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Industrie

[Rétro 2020] L’aéronautique accélère sa transition énergétique

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Gilles Rosenberger

La vision diffusée dans le grand public d’un transport aérien nuisible à la planète est venue s’ajouter au drame de l’arrêt des économies occidentales sous l’effet de la covid-19. L’industrie aéronautique a péché par absence de bonne communication auprès du grand public.

Une bonne partie de l’année écoulée a mobilisé la communauté aéronautique autour de la part de l’empreinte environnementale du transport aérien. Les chiffres de synthèse datent de 2015 (GIEC) et donnent 2 % du CO2, soit 1.5% des gaz à effet de serre. Depuis de nombreuses études sont venues compléter cette valeur avec des coefficients multiplicateurs dont certains sont sérieux et d’autres beaucoup moins. Mais quelque soit la valeur retenue (entre 3 et 5%), elle est trop importante et la situation nous enjoint de réagir.

Car le problème n’est pas (que) là : le public a fini par comprendre que même si les technologies permettent des gains de 2 à 3% par an, quand le marché croit de 5%, la dérivée part dans le mauvais sens. Le transport aérien victime (collatérale) de son succès !

L’année 2020 avait commencé sous l’annonce (en décembre 2019) par Air France que tous ses vols domestiques allaient être compensés en CO2, en finançant des projets de puits de carbone (pour capturer et conserver le CO2 déjà émis) et notamment des projets forestiers.

Centrée sur les vols domestiques, l’initiative d’Air France ne concernait que 20% des émissions. La crise a changé les priorités et on n’en a plus entendu parlé.

La réaction de l’industrie a globalement tardé à venir. Elle a laissé la place à quelques dizaines de militants accompagnés de reporters (parfois plus nombreux que les militants) qui envahirent les pistes de plusieurs aéroports (même à Orly, défendu par vigipirate !) pour dénoncer un plan d’aide à l’aéronautique (15 milliards d’euros) sans contreparties environnementales.

Actons que les banderoles étaient remisées quand les évacuations sanitaires pour la covid, mobilisèrent ces mêmes aéroports…

Mais la désaffection était déjà plus profonde et moins visible. Fin 2019, un sondage mondial IPSOS-EDF (24.000 personnes sondées, 30 pays, 5 continents, représentatif des 2/3 de la population mondiale !) mettait en évidence que 20 % des sondés envisageaient réduire leurs déplacements en avion pour des raisons environnementales. Et ce, même en Asie !

Airbus et Safran ont alors finalement communiqué sur leurs feuilles de routes respectives.

Pour Airbus le vol court et moyen-courrier sera propulsé à l’hydrogène avec des solutions hybrides (turbines et piles à combustibles). Pour Safran, le salut viendra de carburants durables (produits à partir de CO2 capté par des bactéries ou des algues). Dans les deux cas, la question des volumes disponibles de ces nouveaux carburants est préoccupante. En même temps que celle du prix. Et elle reste ouverte. Les grands acteurs Européens semblent bien plus attentifs à cette question (Rolls-Royce porte aussi une forte initiative électrique) tandis qu’aux USA, Boeing, GE ou PW semblent bien silencieux.

Les perspectives de développement du nouveau marché de la mobilité urbaine aérienne (les eVTOL) génèrent à la fois le doute d’une partie des observateurs et les investissements massifs de la « vieille industrie automobile ».

Dans le courant de 2020, le montant cumulé des investissements sur ces projets d’eVTOL, par Toyota, Hyundai, Geely, Subaru, Daimler et Volvo frise le milliard de dollars. Complétés par les tycoons de la Silicon Valley, fondateurs d’Amazon, Google, Intel, Yahoo et autres Pinterest.

Il est à craindre que ces programmes pourraient ne pas déboucher sur des produits largement commercialisés. Le risque est perçu et il est assumé. Mais l’idée persiste que tant d’argent (a peu près) correctement canalisé permet toujours de construire la génération suivante de produits. L’approche est américaine. Mais nous, européens avons le souvenir d’une start up qui, dans les années 60, avait dépensé des milliards sans réussir à déboucher commercialement ; elle permis toutefois d’ouvrir de nombreuses technologies. Son nom était Concorde.

Gilles Rosenberger

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Gilles Rosenberger

Gilles Rosenberger se définit comme ingénieur, pilote (aile delta, planeur et avion monomoteur) et entrepreneur. Expert de la Nouvelle Aviation, il est un observateur avisé et bien informé des développements des nouvelles technologies et usages qui devront nous permettre de “voler moins carboné”. Il a construit son expérience et son expertise dans des sociétés telles que Socata, Aircelle, Safran, GECI-Skylander, Thales, Airbus-Voltair, Faraday Aerospace et Time To Fly.

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