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Industrie

Boeing dans la crise de la certification

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Louis Kulicka

Boeing a perdu la confiance de la Federal Aviation Administration. Entre les retards accumulés dans les livraisons de 737 MAX, les difficultés à régler les problèmes du 787 et un nouveau report du programme 777X, les conséquences de la défiance de la FAA vis-à-vis de Boeing sont multiples. Ses comptes trimestriels s’en ressentent.

Au 1er trimestre 2022, Boeing a réalisé un chiffre d’affaires de 14 milliards de dollars, en recul de plus de 1 milliard par rapport au chiffre d’affaires 2021. Le résultat s’en ressent avec une perte de 1,2 milliards de dollars, à comparer avec celle de 2021 pour la même période qui était de 0,6 milliards de dollars. Elle est à rapprocher des 4,3 milliards de dollars de perte pour l’exercice 2021 entier.

Comme nous l’avions vu précédemment, Boeing s’était constitué à grands frais (financiers) une confortable trésorerie afin de faire face aux échéances. Alors que son endettement (colossal) n’a que peu varié, sa trésorerie disponible ou quasi disponible (placements court terme + liquidités) a diminué d’un quart de 16,2 à 12,2 milliards de dollars. Cela s’explique notamment par l’augmentation des stocks d’avions non livrés d’un milliard de dollars par rapport à la fin 2021.

La FAA reprend la main

Dans une lettre du 18 novembre 2021, le président de la commission des transports de la chambre des représentants des USA, Peter de Fazio demandait au ministère des transports de réaliser un audit de la FAA  (Federal Aviation Administration) afin de déterminer si elle effectuait correctement ses tâches principales, si elle était dotée des moyens suffisants, et si ses processus permettait l’identification des problèmes de production. Quelques mois plus tard, Boeing se trouve face à ce que l’on pourrait appeler la crise de la certification.

Quand un fabricant d’avion créé un nouveau modèle, il doit se plier à un ensemble de procédures démontrant que le nouvel appareil est conforme à un certain nombre de normes le concernant. Il obtient alors ce que l’on appelle son « certificat de navigabililté de type».  Ensuite, chaque aéronef produit doit être déclaré conforme au « type certifié », cette procédure étant souvent déléguée au constructeur. La FAA sous la pression de la commission des transports a retiré à Boeing sa délégation de pouvoir de déclaration de « conformité du type ». Comme le signale Dominique Gates dans le Seattle Times daté du 15 février 2022, la FAA désormais inspecte elle-même chaque appareil produit, que ce soit un 737 Max ou un 787 Dreamliner afin de vérifier qu’il est bien conforme au spécimen certifié.

Cela a pour conséquence de retarder la livraison au client pour le 737 Max, et pour le 787 dont les livraisons sont arrêtées d’augmenter les stocks ce qui a un coût.

Boeing continue de s’enfoncer en 2022

Ce retard de certification de chaque appareil produit des conséquences sur les finances de l’entreprise. Boeing ne perçoit l’essentiel du chiffre d’affaires que lors des livraisons. Plus les livraisons sont retardées, et moins l’argent rentre dans les caisses de Boeing. Dans le cas du 787, le coût de l’arrêt des livraisons, selon l’article précité se monterait en cumulé à 5,5 milliards de dollars, alors que les appareils s’entassent dans les hangars, attendant la correction d’un ensemble de défauts. Pour le 737 Max, il y a bien des livraisons, mais elles sont ralenties par les inspections de la FAA pour l’obtention du certificat de navigabilité. Tout autant de clients découragés qui se tourneront tôt ou tard vers la concurrence.

Tout explique les mauvais résultats de Boeing du 1er trimestre 2022. Les marchés, désormais en phase avec la situation économique réelle de Boeing, montrent une baisse du cours de l’action de presque 40% sur un an. Le 1er mars 2019, l’action Boeing valait 440 dollars, elle n’en vaut plus que 150 le 3 mai 2022.

Louis Kulicka

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Louis Kulicka

Il a commencé sa carrière aéronautique comme vélivole. Depuis une vingtaine d'années, il est aéromodéliste : il conçoit ses propres planeurs ensuite construits en matériaux composites. Ayant une formation en gestion finance, il réalise pour Aérobuzz des chroniques financières sur les constructeurs aéronautiques.

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