et autres joyeusetés.

  • Comment l'entrainement d'un alternateur réduit-il la consommation de kérosène de la turbine en conservant la même traction car je suppose qu'il ne s'agit plus d'un réacteur mais d'une hélice carénée qui sera parfois entrainée par un moteur électrique ?

  • Si un projet de recherche européen est abandonnée par les contractants, je pense que les résultats intermédiaires devraient rentrer dans le domaine publique. Et d autant plus qu'ici
    Une part non négligeable des études et développement a été réalisée par les filiales US de Rolls Royce.

  • 2,5 MW font près de 3000 CV , c' est pour un disons Twin otter , le 1/4 du Bae146 , néanmoins ce dernier était qualifié de meilleur trimoteur en exploitation ...!

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